Trois fois la fin du monde
par Sophie Divry
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Date de parution 23 août 2018 | Archivage 30 sept. 2018
Noir sur Blanc | Notabilia
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Résumé
Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce cauchemar s’arrête. Une explosion nucléaire lui permet d’échapper à cet enfer. Joseph se cacheau dans la zone interdite. Poussé par un désir de solitude absolue, il s’installe dans une ferme désertée. Là, le temps s’arrête, il se construit une nouvelle vie avec un mouton et un chat, au cœur d’une nature qui le fascine.
Trois fois la fin du monde est une expérience de pensée, une ode envoûtante à la nature, l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu'à la folie dans son îlot mental. L’écriture d’une force poétique remarquable, une tension permanente et une justesse psychologique saisissante rendent ce roman crépusculaire impressionnant de maîtrise.
« Au bout d’un temps infini, le greffier dit que c’est bon, tout est en règle, que la fouille est terminée. Il ôte ses gants et les jette avec répugnance dans une corbeille. Je peux enfin cacher ma nudité. Mais je ne rhabille plus le même homme qu’une heure auparavant. »
Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce...
Ils recommandent !
« Parce qu’elle est novatrice, ambitieuse et généreuse, l’œuvre de Sophie Divry est à découvrir sans condition. »
Estelle Lenartowicz, L’Express
« Les romans de Sophie Divry, si spectaculairement différents les uns des autres, font souffler un air revigorant sur la scène littéraire. »
Raphaëlle Leyris, Le Monde
« Parce qu’elle est novatrice, ambitieuse et généreuse, l’œuvre de Sophie Divry est à découvrir sans condition. »
Estelle Lenartowicz, L’Express
« Les romans de Sophie Divry, si spectaculairement...
Formats disponibles
FORMAT | Grand Format |
ISBN | 9782882505286 |
PRIX | 16,00 € (EUR) |
Vos liens
Chroniques partagées sur la page du titre
Lorsque Joseph se retrouve en prison pour un braquage qui a mal tourné, son monde s'écroule : lui, le gentil gars de banlieue découvre la violence, l'humiliation, la manipulation, la haine, la survie dans ce milieu où seuls les plus forts tirent leur épingle du jeu. Après trois ans dans cet enfer, il parvient à s'échapper à la faveur d'une explosion nucléaire qui décime la population. Seul, errant, il se réfugie dans la zone contaminée désertée et jouit enfin d'une solitude qu'il appelait de ses voeux. Sorte de Robinson Crusoé post-apocalyptique, il redécouvre une vie simple, tranquille, au rythme de la nature et des animaux. Sophie Divry continue de nous surprendre avec ce roman percutant, dont l'écriture forte et pleine de poésie creuse l'âme humaine pour en exposer les rouages, entre ombre et lumière, violence et tendresse, recherche de la solitude et folie d'être seul.
Un jeune gars de banlieue, Joseph Kamal, se retrouve à la fois sans famille et emprisonné. Son frère a été abattu lors du braquage où lui même a été arrêté. Joseph n’a rien d’un récidiviste, il découvre l’univers carcéral, et le lecteur avec lui. J’avoue que je ne m’attendais pas à un tel début, avec une sensation d’enfermement, d’étouffement, puissamment rendue par les mots. Puis un événement, d’origine nucléaire, rapidement évoqué, précipite Joseph dans un monde radicalement différent. Il se retrouve en effet seul dans une zone contaminée, la majorité de la population étant morte des suites des radiations, sauf une faible minorité dont il fait partie. Il pourrait choisir de rejoindre la zone protégée, mais préfère s’installer dans un hameau vidé de ses habitants. La sensation de solitude qui suit la promiscuité carcérale est d’autant plus forte, une solitude qui n’est pas choisie, mais qui arrange bien Joseph après l’inhumanité de la prison, et la peur que lui inspiraient ses codétenus.
Joseph n’est pas vraiment un manuel, ni quelqu’un de proche de la nature, il doit apprendre tous les gestes, se documenter pour connaître ce qui l’entoure, s’adapter à la région où il est réfugié. Les évocations de la nature et des saisons ne sont peut-être pas le point fort de l’auteure, mais elle sait parfaitement se mettre à la place du personnage et dans ses pensées, faire ressentir ce qu’il ressent, pousser à imaginer ce qu’on ferait à sa place, comment on appréhenderait l’environnement, les plantes, les animaux…
Sophie Divry montre en écrivant ce roman, comme avec ses précédents, qu’il est possible de raconter une histoire en s’attachant aussi à la forme même du roman. En trois parties, correspondant, si on veut, aux trois fins du monde du titre, elle nous emmène dans un univers radicalement différent de celui de ses autres romans, dans un style bien distinct aussi, avec des passages du « il » au « je » qui rythment le texte.
Elle dit dans une interview avoir lu et été inspirée par Le mur invisible de Marlène Haushofer ou La petite lumière d’Antonio Moresco plus que par Robinson Crusoé. Comme dans ces romans, c’est de solitude qu’il s’agit, et de se créer un univers qui soit vivable lorsqu’on est seul. Mais tout d’abord, l’être humain est-il adapté à la solitude ? Dans l’atmosphère d’inquiétude concernant le futur qui est celle de notre époque, les romans traitant de survie solitaire sont nombreux, et celui-ci y a toute sa place, et se révèle passionnant jusqu’à la dernière ligne.
Sophie Divry signe ici un texte puissant et vibrant autour de la violence humaine, et de la beauté hypnotique de la nature.
Jeune vingtenaire sans histoires, Joseph suit son frère délinquant dans un braquage, dont l'issue est dramatique : son frère meurt sous les balles, et il se retrouve incarcéré. Passé le choc de sa nouvelle vie, commence pour lui une série de violences et d'humiliations qu’il subit aussi bien par ses co-détenus que par les surveillants, et dont il ne sortira pas indemne. Une opportunité plutôt singulière ( un accident nucléaire contre lequel il semble immunisé) lui permet de s'enfuir et de refaire sa vie seul, au beau milieu de la nature libérée des humains. Retiré, entouré d'un chat et d'un mouton, il redécouvre le miracle de la vie et des cycles saisonniers, tout en luttant pour survivre.
Le mythe de Robinson n'est pas bien loin, et la diversité des styles d'écriture et des points de vue narratifs déployés par l'auteure nous permet de plonger au cœur de la psyché de Joseph. Un livre saisissant.
"Faut pas mollir. Organiser son temps. Avoir son propre règlement, que celui des Bleus ne soit plus le seul à s'imposer. Curieusement, au lieu de nous contraindre plus, cela nous garantit de la liberté, ou quelque chose d'approchant."
Un seul personnage principal , Joseph Kamal, va connaître Trois fois la fin du monde. La première en étant incarcéré pour la première fois de sa vie en prison où il fera l'expérience d'une communauté imposée et n'aspirera qu'à la solitude. La deuxième, quand à l'issue d'une Catastrophe, indéterminée, il fera partie des survivants et mettra à profit les acquis de la prison. La dernière, quand il se retrouvera seul dans la nature à rechercher la compagnie des animaux pour ressentir à nouveau des émotions et des sentiments.
N'étant guère friande ni de romans carcéraux ni de romans évoquant la fin du monde , je me suis pourtant régalée du début à la fin de ce roman de Sophie Divry, la présentation et la citation mise en exergue me donnant comme boussole" l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu'à la folie dans son îlot mental". C'est donc avec enthousiasme que j'ai lu ce roman, établissant sans cesse des comparaison avec les textes de Defoe et/ou de Michel Tournier. Quant à la dernière partie, elle a tout de suite fait écho à un texte clairement revendiqué comme source d'inspiration par l'auteure, à savoir Le mur invisible de Marlen Haushofer.
Évoquant le thème de la solitude recherchée ou subie, Trois fois la fin du monde montre qu'une fois de plus Sophie Divry a su se renouveler avec bonheur.
Trois fois la fin du monde c'est l'histoire d'un jeune homme qui prend une décision malheureuse qui va transformer sa vie en simple survie.
C'est une plongée au coeur d'une tempête de nuages très noirs parfois transpercés d'une lumière inespérée. Il est aussi fascinant qu'oppressant de suivre le parcours de Joseph, ce garçon lambda fracassé par une société souvent injuste et pourtant cruellement nécessaire. Un roman qui se lit en apnée grâce à une construction remarquable qui nous entraîne toujours un peu plus loin dans les ténèbres.
Dès le début, on est tout de suite dans le bain : un braquage, un mort et le narrateur se retrouve en prison. Il découvre ce nouvel environnement dans lequel il doit s’adapter rapidement pour ne pas se faire marcher dessus. Cette première partie est écrite à la première personne et j’étais véritablement plongée dans la tête du personnage. On vit ses doutes, ses peurs et ses espoirs. La langue est très orale et même parfois argotique, elle colle ainsi parfaitement au personnage et à l’atmosphère. Cela rend le tout très crédible. Je me suis immergée sans problème dans le roman et on se surprend à éprouver de l’affection pour le personnage malgré les faits qui lui sont reprochés.
Et puis survient la Catastrophe qui va complètement changer la face du roman ! Un accident nucléaire, dont on ne sait pas grand-chose, provoque la mise en quarantaine de la population survivante dans la Zone. C’est à ce moment-là qu’on apprend le prénom du personnage principal : Joseph. On bascule alors dans une narration à la troisième personne dans cette courte deuxième partie. Enfin, dans la troisième partie, amorcée suite à un événement que je ne vous spoilerai pas, Joseph voit en cette Catastrophe l’opportunité de reprendre sa vie en main et de profiter de sa liberté retrouvée inopinément. Il vit alors en autarcie hors de la Zone dans une ferme en domestiquant des animaux. Dans cette dernière partie intitulée « Le solitaire », l’auteure alterne entre le « je » et le « il » et le roman change complètement de dimension. De la prison, on passe à la campagne et de la violence au calme et à la solitude. Le style est toujours direct, les phrases sont courtes et la poésie de l’écriture nous emporte littéralement. La psychologie du personnage est finement décrite. Envoûtant !
Parmi les livres de cette rentrée, je vous recommande donc ce roman de Sophie Divry pour sa construction originale et son écriture. Il n’y a pratiquement qu’un personnage, le narrateur, qui porte le roman à bout de bras et auquel on s’attache facilement malgré son passé de braqueur. Les trois parties du roman sont très différentes et on suit l’évolution du personnage de l’enfermement à l’ivresse de la liberté et de la nature. Le tout est maîtrisé et d’une justesse incroyable !
Dans ce roman, on suit Joseph Kamal, qui doit purger une peine de prison après avoir participé à un braquage avec son frère. En même temps que la découverte de l'univers carcéral sans pitié, il doit surmonter la mort de son frère, survenue lors du braquage. C'est une nouvelle vie douloureuse qui semble l'attendre, d'autant que sa peine est longue. Seulement, par une sorte de miracle, il va pouvoir s'échapper lors d'une catastrophe. La Catastrophe, mot qui reviendra tout au long du roman, est en réalité une explosion nucléaire qui a décimé toute la moitié sud de la France. Seuls quelques immunisés restent en vie, mais ils sont très peu, et sont incités à regagner la zone nord. Joseph en fait partie, mais il est trop heureux de sa liberté retrouvée et ne songe qu'à rester vivre dans ces parages, profitant de sa solitude et de cette nature qui lui avait tant manqué.
S'ouvre alors la troisième partie du roman, cette longue robinsonnade tant annoncée au sujet de ce roman. Joseph va tenter de s'organiser pour survivre alors même que l'électricité et l'eau courante ont été coupées. Il en profite pour se réapproprier cette nature dont il se languissait pendant ses années d'incarcération, et dont il ne prenait pas la pleine mesure lors de sa vie d'avant.
Sophie Divry signe ici un très beau livre. L'écriture est bien travaillée, alternant narration à la première personne en adoptant le point de vue de Joseph, et narration à la troisième personne qui embrasse un point de vue plus large. Cela apporte réellement du relief à la lecture, la voix de Joseph, celle d'un homme de niveau social assez bas amené à devenir délinquant, étant brute et parfois acérée. Le narrateur externe apporte un recul bienvenue, et une vision des choses plus posée et réfléchie. Si on est clairement dans le registre post-apocalyptique, on est loin des scènes de violence assez répandues dans ce genre. L'histoire alterne de façon très sage les moments d'adversité et ceux plus doux, qui permettent une réflexion plus poussée, donnant une tournure touchante.
Cette histoire dépaysante alliée à une écriture presque poétique font de Trois fois la fin du monde un grand roman. C'est pour moi un coup de coeur, que je vous encourage à découvrir.
Voilà un roman qui commence de façon "classique", à la suite d'un braquage qui a mal tourné, où son frère est mort, Joseph Kamal est placé en détention.
Il découvre le monde de la prison, sa violence, ses codes, mais au moment où il commence à s'y adapter une catastrophe nucléaire raye la moitié de la France de la carte... et le roman bascule dans un tout autre genre...
Le voilà seul au monde ou presque, dans une nature qui curieusement se remet bien vite de la catastrophe. Entre bricolage, agriculture, nous voici plongé dans une sorte de manuel de survie, entre ode à la nature et réflexion sur la solitude. De la surpopulation carcérale et sa promiscuité à l'isolement, quel est le pire? De l'Enfer au Jardin d'Eden?
Et puis tout bascule à nouveau après un incendie, qui enclenche le retour vers la civilisation ( et la couverture du roman est particulièrement bien choisie) .
J'ai beaucoup apprécié l'écriture de l'auteure, qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout, alors que le thème du roman ne m'a pas franchement captivée.
J'en retiendrai donc surtout le nom de Sophie Divry et me tournerai avec plaisir vers ses autres publications!
J'attendais avec impatience de lire le nouveau roman de Sophie Divry car j'avais énormément aimé un autre de ses romans La condition pavillonnaire.
C'est d'ailleurs celui-ci, que j'offre avec plaisir, à mes amies étant l'un de mes livres préférés.
Et je ne fus pas déçue, bien au contraire, je suis conquise, convaincue et charmée par cette belle lecture.
J'ai adoré le construction de ce roman, que j'ai trouvé originale et innovante.
Le fait de basculer dans deux mondes très différents est une réelle réussite.
Deux environnements diamétralement opposés !
Pour l'un, un milieu carcéral où l'on côtoie la violence, le bruit, un endroit surpeuplé et pour l'autre, un milieu silencieux, calme et beau !
J'ai vraiment trouvé cette idée très judicieuse, pertinente et prodigieusement bien ficelée.
J'ai aimé autant la première partie que la seconde. Un récit passionnant qui m'a tenu en haleine tout au long du livre !!! Et c'est avec fascination, que je me suis plongée littéralement dans ces deux mondes .
J'ai suivi avec beaucoup d’intérêt la vie de ce jeune homme Joseph qui m'a ému dans son parcours chaotique et solitaire.
Comme toujours, l'écriture de Sophie Divry est belle et envoûtante. L'auteure décrit la nature et son environnement d'une plume ensorcelante, qui embarque totalement le lecteur.
Je me suis juste laissée bercer par cette histoire forte et touchante.
D'une grande beauté dans les textes, dans les mots, dans ce récit qui nous est conté, tout est magnifiquement bien en place.
Indéniablement, c'est un roman à lire de la rentrée littéraire.
Joseph Kamal est incarcéré pour un casse qui a mal tourné et au cours duquel son frère a été abattu par la police. La description très réaliste de la violence de la prison est effroyable, c’est une première fin du monde pour Joseph. Puis survient une catastrophe nucléaire qui décime une partie de la population, et permet à Joseph de s’évader et de se réfugier dans une zone sinistrée abandonnée. Il est miraculeusement indemne. Deuxième fin du monde. La troisième ? c’est la solitude qu’il va affronter, nouveau Robinson Crusoé des maisons abandonnées dans une campagne déserte.
Au départ, la survie est simple et il revit après tant de violences endurées. Les supermarchés abandonnés et les maisons vides sont abondamment approvisionnés. Il n’y a plus d’électricité, plus personne. L’homme est-il fait pour vivre seul ? Il faut voir l’empressement de Joseph à recueillir des animaux et son attachement à ces derniers, pour comprendre combien la solitude est complexe à endurer (alors qu’il la souhaitait plutôt au moment de la prison !) et la nature riche de ressources, mais pas de celle du lien humain !
Sophie Divry surprend une fois encore par sa capacité à changer complètement de registre d’un roman à l’autre. Elle fait preuve ici aussi d’une belle écriture dans un éloge de la nature et la description psychologique de son personnage est juste et sensible. Une plume à ne pas manquer !
Joseph Kamal, marginal presque par accident, connaît après un braquage raté la violence et l'abjection en prison. Puis miraculeusement sauvé de l'enfer carcéral par une catastrophe qui tue la moitié des Français, Kamal découvre, en même temps que la liberté, la beauté de la nature, mais aussi la difficulté de vivre seul.
La prison, une catastrophe nucléaire, la solitude : trois fois la fin d’un monde pour le héros de Sophie Divry. L'enfer, c'est les autres disait le célèbre borgne, l'enfer c’est l’homme détruisant la planète, l'enfer c'est être seul face à soi-même. Des thématiques développées (ou pas) avec pragmatisme par Sophie Divry qui, avec Trois fois la fin du monde, illustre parfaitement la dualité de l'homme qui, cherchant à échapper à sa condition et aux autres, se trouve confronté à la solitude, donc à lui-même. Plus personne à haïr, ni à aimer. « C’est terrifiant, s’il y pense, l’idée d’être le dernier. »
On est d’emblée saisi par la violence du monde carcéral intimement décrie dans ce roman mais aussi par la solitude que notre héros va retrouver dans une nature aussi belle qu’inquiétante.
Sophie Divry a ce talent de se renouveler et nous surprendre à chaque parution.
Une expérience littéraire unique entre « la route » et « Robinson Crusoé ».
Robinson Crusoé à la française
En jetant un repris de justice dans une zone contaminée par un accident nucléaire, Sophie Divry nous livre une version trash de Robinson Crusoé et sans doute l’un de ses romans les plus aboutis.
Trois fois la fin du monde aurait aussi pu s’intituler trois expériences ultimes, de celles qui laissent des traces indélébiles et pour lesquelles l’auteur de La Condition pavillonnaire et de Quand le diable sortit de la salle de bain retrouve son terrain de prédilection, celui des moments de crise qui obligent à faire des choix, peut-être pas toujours conscients.
Comme il se doit, tout commence très mal. Tonio entraîne son frère Joseph dans un braquage qui vire au drame. Son frère est tué et Joseph arrêté. Le jeune va alors très vite être confronté à la condition détentionnaire, aux règles qui régissent la vie dans les centres de détention et qu’il va devoir assimiler très vite. Car cette première «fin du monde» ne laisse guère la place à la fantaisie. En dehors ou avec la complicité des matons, il faut apprendre à survivre sans confort, nourriture, sommeil, calme et affection, mais surtout à une hiérarchie brutale et à une promiscuité répugnante. «Je me demande pourquoi mon frère ne m’a jamais dit un seul mot sur ses années de prison. Ça me serait utile aujourd’hui. Mais il est vrai que je n’étais pas censé m’y retrouver. C’était lui le voyou de la famille, pas moi.»
À la sidération du néo-détenu vient s’ajouter celle du lecteur qui découvre la loi des caïds, la violence aveugle et les châtiments qui n’ont rien à voir avec une quelconque justice. Avec Joseph Kamal, il se rend compte de l’abomination que peut représenter un séjour carcéral en France aujourd’hui. Et sous la plume de Sophie Divry s’éclairent subitement bien des questions. Les statistiques sur les taux de récidive ou sur la dimension criminogène de nos prisons s’incarnent ici. Avec de tels traitements, comment ne pas sombrer… ne pas être habité par la haine. « Ce n’est plus une haine étroite et médiocre, celle des premières humiliations, non, c’est une haine comme une drogue dure. Elle fait jaillir dans le cerveau des consolations fantastiques. Elle caresse l’ego. Elle transforme l’humiliation en désir de cruauté et l’orgueil en mépris des autres. Je ne hais plus seulement les matons, je hais aussi cette engeance de damnés qui croupit là, encline à la soumission, complice des guet-apens. Dans cette cellule étroite, sans matelas, mes pensées-haine se répercutent d’un mur à l’autre. Je m’y adonne avec plaisir, suivant de longues fantaisies mentales où moi seul, brûlant la prison, reçois le pouvoir de vie ou de mort sur les détenus et les gardiens, les faisant tour à tour pendre, brûler vif, empaler. Parfois la rêverie s’arrête brusquement, mon cœur plonge dans une fosse de chagrin à la pensée de mon frère. Je comprends pourquoi Tonio ne m’a jamais dit un mot sur ce qu’il a vécu ici. »
Aux idées noires vient pourtant se substituer une seconde «fin du monde» tout aussi dramatique : une catastrophe nucléaire. On peut imaginer le vent de panique face aux radiations et on comprend que tout le monde cherche à fuir. Une chance que Joseph ne va pas laisser passer, quitte à tuer à son tour. Un meurtre avec un arrière-goût de vengeance.
Vient alors la partie du livre qui m’a le plus intéressé. Joseph choisit de s’installer dans la zone interdite pour échapper à la police.
Quelque part en France, il rejoue Robinson Crusoé sans Vendredi à ses côtés.
« Toute sa vie, il a été éduqué, habillé, noté, discipliné, employé, insulté, encavé, battu – par les autres. Maintenant, les autres, ils sont morts ou ils ont fui. Il est seul sur le causse. » Il est libre mais seul.
Avec un sens de la tension dramatique, qui avait déjà fait merveille dans Quand le diable sortit de la salle de bain, Sophie Divry va alors creuser dans la tête de Joseph Kamal et nous livrer les pensées d’un homme qui, pour l’avoir déjà perdu, va chercher encore un toujours un sens à sa vie. Magistral!
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