Celle qu'il attendait

Comme il est très facile d'entrer dans cette histoire, on ne se rend pas compte tout de suite combien elle est exceptionnelle et exceptionnellement racontée.
Quoi de plus banal qu'une petite romance entre une inventeuse et un chauffeur de taxi (d'un jour).
Et bien le talent de Baptiste Beaulieu c'est de tisser chapitre après chapitre, les brins délicats qui vont unir ces deux personnages dans un amour inattendu et peut-être prédestiné... avec une grande qualité d'écriture.
Retours vers le passé, monologues intérieurs, dialogues hésitants, chaque scène apporte sa petite touche de bleu ou de noir au tableau et plus l'on avance dans la lecture plus l'amour imprègne les personnages et plus l'on tremble pour eux.
Les souvenirs de la guerre, les maltraitances médicales, la grossophobie, la violence s'invitent dans le décor, mais nos courageux personnages n'ont de cesse des les reléguer là où ils ne seront pas un obstacle, pour vivre le feu de leur passion amoureuse.
Et comme se sont avant tout des êtres humains, nous les suivons dans de savoureuses scènes d'apprivoisement mutuel, nous partageons leurs angoisses amoureuses, leurs petits arrangements avec leur conscience lorsqu'ils forcent le destin...
C'est malicieux, très émouvant, d'une grande originalité et définitivement une belle réussite.
Une lecture qui m'a remplie le coeur.

"Celle qu'il attendait" c'est comme si Jean-Pierre Jeunet, Boris Vian et Mathias Malzieu s'étaient unis pour me raconter une histoire d'amour. Sauf que c'est encore bien plus que ça. "Celle qu'il attendait" est une histoire de corps, de sororité, une histoire du temps qui passe comme les gens défilent dans nos vies et parfois laissent des traces. Un roman vulnérable, profondément créatif, et sûrement le meilleur de l'auteur.