« 𝓘𝓵𝓼 𝓮́𝓽𝓪𝓲𝓮𝓷𝓽 𝓽𝓸𝓾𝓼 𝓶𝓸𝓻𝓽𝓼 ! 𝓛𝓮 𝓹𝓮̀𝓻𝓮, 𝓵𝓪 𝓶𝓮̀𝓻𝓮 𝓮𝓽 𝓵𝓮𝓼 𝓽𝓻𝓸𝓲𝓼 𝓮𝓷𝓯𝓪𝓷𝓽𝓼. 𝓣𝓸𝓾𝓼, 𝓭’𝓾𝓷𝓮 𝓫𝓪𝓵𝓵𝓮 𝓭𝓪𝓷𝓼 𝓵𝓪 𝓽𝓮̂𝓽𝓮. 𝓐̀ 𝓳𝓪𝓶𝓪𝓲𝓼 𝓰𝓻𝓪𝓿𝓮́𝓮𝓼 𝓭𝓪𝓷𝓼 𝓼𝓪 𝓶𝓮́𝓶𝓸𝓲𝓻𝓮, 𝓬𝓮𝓼 𝓲𝓶𝓪𝓰𝓮𝓼 𝓵𝓪 𝓱𝓪𝓷𝓽𝓮𝓷𝓽 𝓭𝓮 𝓳𝓸𝓾𝓻 𝓬𝓸𝓶𝓶𝓮 𝓭𝓮 𝓷𝓾𝓲𝓽. 𝓣𝓸𝓾𝓳𝓸𝓾𝓻𝓼 𝓵𝓮𝓼 𝓶𝓮̂𝓶𝓮𝓼 : 𝓬𝓮𝓵𝓵𝓮𝓼 𝓭𝓮 𝓬𝓮𝓼 𝓬𝓸𝓻𝓹𝓼 𝓲𝓶𝓶𝓸𝓫𝓲𝓵𝓮𝓼, 𝓭𝓮 𝓬𝓮𝓼 𝓿𝓲𝓼𝓪𝓰𝓮𝓼 𝓮𝓷𝓼𝓪𝓷𝓰𝓵𝓪𝓷𝓽𝓮́𝓼. »

Dès le premier paragraphe du prologue, on sait comment cela finit : toute une famille abattue. Mais qu’a-t-il bien pu se passer pour que l’inconcevable se produise ? C’est à travers des séances de psychologie que Laurie essaie de surpasser ses traumatismes, en remontant le fil des évènements survenus suite à une petite annonce fort attractive : « Nous recherchons pour la rentrée prochaine une jeune fille pouvant s’occuper d’un enfant de cinq ans, préparer les repas et effectuer quelques tâches ménagères en échange de la mise à disposition d’un studio meublé de 25 m2 dans notre nouvelle maison à Versailles. ». Moi-même j’aurais postulé s’il y avait assez de place pour tous mes livres…

L’histoire nous est contée par Laurie, entrecoupée par-ci par-là des points de vue de quelques proches et des pensées de Pierre et Marie-Ange, dont les corps n’ont pas encore eu le temps de refroidir. Alors, oui, dit comme ça, ça peut paraître étrange mais, croyez-moi, ça fonctionne ! Cela fonctionne d’ailleurs si bien que l’on oublierait presque que ces deux personnages ne sont plus de ce monde, comme si l’on suivait leur longue déchéance dès les premiers instants jusqu’au moment fatidique, et non pas le contraire.

Bien que l’on sache dès le début comment cette histoire va se terminer, Hélène Rumer ménage le suspense, soulevant quelques questions, notamment sur l’identité de la personne qui a appuyé sur la détente mais aussi en ce qui concerne une tierce personne, non étrangère à la descente aux enfers de cette famille qui, vue de l’extérieur, avait tout pour mener une vie de rêve.

Dans ce court récit hyper réaliste, l’autrice a su trouver les mots justes pour nous attirer dans son filet : comme des voyeurs, nous assistons impuissants à la décrépitude d’un couple, rongé par les mensonges et les non-dits, à l’avilissement d’une femme face à un mari que l’alcool a transformé en tyran. Peut-il y avoir un vainqueur lorsque la dépression et la dépendance montent sur le ring de la vie ?

Bref, un roman court mais prenant, un style clair et concis au service d’une plume fluide ; je ne le dirai jamais assez : nos auteurs auto-édités ont du talent !

En 2019, Laurie trouve un travail de jeune fille au pair dans une famille versaillaise. Elle est là pour s’occuper du dernier des trois enfants, Paul, 5 ans. La famille est un peu dysfonctionnelle, entre un père sous stress du travail et une mère un peu absente, dépressive.

Un an plus tard, juste après le confinement, un drame arrive. Tous les membres de la famille sont morts par arme à feu. Laurie est la seule survivante. C’est elle qui est arrivée la première sur les lieux du drame. Que s’est-il passé ? A quoi tient le fait qu’elle en ait réchappé ? Comment continuer à vivre avec ces images qui la hante ?

L’auteur va alors démarrer une narration à plusieurs voix pour mieux comprendre ce fait-divers : Laurie, le témoin et observateur extérieur, la mère, le père, la tante, les voisins. Il y a ceux qui n’ont rien vu venir, ceux qui auraient pu, ceux qui ont subi et celui qui a commis.

C’est un livre très bien écrit, avec un angle de vue différent de ce dont à l‘habitude, qui permet d’aller plus loin pour comprendre une longue descente aux enfers, une situation dont on ne voit pas le bout. Au-delà de la cellule familiale, il y a aussi un intérêt certain pour l’entourage et son impact tout aussi intéressant à lire. J’ai beaucoup apprécié cette lecture.