Fissuré

Sacré coup de poing !
Un témoignage qui ne peut pas laisser indifférent.
Ça remue. Ça révolte. Ça bouleverse.

L'auteur était parti à Port-au-Prince pour s'occuper d'enfants des rues. Faire sa part en quelque sorte. Se sentir utile.
Il se rend vite compte que ce n'est pas si simple. Manque de moyens. Enfants qui se sentent plus libres à la rue qu'au foyer. Il va falloir qu'il se batte pour les aider.

Un séisme démolit toute la ville. Tout le monde se retrouve à la rue, avec la peur au ventre. Pour ceux encore vivants.
Odéric aurait pu partir, mais il choisit de rester. Pour aider. Encore une fois. Il se sent bien plus utile ici.

Rentré en France, il cherche encore à donner du sens à sa vie, et travaille dans la protection de l'enfance. Mais rien n'est simple, encore une fois. Il finit par ne plus se sentir à sa place.

Il se débat avec son envie d'aider, la cruauté du système, les injustices... Il a fait tout ce qu'il a pu. Il ne peut pas plus. Il ne peut plus. Il s'écroule. Les fissures ont fini par le faire tomber.

L'auteur a vécu l'écriture de ce livre comme un exutoire. Toutes ses émotions sont dedans. Pas de langue de bois. On passe par l'optimisme, l'excitation, la peur, la colère, la tristesse, la révolte, la résignation, le sentiment d'impuissance, la culpabilité, l'amour...jusqu'à finalement aboutir à une éclaircie.

La vie continue. Malgré tout.

C'est un témoignage qui m'a beaucoup touchée. Quand on travaille dans l'humanitaire ou le social, je pense qu'on aimerait tous avoir une baguette magique, ou une cape de super-héros pour que tout soit amélioré, équitable, humain... Malheureusement c'est bien plus complexe que cela ; les changements prennent du temps...parfois ils nous semblent dérisoires, insignifiants. Et à trop s'investir ou se battre on risque d'y laisser des plumes. Aider, faire sa part, tout en se préservant, c'est là un véritable défi.