Le silence est ma langue natale
par Sulaiman ADDONIA
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Date de parution 13 avr. 2022 | Archivage 28 avr. 2022
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Résumé
La nuit est tombée quand Hagos et Saba, frère et sœur, arrivent dans un camp de réfugiés au Soudan avec leur mère. Ils n’ont plus rien et ont fui leur pays en guerre, mais leur cœur bat toujours : Hagos, muet et fragile, et Saba, au caractère farouche, vont trouver l’amour au milieu des ruines.
C’est dans ce monde à part, lieu condensé d’humanité, que frère et sœur vont briser les tabous, renverser les genres et illustrer un conte d’amour sensuel au milieu du chaos.
Par ce roman élégiaque à contre-courant des préjugés, Sulaiman Addonia redéfinit la littérature de l’exil et célèbre avec modernité l’amour sous toutes ses formes. Dans la lignée de Floraison sauvage d’Aharon Appelfeld, Le silence est ma langue natale bouscule nos repères et nos codes, et par le pouvoir de sa langue, illumine l’insupportable réalité.
Le silence est ma langue natale a été finaliste du Lambda Literary Award et du Orwell Prize for Political Fiction. Il est en cours d’adaptation cinématographique.
La nuit est tombée quand Hagos et Saba, frère et sœur, arrivent dans un camp de réfugiés au Soudan avec leur mère. Ils n’ont plus rien et ont fui leur pays en guerre, mais leur cœur bat toujours :...
Formats disponibles
FORMAT | Grand Format |
ISBN | 9782413047643 |
PRIX | 20,00 € (EUR) |
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Chroniques partagées sur la page du titre
"Alors qu’elle contemplait le spectacle qui se déroulait devant elle, Saba songea que la vie à cet endroit consisterait à chercher des alternatives. Les espérances et les prières murmurées sur la place parcouraient tout le camp d’un frémissement silencieux, juste sous ses pieds."
Je découvre Sulaiman Addonia par ce roman paru en début d’année chez les Éditions La croisée. Auteur né en Érythrée, Sulaiman Addonia a grandi dans un camp de réfugiés au Soudan, et est passé par l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni avant de s’installer à Bruxelles. Il a créé le Asmara-Addis Literary Festival (In Exile), festival littéraire qui met à l’honneur la création artistique autour des questions d’exil, couplé à un programme d’écriture pour personnes réfugiées.
Il était une fois dans un camp…
Une soeur et un frère, Saba et Hagos. Un couple familial fusionnel, où l’un se fond dans l’autre. Elle est vive, affirmée, et combattive. Il est doux, muet, et sans haine. Elle vit pour lui ce qu’il ne pourra jamais expérimenter, car son handicap lui ferme les portes. Il vit à travers elle la féminité que la société lui interdit d’arborer.
La guerre frappe leur ville Asmara, capitale de l’Érythrée, et il faut fuir. Saba, Hagos et leur mère partent, puisqu’ils le peuvent, en laissant quasiment tout leurs biens derrière eux. Peut-être pour ne pas paraître indécents aux yeux de leurs voisins qui n’avaient pas les moyens de payer un passeur, se demande Saba. Ou bien pour avoir une raison de revenir, d’espérer un après où l’on retrouve son lit, son bureau, son jardin…Sa vie d’avant.
Autour d’eux gravitent une petite foule de personnages, certains plus bienveillants que d’autres. Car cette union fraternelle gêne, et attise les ragots et les fantasmes, alimentés par la liberté de Saba. On suit leur quotidien dans un camp, les rituels qui marquent le temps, l’attente permanente, l’ennui, l’espoir d’une situation que l’on espère transitoire, les pressions sociales et religieuses qui régissent et étouffent chaque aspect de la vie : on y fait des faux tribunaux où accueillir de faux procès, on contrôle de manière obsessionnelle le corps et les mouvements des femmes, on traque chaque comportement suspect ou déviant.
Mais il y a aussi le réenchantement d’un quotidien morose par les rêves et espoirs que chacun.e porte enfouis, et la tension physique omniprésente accentuée par la promiscuité. Sulaiman Addonia nous offre ici un récit ardent, sensuel et multiple, où l’amour et le genre prennent des formes ouvertes et sensibles. C’est un texte tout sauf misérabiliste et essentialiste, qui traite l’humain dans toute sa complexité, et prend des chemins surprenants.
J’ai apprécié cette découverte, et compte bien me pencher sur son précédent roman, Les amants de la mer rouge, qui semble déjà porter des réflexions sur l’exil, l’amour interdit, et la condition des femmes.