Emmanuel Verley signe ici son premier roman, dont le décor est planté sur la scène parisienne, où se mêlent sans jamais se mélanger – ou que très rarement – les classes sociales, comme l’eau et l’huile.

🗼 Claquemuré dans le carcan des préjugés et asservi par la pensée unique qui ne laisse aucune place au « moi-même », Alex, tel un automate dans une société conditionnée par l’argent et les apparences, est subjugué par l’autre côté, celui où les règles volent en éclat. De là à mettre de l’huile sur le feu de sa vie quotidienne qui s’éteint peu à peu, il n’y a qu’un regard, celui échangé avec la sensuelle Nadia dans un club parisien.

🗼 En mettant Nadia dans son lit, il soulève aussi les draps qui cachent les interdits. Hakim, l’un des deux frères de la belle naïade dont les courbes épousent avec volupté ces recoins de l’âme qui piaillent d’impatience à l’idée de transgresser les règles, ne serait-ce que pour se sentir vivant, entraîne Alex dans un monde qui bouge à toute allure. Un monde où la frénésie et l’adrénaline sont le combustible d’une bravoure travestie par les substances psychotropes et les vapeurs de l’alcool, en réplique à la couardise qui vient se loger dans les pores de la banalité du quotidien. Dans cette descente aux enfers, Alex parviendra-t-il à se reconstruire alors que cette société hermétique aux règles bien enracinées qu’il abhorrait lui tourne le dos ?

🗼 Ce récit, qui retrace l’odyssée d’un individu ordinaire dans un univers transgressif, s’apparente à une épopée grecque antique de par la poésie des mots. J’en suis venue à relire une même phrase plusieurs fois pour m’imbiber de toute son opulence linguistique. Ô que les mots sont beaux, que la langue française est belle ! Ceci dit, le récit est tel qu’on ne peut s’attacher aux personnages.

Mais n’est-ce pas là l’objectif recherché par l’auteur puisque « Alex, c’est vous et c’est moi, qui poursuivons le cours de jours futiles et incolores » ?