Étienne de Silhouette

Le ministre banni de l'histoire de France

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Date de parution 11 janv. 2018 | Archivage 11 févr. 2018
La Découverte | Cahiers libres

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Résumé

Si la postérité a boudé Étienne de Silhouette, la langue française a retenu son patronyme, passé dans l’usage commun, qui désigna d’abord un portrait dessiné de profil. Derrière cette « silhouette » monochrome, se cache pourtant un homme haut en couleur.

Grand voyageur, écrivain, espion, homme d’État, Étienne de Silhouette fut l’un des hommes les plus connus de son temps. Alors que rien ne le prédestinait à atteindre les sommets du pouvoir, ce brillant philosophe des Lumières, lecteur de Confucius, traducteur de Pope, protégé de madame de Pompadour, deviendra ministre des Finances de Louis XV. Nous sommes en 1759, trente ans avant la Révolution française. Tandis que le peuple, accablé sous les impôts, est en proie à la famine, la politique lancée par Étienne de Silhouette va ébranler Versailles. Aussitôt aux affaires, le nouvel homme fort de l’État n’hésite pas, en effet, à taxer très lourdement les privilégiés afin de soulager les indigents. On ne lui pardonnera jamais pareil affront. Ridiculisé, évincé, calomnié : rien ne sera épargné à celui qui réunit contre lui la noblesse, la finance et le parti dévot qui tentent de le bannir de l’histoire de France.

Cette biographie enlevée, qui s’appuie sur de nombreux documents d’époque, redonne vie à ce personnage d’exception, et rend justice à son audacieuse politique égalitaire.

Si la postérité a boudé Étienne de Silhouette, la langue française a retenu son patronyme, passé dans l’usage commun, qui désigna d’abord un portrait dessiné de profil. Derrière cette « silhouette...


Note de l'éditeur

>>> Sortie du livre en version papier et numérique le 11 janvier 2018.

>>> Sortie du livre en version papier et numérique le 11 janvier 2018.


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Le crime de ce fin lettré, éduqué chez les Jésuites, « l'un des hommes les plus célèbres de France » ? S'en prendre aux nantis « afin de soulager le peuple, victime de famines et accablé d'impôts », comme le rappelle cette formidable biographie. Écrite dans un style enlevé et très documentée, elle réhabilite ce « philosophe humaniste », conscient de la « nécessité de rééquilibrer les richesses au sein de la société ». [...] La noblesse, les financiers et les dévots montent une cabale contre lui. Point de postérité pour celui qui, trente ans avant la Révolution, prophétisa son avènement. Il n'est pas trop tard...

31/01/2018 - Delphine Peras - L'Express

 

Sous Louis XV, Étienne de Silhouette est devenu un nom commun. Thierry Maugenest tire brillamment le portrait de ce ministre pas banal.
Imaginez un ministre des Finances qui réduirait les impôts des plus nécessiteux et taxerait les riches. Un beau sujet de roman penserez-vous ! Et pourtant un tel personnage a véritablement existé. […] On aurait pu lui élever des statues. Il n’eut qu’une esquisse. La noblesse les financiers et les dévots le détestèrent. Ils décidèrent que de lui il ne resterait qu'un nom et ce nom serait commun. En 1788, il entre dans le dictionnaire et sort de I’histoire. Une rue le rappelle à Limoges sa ville natale. C'est une impasse.

08/12/2017 - Laurent Lemire - Livres Hebdo

Le crime de ce fin lettré, éduqué chez les Jésuites, « l'un des hommes les plus célèbres de France » ? S'en prendre aux nantis « afin de soulager le peuple, victime de famines et accablé d'impôts...


Formats disponibles

FORMAT Ebook
ISBN 9782707199881
PRIX 12,99 € (EUR)

Chroniques partagées sur la page du titre

Avant de devenir un nom commun, silhouette fut le nom d’un homme qui occupa le poste de ministre des finances en 1759. Il entreprit de lancer des réformes qui visaient avant tout à soulager le peuple du poids intolérable des impôts pesant sur lui, en taxant ceux qui détenaient les biens. Malheureusement, l’opposition de la noblesse ne fut pas le seul obstacle qu’Etienne de Silhouette rencontra. La guerre en cours engloutissait en effet dans la foulée les recettes engrangées. Le ministre finit par être démis de ses fonctions, banni des affaires publiques et, à plus long terme, de la postérité.
L’ouvrage de Thierry Maugenest exhume ainsi une figure de notre histoire qu’il est dommage d’avoir occultée. Il nous rappelle au passage que la monarchie française, si elle avait été plus avisée en écoutant ce type de conseiller, aurait pu s’amender et se pérenniser, au lieu de foncer droit dans le mur. Il évoque aussi des éléments capitaux de toute la première partie du 18ème siècle : la mini-période glaciaire de 1709, année de naissance d’Etienne de Silhouette, et les nombreux hivers rigoureux qu’a connus sa génération, avec pour corollaires des récoltes compromises et la famine parmi le peuple ; la désastreuse guerre dite de sept ans, qui mena la France à la débâcle en ruinant ses prétentions aux conquêtes extérieures, tandis que l’Angleterre affirmait la puissance de son empire (en Amérique du Nord et en Inde en particulier).
Tous ces éléments enrichissent et éclairent cet essai biographique qui a le mérite, en quelques deux cents pages, d’aller à l’essentiel. L’auteur s’intéresse d’abord aux années d’apprentissage d’Etienne de Silhouette. On y découvre un jeune homme qu’on qualifierait maintenant de surdoué. Etudes classiques menées brillamment et tambour battant, complétées par le fameux « Grand Tour » européen. Celui-ci lui permet d’engranger des tonnes d’observations diverses, sur l’art, l’économie et la politique des pays visités, lesquelles feront l’objet d’une publication sous forme d’essai en quatre volumes. C’est aussi l’occasion pour le jeune homme de nouer des relations utiles pour sa carrière à venir.
Convaincu que le bien commun doit être le souci de tout gouvernement, Silhouette a rapidement idée de la manière dont il conviendrait de procéder pour rétablir en France la confiance que le peuple perd en son roi. Mais il sait aussi que, parce qu’il est issu de la petite noblesse, il doit se faire un nom s’il veut espérer un jour parvenir au pouvoir, pour y mettre ses idées en application. Ses écrits lui permettre de se distinguer comme lettré, apprécié des esprits de son temps et il n’hésite pas à faire parler de lui en suscitant la controverse.
Etienne de Silhouette aura cinquante ans lorsqu’il sera nommé ministre des finances. L’auteur survole rapidement (et c’est très bien car cela évite d’alourdir le propos, ce que n’aurait pas manqué de faire une biographie exhaustive) les fonctions qu’il occupe jusque-là. Il souligne cependant qu’il a passé de nombreuses années en Angleterre, dans une banque puis à l’ambassade. Ses rapports réguliers à Versailles, concernant en particulier les forces militaires sur place, sont très appréciés.
On regrettera, comme l’auteur, que Silhouette ne se soit jamais dévoilé personnellement, dans ses écrits ou dans des lettres. L’image qu’il donne, y compris dans sa jeunesse, est celle d’un personnage foncièrement droit mais qui paraissait fort austère. Il sera marié à une épouse de 14 ans plus jeune que lui, décédée à quarante-deux ans sans qu’ils aient eu d’enfants.
Evincé de son poste de ministre, Etienne de Silhouette sera ensuite l’objet d’une cabale qui mêlera dénigrement et art de tourner en ridicule, comme l’époque savait si bien le faire. De « l’habit à la silhouette », dépourvu de toute poche puisqu’on n’a plus d’argent à y mettre, à la silhouette tout court, le nom d’un homme est ainsi progressivement effacé de la mémoire collective. On ne peut que remercier Thierry Maugenest d’avoir voulu l’y réinscrire !

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