Chroniques des lecteurs
Chronique par
Bibliothécaire 477761
Un très beau travail de la langue couplé à un texte extrêmement documenté, pour une histoire qui m'a tenue en haleine de bout en bout. Ce n'est pas un énième roman sur la Shoah, c'est une quête incroyable, éprouvante autant qu'émouvante, qui noie le cœur autant qu'elle nourrit la colère.
Il s'agit ici de retrouver les propriétaires des "reliques de l'enfer" (une poupée, un médaillon, une lettre...) ceux d'hier mais aussi ceux d'aujourd'hui, les descendantes et descendants de personnes assassinées par les nazis. Derrière l'épaule d'Irène, enquêtrice de l'International Tracing Service (Arolsen Archives dans la réalité), nous assistons incrédule, puis passionné, à un travail de fourmi qui interroge à chaque étape de son avancée.
Du point de vue de l'humain tout d'abord , puisqu'on ne peut prédire les conséquences de ce qui a été mis à jour pour les descendants. Pourquoi transmettre aux vivants les traces d'un passé qui réanime la douleur de l'absence, de la perte ? Faut-il dire toute la vérité lorsqu'elle modifie la légende familiale ? Faut-il révéler des secrets de famille dont on détient les preuves ?
En partageant les pensée d'Irène, ses doutes et ses hésitations, ses hypothèses, ses rencontres, les scènes du passé qu'elle imagine lorsque de nouveaux indices redessinent les événements qu'elle reconstitue petit à petit, l'émotion est grande, et la démarche prend tout son sens.
Du point de vue de l'histoire ensuite, car la transmission de la vérité, de ses traces, se heurte, hier comme aujourd'hui à des résistances. Sur ce point, bien que beaucoup ait été dit, on est encore surpris de découvrir combien les intérêts économiques et le mépris des victimes ont irrigué les décisions concernant la préservation des preuves de la Shoah et les actions de réparation. Les complaisances qui entravent celles et ceux qui cherchent et protègent la vérité, en creusant dans les traces archivées et récoltées au sortir de la deuxième guerre mondiale sont bien réelles et indignes.
Irène n'est pas seulement une enquêtrice tenace travaillée par des questions morales. Elle est aussi une mère, l'ex-épouse d'un allemand dont l'histoire familiale rejoint la grande histoire, l'amie d'anciens déportés bien silencieux, une professionnelle soutenue par des collègues talentueux... Un personnage presque banal, solitaire, parfois débordé, un être humain relié à d'autres par des liens d'amour et d'amitié, qui ressent en miroir des destins brisés qu'elle "éclaircit", la fragilité de sa vie pourtant ordinaire.
Anne le Coutour porte avec sensibilité et une belle diction cette histoire de grande qualité à nos oreilles.
Un livre audio que je recommande particulièrement car il peut être plus facile parfois, compte tenu du foisonnement des personnages, d'écouter cette histoire plutôt que de la lire.
Merci à NetGalley et Audiolib pour cette écoute.
Merci à Gaëlle Nohant pour ce roman magnifique, qui démontre, entre autres, combien les crimes de guerre et la déshumanisation des personnes sont des fléaux.
Il s'agit ici de retrouver les propriétaires des "reliques de l'enfer" (une poupée, un médaillon, une lettre...) ceux d'hier mais aussi ceux d'aujourd'hui, les descendantes et descendants de personnes assassinées par les nazis. Derrière l'épaule d'Irène, enquêtrice de l'International Tracing Service (Arolsen Archives dans la réalité), nous assistons incrédule, puis passionné, à un travail de fourmi qui interroge à chaque étape de son avancée.
Du point de vue de l'humain tout d'abord , puisqu'on ne peut prédire les conséquences de ce qui a été mis à jour pour les descendants. Pourquoi transmettre aux vivants les traces d'un passé qui réanime la douleur de l'absence, de la perte ? Faut-il dire toute la vérité lorsqu'elle modifie la légende familiale ? Faut-il révéler des secrets de famille dont on détient les preuves ?
En partageant les pensée d'Irène, ses doutes et ses hésitations, ses hypothèses, ses rencontres, les scènes du passé qu'elle imagine lorsque de nouveaux indices redessinent les événements qu'elle reconstitue petit à petit, l'émotion est grande, et la démarche prend tout son sens.
Du point de vue de l'histoire ensuite, car la transmission de la vérité, de ses traces, se heurte, hier comme aujourd'hui à des résistances. Sur ce point, bien que beaucoup ait été dit, on est encore surpris de découvrir combien les intérêts économiques et le mépris des victimes ont irrigué les décisions concernant la préservation des preuves de la Shoah et les actions de réparation. Les complaisances qui entravent celles et ceux qui cherchent et protègent la vérité, en creusant dans les traces archivées et récoltées au sortir de la deuxième guerre mondiale sont bien réelles et indignes.
Irène n'est pas seulement une enquêtrice tenace travaillée par des questions morales. Elle est aussi une mère, l'ex-épouse d'un allemand dont l'histoire familiale rejoint la grande histoire, l'amie d'anciens déportés bien silencieux, une professionnelle soutenue par des collègues talentueux... Un personnage presque banal, solitaire, parfois débordé, un être humain relié à d'autres par des liens d'amour et d'amitié, qui ressent en miroir des destins brisés qu'elle "éclaircit", la fragilité de sa vie pourtant ordinaire.
Anne le Coutour porte avec sensibilité et une belle diction cette histoire de grande qualité à nos oreilles.
Un livre audio que je recommande particulièrement car il peut être plus facile parfois, compte tenu du foisonnement des personnages, d'écouter cette histoire plutôt que de la lire.
Merci à NetGalley et Audiolib pour cette écoute.
Merci à Gaëlle Nohant pour ce roman magnifique, qui démontre, entre autres, combien les crimes de guerre et la déshumanisation des personnes sont des fléaux.