Boxer comme Gratien

Dans "Boxer comme Bastien", Didier Castino se prête avec beaucoup de subtilité à l'exercice de la "fiction biographique". Alors que la boxe en France dans les années 1970 peut sembler être un sujet de niche de prime abord, elle s'avère un contexte passionnant pour étudier le parcours d'un grand sportif, au personnage plus grand que lui. De son physique méditerranéen, de ses airs de Jean-Pierre Castaldi et de Belmondo, il fait son charisme, tout en œuvrant toute sa vie à faire de la bienveillance son moteur, en dépit de l'image de voyou que l'on se plaisait à lui flanquer. Malgré ses exploits sur le ring, sa contribution à faire combattre des Français aux États-Unis, tout ce que l'on retient de lui, et avant même que sa carrière ne soit finie, c'est l'image d'un boxeur de seconde zone, illettré, loin d'être une star. Et si l'argent rentre dans sa vie, ce qu'il en a fait relève du mythe.
En terminant l'ouvrage, l'on ne peut s'empêcher de se demander quel pourcentage de cette vie racontée est réellement biographique, tant les différents intervenants écoutés par l'auteur ont l'air de plutôt dresser le portrait d'une légende que celui d'un homme. Cela n'altère cependant en rien l'émotion que l'on ressent à découvrir ce marginal, cet individu au cœur chaud. Si son destin n'a pas été aussi lisse que celui de Rocky Balboa, il a dans son livre un récit on ne peut plus honorifique.