Le Prix du savoir

En débutant ma lecture, je m’attendais à une histoire fantastique sur fond de superpouvoirs. Or, l’autrice aborde également avec justesse un certain nombre de thématiques importantes. Le racisme ainsi que les violences policières dont sont victimes les noirs aux Etats-Unis sont notamment traités par Brittney Morris. Avec les personnages d’Alex et d’Isaiah l’autrice dénonce brillamment l’insouciance volée à ces jeunes victimes de racisme et de jugements hâtifs.
Karen, la voisine qui semble apprécier Alex et Isaiah, n’en reste pas moins pétrie de biais racistes. Totalement déconnectée de la réalité à laquelle sont confrontés les deux adolescents, elle ne comprend par exemple pas pourquoi la présence de policiers met si mal à l’aise Alex. C’est ce racisme latent qui va hélas mener à plusieurs drames.

L’esclavage est également évoqué par l’autrice, par le biais notamment du don très particulier d’Isaiah.
A travers les pouvoirs des deux garçons et cette malédiction familiale transmise de génération en génération à tous les hommes de la famille, c’est un traumatisme intergénérationnel qui se trouve métaphoriquement au cœur du livre.
Ce récit est un vibrant hommage à ces garçons noirs, injustement privés de leur insouciance d’enfant, contraints de grandir beaucoup trop vite et obligés de composer avec une histoire familiale douloureuse dans un pays marqué par près de trois siècles d’esclavage et près d’un siècle de ségrégation raciale.
Un pays qui fait d’Alex et d’Isaiah de même que de tous les garçons noirs des coupables jusqu’à preuve du contraire.

La relation entre les deux frères m’a beaucoup touchée. Après avoir traversé un drame familial qui les a tous deux ébranlés, les deux jeunes garçons se sont éloignés. Se renfermant sur eux-mêmes, gardant secret ce don devenu un véritable fardeau, ils ont vécu comme deux étrangers des années durant. C’est ce terrible flash d’Alex qui va les rapprocher. Au fil du livre, on observe la relation des deux frères qui évolue. Leur complicité se retisse peu à peu. Pas à pas, ils se réapprivoisent.
J’ai été en revanche moins convaincue par la relation Alex/Talia. N’étant déjà pas adepte de romance, j’aurais ici préféré que l’histoire se concentre sur la relation entre les deux frères.
D’autant que l’intimité Alex/Talia est à plusieurs reprises évoquée dans le récit, ce qui selon moi n’était pas nécessaire.

Les dons particuliers dont sont dotés les deux adolescents m’ont beaucoup plu et j’aurais apprécié qu´ils soient davantage approfondis. J’ai trouvé la résolution un peu rapide, je pense qu’elle aurait pu être un peu plus étayée. Ceci dit j’ai beaucoup aimé cette idée des pouvoirs magiques et la relation entre les deux frères m’a particulièrement émue.

Quant aux thèmes touchant au racisme et aux violences policières je trouve qu’ils ont été extrêmement bien abordés par l’autrice. Le lecteur se retrouve projeté dans l’esprit d’Alex et c’est sa perception des choses à lui, adolescent noir américain que l’on découvre, avec toutes les peurs et difficultés que cela implique.