Raison et sentiments

Elinor, la prudente, mènera-t-elle mieux la barque de ses amours que sa sœur Marianne, beaucoup plus dans l’exaltation du romantisme naissant et adepte de l’amour absolu et indéfectible ?
Il faudra arriver à la toute fin de ce premier roman de Jane Austen pour faire le bilan de leurs épreuves et juger des comportements, des aveuglements parfois, des uns et des autres. Les deux sœurs ne sont pas gâtées par le Destin car elles s’éprennent d’hommes vraiment peu fiables ! On ne sait lequel, du flamboyant Willoughby de Marianne ou du pâlichon Edward Ferrars d’Elinor, est le moins pire… A moins que le séduisant colonel Brandon (un vieillard de trente-cinq ans) ne réussisse à convoler avec l’une d’entre elles ?
Beaucoup de personnages secondaires font que ce grand roman de la Comédie Sociale n’est jamais ennuyeux ou seulement platement sentimental. La grande affaire de tous c’est la course à la position et l’argent. Y compris pour les sœurs Dashwood, même si elles avancent avec plus de finesse et quelques principes moraux qui semblent manquer à beaucoup d’autres.
L’ironie de Jane Austen est déjà très présente dans ce premier roman. Mais peut-être pas encore pleinement aboutie. Pour avoir lu il y a peu « Emma », j’ai trouvé ce « Raison et sentiments » un peu moins corrosif. Mais attention, ça reste quand même un chef d’œuvre, terriblement actuel plus de deux cents ans après sa parution.
Cette édition propose une nouvelle traduction de Sophie Chiari, qui sans vouloir être péjoratif, m’a semblé « modernisée ». Elle conviendra donc particulièrement bien à qui voudrait découvrir cette écrivaine mais qui craindrait d’affronter un style vieilli. Une préface (qu’on peut ne lire qu’après le roman), des notes, des dossiers permettent aussi de ne pas se perdre dans des usages ou des nuances sociales d’un autre temps et d’un autre pays. Franchement, tentez l’aventure de la lecture, même si vous avez déjà vu des adaptations pour la télévision ou le cinéma. Car on entre alors vraiment dans une autre dimension.
#RaisonEtSentiments #NetGalleyFrance

Quel plaisir de redécouvrir cet ouvrage qui m'a fait connaitre et aimer Jane Austen. Hé oui, ce n'est pas avec Orgueil et Préjugés que j'ai découvert Jane Austen, mais bien ce roman.
J'ai tout de suite accroché à l'histoire de ces deux sœurs, aux caractères si différents, mais si proches malgré tout. L'intrigue est rythmée et tout s'enchaîne harmonieusement au fil des pages. Et comme dans les autres romans de Jane Austen, les personnages secondaires sont attachants, drôles mais aussi agaçants dès fois, chacun a son rôle à jouer.. De superbes paysages nous font aussi voyager, et nous donnent envie de les rejoindre.
Un classique à dévorer sans hésitation !

Un classique de la littérature anglaise, un tableau de la société du XVIIIeme siècle finissant, cruelle, souvent absurde, ou les sentiments du titre semblent tout entièrement enclos dans la raison économique de la subsistance. Un double portrait féminin surtout, magnifique, vif, dont la lecture, à deux cents ans de distance, permet de prendre la mesure de l’évolution du droit des femmes… et du chemin qu’il reste à parcourir sur les terres de l’égalité. Le texte est accompagné d’une préface nécessaire, qui en éclaire admirablement les codes et le contexte. Une belle édition !

Je suis toujours enthousiasmée quand j'ai l'occasion de (re)découvrir un auteur classique ! Ici, c'était donc pour moi une découverte. Bien sûr, je connaissais Jane Austen, mais je n'avais jamais lu ses ouvrages.
C'est un plaisir que cette plume, à la fois belle et bien travaillée, et en même temps délicieusement chargée d'ironie. En effet, si Jane Austen nous peint un tableau vraiment instructif de la bourgeoisie anglaise, elle ne manque pas de nous montrer par force clins d'oeil ses travers.
Alors j'avoue que ça avait tout pour me plaire : quand ça parle du monde aristocratique ou bourgeois, j'adore, et encore plus quand on peut rire ainsi du recul critique amené par l'auteur.
Si je devais trouver un point négatif, ce serait cette tendance à insister trop lourdement sur certaines évidences, mais j'imagine que cela fait aussi partie du style littéraire de l'époque.
C'est un délice, et je ne manquerai pas d'aller lire ses autres ouvrages !