Villa Pirasol

Gwendoline, quatre-vingt-quatre ans, veuve effacée d’un riche papetier, habite avec Thea, d’une quinzaine d’années sa cadette, la villa Pirasol. Trente ans plus tôt, son fils unique a fait les frais de la sévérité de son mari. Chassé de Pirasol, il n’est plus jamais revenu, et Gwendoline porte un deuil sans sépulture. Un jour, la rumeur court dans la petite ville qu’il est réapparu. Thea, qui mène Gwendoline à la baguette, décide de transformer la villa en forteresse par crainte que ce fils répudié ne vienne réclamer son héritage. Bouleversée par la nouvelle, condamnée à l’irrésolution par des années de soumission, d’abord à son mari, puis à son agressive pensionnaire, Gwendoline préfère se terrer dans ses souvenirs : son enfance berlinoise, la disparition de ses parents artistes pendant la Seconde Guerre mondiale, sa nouvelle vie, malheureuse, avec le violent Willem, la perte de son fils. Mais il n’y a pas d’âge pour grandir – et Gwendoline trouvera peut-être la force de s’arracher aux griffes de son destin pour reprendre sa vie en main. Portrait d’une femme bafouée, Villa Pirasol est aussi celui d’un pays, l’Allemagne, balafré par la mémoire de ses crimes et de sa propre violence. Mais si ce roman sur trois époques à la prose scintillante et virtuose, à la fois impressionniste et sobre d’effets, raconte le poids du passé, il raconte surtout un affranchissement et une libération, à quatre-vingts ans passés. Et qui mieux qu’une femme marquée par le nazisme, la déportation et la frénésie de la reconstruction capitaliste, par les maltraitances conjugales et les injures faites à son sexe, pour témoigner de l’incroyable pouvoir de la résilience ?