Je suis le fleuve
par T. E. Grau
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Date de parution 9 janv. 2020 | Archivage 30 avr. 2020
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Résumé
Depuis la fin de la guerre du Vietnam, Israel Broussard survit tant bien que mal à Bangkok. Cinq ans plus tôt, il a participé à la mystérieuse opération Algernon, au cœur de la jungle laotienne. Ce qui s’est passé là-bas ? Il ne s’en souvient plus, il ne veut plus s’en souvenir. Et pourtant, l’heure est venue de s’expliquer...
L’intensité et la crudité dérangeante de sa prose font de Je suis le fleuve une expérience de lecture à nulle autre pareille. Ce voyage halluciné et sans retour à travers les méandres d’une psyché dévastée évoque irrésistiblement Apocalypse Now.
Depuis la fin de la guerre du Vietnam, Israel Broussard survit tant bien que mal à Bangkok. Cinq ans plus tôt, il a participé à la mystérieuse opération Algernon, au cœur de la jungle laotienne. Ce...
Formats disponibles
FORMAT | GF cartonné |
ISBN | 9782355847783 |
PRIX | 20,00 € (EUR) |
Chroniques partagées sur la page du titre
Avec Je suis le Fleuve, les éditions Sonatine publient pour la première fois en France l’écrivain américain T.E. Grau.
Strictement inconnu jusque là et pourtant déjà finaliste du Shirley Jackson Award pour son recueil The Nameless Dark, T.E Grau s’est également attiré les louages d’un certain Paul Tremblay, l’auteur de Possession, également publié chez Sonatine.
Une plongée sans concession dans la guerre du Vietnam et ses séquelles qui n’a (vraiment) rien de facile…
Chien de guerre
L’ouverture est ardue, complexe, brutale.
Je suis le Fleuve n’est pas le genre de roman paisible qui vous tient gentiment par la main pour vous mener le long des rives. T.E. Grau préfère vous jeter dans la Cité Flottante, Bangkok, et dans l’esprit malade du soldat Broussard, vétéran afro-américain de la guerre du Vietnam en pleine décomposition mentale (et physique). Des années après la guerre, le troufion se terre dans une « grotte » au cœur de la capitale Thaïlandaise où il se shoote pour échapper à Molosse Noir, une créature infernale qui le poursuit sans relâche depuis une mystérieuse opération au Laos, l’opération Algernon.
Sans prendre de gants, le roman vous propulse dans l’esprit de Broussard perdu quelque part entre réalité et cauchemars dans une ville de tous les dangers, où les espaces-temps et les personnes semblent se confondre, où des choses surnaturelles peuvent surgir à l’orée du regard.
Surnaturelles, vraiment ? Pas si sûr car Broussard, laminé par la guerre et les horreurs auquel il a participé n’est plus qu’une épave qui tente de recoller les morceaux ou de mourir, les deux solutions n’ont pas d’importance pour lui.
Pourtant, Broussard n’a pas toujours été ainsi. Jadis, il devait passer en cour martiale pour avoir refusé de tirer sur l’ennemi…jusqu’à sa rencontre avec un officier pour le moins singulier du nom de Chapel. Ce dernier a un plan, un plan terrible qui permettrait aux Américains de mettre fin à la guerre mais, comme la chose devrait se produire dans un pays officiellement neutre, le Laos, il faudrait un véritable « taupe » américaine pour une opération clandestine à l’encontre des Vietcongs terrés dans cette région.
Chapel recrute alors cinq soldats qui n’ont plus rien à perdre et les emmène le long du Fleuve pour une ultime épreuve. Une épreuve dont Broussard, des années plus tard, n’est toujours pas remis.
Les conséquences de l’horreur
T.E Grau, de façon sauvage, dissèque ce qu’il reste de Broussard et de ses souvenirs de soldats. L’auteur américain constate l’écroulement d’une psyché et mélange mythologie, horreur et stress post-traumatique pour livrer un témoignage coup de poing sur la guerre du Vietnam qui renvoie autant au Deer Hunter de Cimino qu’au Apocalypse Now de Coppola.
En discourant sur les crimes de guerre commis par les États-Unis durant le conflit (l’utilisation de l’Agent Orange, les bombardements au Napalm etc…), Je suis le Fleuve offre une vision au vitriol d’un pays gendarme du monde qui a tout d’un criminel et dont les généraux n’ont aucune considération ni pour les civils massacrés ni pour les soldats broyés, même de leur propre côté.
En flirtant constamment avec l’horreur tout en économisant son intrigue pour conserver le suspense jusqu’au bout du tunnel, T.E Grau décrit avec une minutie effroyable les conséquences d’un conflit armé sur un être humain…et sur un pays tout entier. En exacerbant les haines raciales et culturelles, incendiant les frontières entre le Bien et le Mal, les États-Unis ont joué les apprenti-sorciers et le sort de l’Asie du Sud-Est reste confus et instable bien des années plus tard.
Outre la représentation de la jungle Laotienne, c’est l’immersion dans la capitale Thaïlandaise qui surprend. Bangkok devient un acteur à part entière, transfiguré en une entité monstrueuse et tentaculaire où les esprits rodent, où le moindre contact peut vous trahir. On pense un peu au Pays Invaincu de Geoff Ryman, la fantasy en moins, l’horreur psychologique en plus.
Mais finalement, ce qui surprend le plus dans Je suis le Fleuve, c’est la capacité de T.E Grau à esquiver l’horreur à grande échelle pour mieux la retranscrire à l’échelle intime, dans le traumatisme déchirant de Broussard condamné à revivre son meurtre comme une malédiction encore et encore.
Car si l’on dit que celui qui sauve un homme sauve l’humanité toute entière, celui qui en tue un la condamne certainement à l’Enfer.
Roman halluciné aussi court que marquant, Je suis le fleuve tranche dans le vif et expose les horreurs de la guerre à l’air libre, quelque part entre le cauchemar psychologique et le surnaturel poisseux d’un homme en quête de lui-même.
T.E. Grau n’a certainement pas fini de faire parler de lui.
Le moins que l’on puisse dire c’est que mon premier contact avec ce roman a failli tourner court. Après quelques pages lues qui semblaient n’avoir ni queue ni tête et/ou écrites sous l’influence de substances illicites, j’ai hésité à l’envoyer valdinguer pour passer à autre chose.
C’est la qualité de l’écriture (et donc de la traduction), non dénuée d’une certaine poésie (à tendance psychédélique certes) qui m’a persuadé de lui persévérer. Ca et sans doute aussi le nombre de pages relativement réduit.
Force m’est de reconnaître que j’ai été plutôt bien inspiré, même si la déception de ce premier contact gâché ne m’a jamais totalement quitté. Non seulement les choses se précisent au fil des pages, mais même les dérives / délires de Broussard finissent par faire sens (plus ou moins en tout cas).
Si aujourd’hui le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est un phénomène connu chez les vétérans, ce n’était certainement pas le cas dans les années 70 / 80. Si on situe la fameuse opération Algernon en 1971 (soit dit en passant le conflit vietnamien commençait déjà à furieusement sentir le sapin et la merde pour les USA), on peut en déduire que l’intrigue actuelle du roman se déroule en 1976.
Ajoutons à cela que le soldat Israel Broussard pourrait être un cas d’écoles pour les spécialistes du SSPT, dans le genre polytraumatisé il décroche le pompon haut la main !
Le moment me semble judicieux pour soulever un deuxième bémol relatif à ce roman. A aucun moment je n’ai réussi à éprouver une quelconque empathie pour les personnages. Qu’il s’agisse de Broussard ou des autres, j’ai instinctivement dressé une barrière entre eux et moi. Et pourtant je ne peux que reconnaître que T.E. Grau apporte beaucoup de soins à brosser ses personnages et leurs personnalités.
Les chapitres alternent entre les souvenirs de Broussard qui remontent peu à peu à la surface (principalement ceux ayant trait à l’opération Algernon) et sa dérive dans les coins les plus glauques de Bangkok… dérive qui semble le mener tout droit vers un naufrage inexorable, sauf que la mort ne semble pas vouloir de lui, comme si elle était un châtiment trop clément pour expier ses fautes.
Si vous souhaitez embarquer avec Broussard pour une croisière le long du Fleuve, sachez que ledit fleuve est du genre agité et que le voyage ne vous laissera pas indemne. L’auteur n’hésite pas à malmener son (anti)héros et ses lecteurs, et il le fait avec brio.
Malgré d’indéniables qualités, je n’ai pas été totalement embarqué ; il n’en reste pas moins que je referme ce bouquin sur un sentiment globalement positif.
La guerre laisse toujours des traces quelles soient visibles ou invisibles . Les hommes qui l'ont vécue en sortent rarement indemnes que ce soit physiquement ou psychologiquement , quand il n'y laissent pas leur peau ..
Le soldat Broussard y a laissé son âme et une partie de son esprit . Une fois la guerre du Vietnam terminée , il erre alors tel un spectre désincarné dans les rues de Bangkok , tentant de chasser ses démons et les créatures qui hantent à chaque instant son esprit , en utilisant toutes les substances chimiques qui lui tombent sous la main . Sa mémoire , vacillante et confuse , lui fait défaut mais par moment de douloureux souvenirs refont malgré tout surface . Broussard sait en effet au fonds de lui que la rédemption sera longue et douloureuse et que le chemin de croix est encore devant lui .
Cet américain issu du bayou , n'était pas prédestiné ni préparé à faire cette sale guerre car il n'a pas l'âme d'un guerrier ni d'un combattant . Il est finalement comme ses ennemis d'en face , une victime parmi d'autres , tombée dans le grand bain de la guerre . Son « palmarès » et ses actes vont l'embarquer , lui et ses autres camarades dans une incroyable opération de la seconde chance , une action secrète en territoire laotien visant à déstabiliser psychologiquement l'armée Viet Cong .Comme une tentative désespérée des forces américaines de mettre fin à ce conflit qui n'a que trop duré . Mais l'opération va tourner au chaos et marquer à jamais l'existence du soldat Broussard .
L'auteur nous entraine dans les coulisses de la folie d'un ancien soldat américain , victime ds conflits vietnamiens des années 60 et du début des années 70. Broussard est victime de stress post traumatiques , terme diplomatique utilisé pour évoquer les effets secondaires psychiques nocifs d'anciens combattants ayant vécu au plus près ou ayant participé aux combats . Tuer un homme n'a en effet rien de neutre et c'est que nous démontre l'auteur à travers le témoignage douloureux et les tourments psychologiques du soldat Broussard .
Les différents chapitres nous font naviguer en permanence entre réalité et les frissons de l'univers cauchemardesque de Broussard . Entre les noirceurs insondables de l'inconscient et l'exubérance dramatique de la conscience .
En plus d'une description hors nome de ce personnage central , T.E. Grau nous plonge dans l'enfer vert et humide d'Asie du Sud Est avec force détails qui nous permettent de nous imaginer avec beaucoup de réalisme l'environnement hostile représentée par cette nature sauvage et belliqueuse .
L'auteur américain , nous offre avec ce premier roman traduit en français un récit d'une force dramaturgie implacable , sans filtre , dont l'écriture brillante nous permet d'envisager avec sérénité de nouvelles parutions prometteuses .