La Mort selon Turner
par Tim Willocks
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Date de parution 11 oct. 2018 | Archivage 12 déc. 2018
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Résumé
Lors d’un week-end arrosé au Cap, un jeune et riche Afrikaner renverse
en voiture une jeune Noire sans logis qui erre dans la rue. Ni lui ni
ses amis ne préviennent les secours alors que la victime agonise. La
mère du chauffeur, Margot Le Roux, femme puissante qui règne sur les
mines du Northern Cape, décide de couvrir son fils. Pourquoi
compromettre une carrière qui s’annonce brillante à cause d’une
pauvresse ? Dans un pays où la corruption règne à tous les étages, tout
le monde s’en fout. Tout le monde, sauf Turner, un flic noir des
Homicides. Lorsqu’il arrive sur le territoire des Le Roux, une région
aride et désertique, la confrontation va être terrible, entre cet homme
déterminé à faire la justice, à tout prix, et cette femme décidée à
protéger son fils, à tout prix.
Le fauve Willocks est à nouveau lâché ! Délaissant le roman historique,
il nous donne ici un véritable opéra noir, aussi puissant qu’hypnotique.
On retrouve dans ce tableau au couteau de l’Afrique du Sud tout le
souffle et l’ampleur du romancier, allié à une exceptionnelle force
d’empathie. Loin de tout manichéisme, il nous fait profiter d’une rare
proximité avec ses personnages, illustrant de la sorte la fameuse phrase
de Jean Renoir : « Sur cette Terre, il y a quelque chose d'effroyable,
c'est que tout le monde a ses raisons. »
Lors d’un week-end arrosé au Cap, un jeune et riche Afrikaner renverse en voiture une jeune Noire sans logis qui erre dans la rue. Ni lui ni ses amis ne préviennent les secours alors que la...
Formats disponibles
FORMAT | Grand Format |
ISBN | 9782355846724 |
PRIX | 22,00 € (EUR) |
Chroniques partagées sur la page du titre
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à remercier les éditions Sonatine et la plateforme NetGalley pour leur confiance renouvelée.
J’avais beau savoir que Tim Willocks n’en était pas à son coup d’essai en matière de thriller, je ne m’attendais pas à me prendre un tel uppercut dans la tronche en attaquant ce bouquin.
D’entrée de jeu l’auteur annonce la couleur, le prologue commence en effet quelques heures avant le dénouement de l’histoire ; Turner est déjà au cœur de l’action et on devine aisément que son séjour à Cap Nord n’a pas dû être de tout repos…
Vous l’aurez compris ce bouquin vous emmène visiter l’Afrique du Sud, mais oubliez les décors de cartes postales pour touristes en goguette. Ici vous découvrirez l’envers du décor, le côté obscur de l’Afrique du Sud en quelque sorte.
À commencer par la région dans laquelle se déroule l’intrigue, des terres arides aux portes du Kalahari. Une région qui doit une prospérité inespérée à l’exploitation minière de Margot Le Roux et de fait elle règne sur les lieux en maîtresse absolue, les autorités sont à sa botte.
On découvre aussi un pays en proie à une criminalité galopante où la corruption est une activité aussi courante que lucrative. Tout se paye quand on y met le prix, si ce n’est avec du cash, il suffit de trouver ce qui fera vibrer la bonne corde sensible.
Heureusement tout le monde ne se complaît pas dans cette fange nauséabonde et malsaine. Turner est un modèle d’intégrité qui, à défaut de croire en la police, croit encore en la loi et entend bien la faire respecter à tout prix. Adepte du tai-chi, il est la zénitude incarnée, mais ne vous avisez pas à venir piétiner ses plates-bandes, il peut se transformer en une véritable machine de guerre quand la situation l’impose.
Vous l’aurez compris pas d’entente possible entre Margot, prête à tout pour soustraire son fils à la justice, et Turner, bien déterminé à le ramener au Cap afin qu’il y soit jugé. Aucun des deux ne courbera l’échine devant l’autre, la confrontation est inévitable et elle s’annonce explosive.
Une intrigue menée à un train d’enfer qui saura vous prendre d’emblée aux tripes et ne vous lâchera pas avant le clap de fin ; et autant vous prévenir de suite, entre-temps vous n’aurez guère l’occasion de reprendre votre souffle.
Forcément c’est violent (souvent) et trash (parfois), mais ce n’est jamais gratuit. L’action est mise au service de l’intrigue et souvent analysée par les personnages qui n’agissent parfois plus par nécessité que de gaieté de cœur. Vous aurez notamment le droit à une inoubliable leçon de survie au cœur du désert… à éviter le ventre plein !
Évidemment on ne peut qu’éprouver un profond respect pour le personnage de Turner, mais l’auteur apporte le même soin à l’ensemble de ses personnages. Même les méchants ne sont pas des brutes épaisses décérébrées, ils ont leur raison d’agir de la sorte (amour d’une mère pour son fils, amour d’un homme pour sa femme, loyauté, amitié, appât du gain…) ; on n’est pas obligé d’adhérer, mais ça leur confère malgré tout une certaine humanité.
Et puis il y a les autres, ceux qui se retrouvent le cul entre deux chaises, mais ne peuvent guère réagir soit parce que trop impliqués par ailleurs (Winston), ou par peur de se dresser contre la Reine-Mère Margot (Iminathi) ou encore parce qu’ils ignorent tout de ce qui est train de se tramer à l’insu de leur plein gré (Dirk).
Un thriller noir à souhait, mais quelle claque ! Un magistral coup double (coup de cœur et coup de poing) amplement mérité, et bien sûr la note maximale, 5 étoiles !
Si vous voulez un thriller qui dépote grave, La Mort Selon Turner est fait pour vous. En refermant le roman, je sais d’ores et déjà que je ne suis pas près d’oublier cette rencontre avec Turner.
Va ton chemin
Ce roman est bouleversant, magistral ; d’une intensité et d’une puissance sans pareilles. Il vous met le cœur en vrac, la tête en vrille. Il vous fait tutoyer les étoiles puis descendre aussi vite en enfer. Il est empli de douleur, de révolte, de violence et d’amour. Et par-dessus tout, il est porté par une écriture sèche, âpre, qui magnifie chaque mot, chaque phrase en trouvant comment en sortir la substantifique moelle.
Le contexte est très vite posé : l’Afrique du Sud avec ses tensions raciales, ses éclats, ses cachotteries, ses faux semblants. Quelques jeunes en goguette sortent un soir et boivent trop. L’un d’eux, un Afrikaner, prend le volant en étant ivre et renverse une jeune femme noire, probablement sans domicile. Pas de quoi s’affoler surtout lorsqu’on est saoul au point de ne se souvenir de rien. C’est ainsi que Dirk le Roux, fils de Margot, dont l’empire financier est sans égal dans ce coin perdu, est protégé par ceux qui étaient avec lui. Il doit partir d’ici un jour ou deux à Pretoria donc pas la peine de lui encombrer l’esprit avec quelque chose dont il n’a même pas connaissance. De plus, s’il était poursuivi, il perdrait son statut d’avocat, métier que sa génitrice a pratiquement choisi pour lui.
En parallèle, l’enquête est confiée à Turner, un grand policier noir aux yeux verts, spécialiste d’arts martiaux. Pour lui
« Ce n’était pas seulement l’histoire de cette fille qui était écrite ici, mais celle d’une civilisation en faillite. »
C’est un homme de terrain, qui ne lâche jamais rien, droit dans ses bottes, intègre quel que soit le prix à payer.Il a vu des horreurs et il « vit » pour la justice. Il demande à son chef, Venter, de se rendre à Langkopf, dans le Cap-Nord où il veut arrêter le coupable car il a eu quelques informations sur les circonstances du décès. Langkopf, c’est une ville de quatre mille habitants, près d’un désert inhospitalier où sévit une chaleur à faire cuire un œuf sur le capot de la voiture. Un lieu où tout se sait, où chacun connaît les faits et gestes de son voisin et où Margot règne en despote.
Turner inspire le respect, même à ses pires ennemis. Il va son chemin, ne craignant rien, il ne perd pas de vue le but qu’il s’est fixé et il avance quoi qu’il arrive. Mais rien n’est simple face à tout ce qu’il rencontre. Ceux qui sont en face de lui sont déterminés à protéger Dirk. Même la police est corrompue…. En Afrique du Sud, rien n’est tout blanc ou tout noir et ce n’est pas un mauvais jeu de mots. Toutes les teintes de gris passent et repassent… Même les vrais méchants ont leurs failles, leurs faiblesses, leurs douleurs. L’étude des caractères des protagonistes est une grande force de récit. Aucun n’a été épargné par la vie, pas même Dirk que sa mère protège tout en le « gouvernant » et en décidant de ce qui est bon pour lui. Quant à Margot, avec ses mines de manganèse, elle fournit du travail à beaucoup d’hommes donc elle est vénérée. Chacun des individus est sur une route et veut la suivre jusqu’au moment où un obstacle, des obstacles se mettent en travers, chacun est prêt à tout pour continuer d’avancer…. L’équilibre qu’avait instauré Margot est instable à partir de l’instant où Winston Turner décide de faire payer le conducteur. Il le doit à la jeune femme assassinée mais aussi à tous les meurtres impunis dont il sait qu’ils ont existé. Au fil des pages, on apprend à connaître chacun des personnages, à les comprendre, à presque accepter leurs choix. L’auteur est psychiatre et analyse les doutes, les points d’appui de tous avec finesse. De plus l’approche politique et sociale ainsi que la présentation des mœurs du coin sont très bien introduites (j’ai aimé la rencontre avec le San, l’évocation des groupes indigènes).
Malgré son côté violent j’ai beaucoup apprécié ce livre. Certaines scènes sont à la limite du soutenable. Mais l’écriture de l’auteur, admirablement bien traduite a un je ne sais quoi d’inexplicable, d’inexprimable qui vous prend aux tripes. Turner est un des ces êtres de papier qui vous marquent à jamais (ainsi que quelques descriptions brrrrrr……). Je me suis demandée s’il cherchait à marcher vers la résilience, s’il semait le chaos pour faire souffrir et souffrir, en mettant ainsi tout le monde sur un pied d’égalité. Je crois simplement que Turner est un homme qui ne revient jamais sur une décision qu’il considère comme juste pour continuer à se regarder dans un miroir sans avoir honte de ses choix.
Un fait divers et rien de plus; lorsque de jeunes blancs riches renversent et laissent pour morte une mendiante noire d'un bidonville Sud-Africain, l'affaire ne mérite même pas un entrefilet dans les journaux. Pourtant, pour Turner le flic incorruptible, rien n'est plus important que la justice à rendre à la victime. Pour elle, il est prêt à tout, quitte à déclarer une guerre dans le veld. Un roman qui traite de la réalité crue d'un pays où l'apartheid n'a pas vraiment disparue, à recommander en priorité aux lecteurs de Roger Smith et à ceux qui ont aimé L'Âme du chasseur de Deon Meyer.