Délicieuse

Le couple idéal que formaient Martha et Raph Delombre n’est plus. Il s’est éteint un soir d’hiver lorsque Raph a annoncé à Martha qu’il la quittait pour une femme plus jeune, plus fraîche, plus appétissante qu’elle. D’abord sous le choc, comme éteinte, Martha décide de réagir. Elle psychologue criminelle, habituée à entendre les pires confidences sous le sceau du secret entre dans la lumière en livrant ses confessions sur Internet. C’est face caméra, devant les reliefs d’un repas qu’elle s’adresse à son ex-compagnon ainsi qu’à des milliers de spectateurs. Pris en otages par cette femme terrible dans sa souffrance, ils assistent à la mise à nue de son âme, jusqu’à la tragédie que l’on pressent inévitable. Elle ne cache rien de ses souffrances, sa colère et son désir de vengeance, elle convoque pour nous des mythes antiques où planent les esprits de vengeance et les scènes de dévoration qui inexorablement conduisent son récit à son dénouement. Dans les champs lexicaux (celui de la nourriture et de la lumière entre autres) que Marie Neuser place dans le discours de son héroïne, nous sentons que la fin sera atroce mais hypnotisés nous suivons Martha vers l’abîme, compatissant à sa douleur. L’auteur démontre que rien en ce monde n’est plus dangereux qu’une femme bafouée.