Donne-moi des ailes

Thomas est un ado plutôt rebelle que sa mère décide d’envoyer une quinzaine de jours en Camargue.
Le jeune garçon n’est pas ravi de rejoindre son père qu’il connait peu, dans un bled paumé où Internet est loin d’être performant.
Contre toute attente, téléphone et tablette passent aux oubliettes lorsque son père lui propose de participer à son projet un peu fou pour sauver les oies sauvages en voie de disparition à l’aide d’un ULM.

Nicolas Vanier nous entraîne dans un périlleux voyage au-dessus de paysages grandioses, au milieu des nuages.

Le récit de Nicolas Vanier se lit avec plaisir, la nature est magnifiée par la plume experte de l’explorateur.

« Donne-moi des ailes » est un plaidoyer pour la sauvegarde des espèces en danger, mais aussi une belle histoire de partage d et de transmission entre un père et son fils.

Donne moi des ailes est un titre poétique, une ode à la nature et à la liberté, un cri d'alarme aussi face au comportement destructeur de l'homme face à la nature. Quand l'ado rebelle, Thomas, arrive chez son père excentrique en plein milieu des marais camarguais, cela promet d'être un long séjour. Et pourtant, Christian, ornithologue s'est lancé dans une incroyable aventure, essayer de sauver une espèce en voie de disparition, l'oie naine, quitte à braver certains interdits.

Ce titre pose des questions plus que jamais d'actualité, l'urbanisation de l'homme qui prolifère au détriment de toutes les autres espèces animales, les règles et le droit contre l'idéalisme, la cruauté de l'homme, la survie en cage ou la mort libre. Il n'y a pas vraiment de bonne ou de mauvaise réponse. De plus, cela est inspiré d'une histoire vraie et j'ai pu me renseigner sur le travail fascinant de Christian Moullec.

Comme toujours avec Xo éditions, l'écriture est impeccable et le récit coule agréablement. D'autant que l'écriture de Nicolas Vanier est très cinématographique, imagée et que les paysages norvégiens sont décrits de façon incisive et sans fard, de la beauté au danger. Je me suis vraiment attachée à Thomas qui passe de l'ado en période difficile à tout ce qui fait le côté tranchant et sans demi mesure de l'adolescence une fois qu'il sort la tête de la technologie. Sa relation avec les oies, Akka en particulier est terriblement touchante. C'est lui le cœur de ce récit, son père n'est finalement qu'anecdotique à mes yeux, même si sans lui, l’Odyssée n'aurait jamais débuté. La fin m'a arrachée une petite larme. Dommage que ce ne soit qu'une fiction et que dans la vraie vie, la médiatisation ne suffise pas à prévenir le massacre des espèces. Je n'ai pas encore vu le film, mais c'est prévu, vu le langage imagé utilisé pour décrire la nature rencontrée par les protagonistes, les images promettent d'être somptueuses.

Un roman tout simplement magnifique tant il ouvre sur des cieux de nature en pâmoison. Un roman sous forme d’odyssée, de voyage initiatique et d’apprivoisement entre un père et son fils. Avec des allures à la Robinson pour notre plus grand plaisir. On s’attache à ces oiseaux migratoires que l’on suit de leur naissance à leur liberté avec ce lien incroyable qui les unit à ce duo épris de sens et de rêves qu’est Thomas et son père Christian.

Un roman parfumé, coloré avec une écriture fraîche. Pas un gramme de violence, de brutalité, de perversion, de noir et misère que cela fait du bien. S’envoler, s’attacher, respirer les grands espaces, croire, tisser la corde pour assembler des morceaux de rêves jusqu’à se rouler dedans. Vraiment, donne-moi des ailes est un très beau roman qui m’a fait un bien fou et que j’ai pris plaisir à savourer.