« On y est », fit Charlie. « Le ventre de la forêt. » Alors retentirent les véritables tambours. La brume devant eux s’alluma comme un grand feu liquide et tout l’enchevêtrement décharné de la forêt prit vie. Ils s’arrêtèrent, alors qu’ils arrivaient, qu’ils touchaient au but. Lewis regarda Alma et les deux autres, mais tous étaient animés de la même colère, du même frisson : celui de la finalité. Comme des aveugles dans un enfer laiteux, ils reprirent la marche, tâtonnèrent encore sur les méchantes branches et l’écorce gonflée d’eau et pataugèrent dans la fange et la vase. Ils se frayèrent un chemin jusqu’à apercevoir clairement les torches allumées, plantées dans le sol de la forêt. Jane glapit, et Lewis comme Charles jurèrent en chuchotis. Alma, elle, resta sans voix devant la scène de folie pure et séculaire qui se déroulait devant eux.

1922. Hemwick, ville portuaire du Pays de Galles tombée en désuétude, hantée par une forêt inquiétante - voilà des années que les enfants y disparaissent.

C’est dans ce monde éteint que se plonge Alma Hayward, paria étrangère aux hommes. Seul un horloger, traumatisé de la Grande Guerre, lui vient en aide : ensemble, ils épousent une enquête hallucinée vers les anciens secrets de Hemwick, toujours plus proches de ce qui rôde dans le Bois des Orphelins.