Dans ce roman, nous suivons divers personnages au sein d'un EHPAD : de la soixantenaire obligée d'y installer sa mère, à la mère qui perd petit à petit ses moyens, en passant par le vieil homme malade et rancunier qui perd petit à petit la tête, aux deux aides soignantes, l'une d'une trentaine d'année subissant son mariage désunit et l'autre souhaitant se marier pour échapper à la pression familiale.
Au début de ce roman, je pensais sincèrement que j'allais l'abandonner : j'ai trouvé le Prologue nébuleux, mais il m'a intriguée : j'ai alors continué ma lecture. En vérité, Départ pour l'ailleurs de Jeanne Siatelli est un véritable coup de cœur qui m'a profondément remuée.
C'est un roman profondément juste : peut-être trop justement. Il ne nous épargne rien de la réalité de la vie. Il ne nous épargne pas les craintes, les questionnements, les traumatismes. J'ai été touchée par chacun des personnages que l'on suit. J'ai été touchée par Jeanne, qui finit par prendre la décision la plus dure qui soit. La maman, qui dès le début subit les conditions inhumaines de l'EHPAD : les vieilles personnes ne sont là que pour attendre leur mort. C'est une femme qui cache à lourd secret qu'elle n'arrivera jamais à dire à ses filles : c'est un récit dur au fond et poignant que nous laisse entrevoir la nébuleuse de ses pensées.
J'ai beaucoup apprécié Patricia et Malika, qui toutes deux vivent des histoires parfaitement réalistes et dures. Dures parce que, quelque part, les réalités énoncées font peur.
Je crois que c'est un roman auquel n'importe qui peut s'identifier, il y a forcément un passage, une phrase, qui fera déclic dans les esprits, qui va réveiller les craintes, les questions sans réponse. Le récit est poignant, il nous mène tout doucement, mais inexorablement, vers la mort. Pour une jeune personne telle que moi, ce roman est une forme de récit initiatique et philosophique qui me fait me questionner, tout en m'émouvant sincèrement (jusqu'à m'en faire pleurer).
Je l'ai véritablement adoré et je ne peux que le conseiller.