𝓐𝓾-𝓭𝒆𝓼𝓼𝓾𝓼 𝓭𝒆 𝓶𝓸𝓷 𝒆́𝓹𝓪𝓾𝓵𝒆, c’est le genre de roman qui vous prend aux tripes, qui vous parle directement au cœur tout en vous susurrant des mots réconfortants à l’oreille, qui vous fait sourire, puis rire aux éclats, pour finalement vous arracher cette larme au coin de l’œil qui, d’abord timide, en appelle d’autres ; c’est le genre de roman où l’autrice se dévoile, avec pudeur mais en toute sincérité, tout en regardant au-dessus de votre épaule pour mieux vous guider au travers de la lecture, comme cette amie qui, bien que réservée, reste à vos côtés même quand la vie semble vouloir s’acharner contre vous. Et, au fur et à mesure que la complicité entre l’autrice et le lecteur s’installe, on se prend à regarder aussi au-dessus de son épaule pour mieux appréhender tout ce qui arrive à Alice, son personnage principal, à qui elle donne la parole pour qu’elle devienne sa voix.

Ce roman, inspiré de faits réels, est non seulement une très belle leçon de vie, pour nous tous, et surtout nous toutes, mais aussi une leçon d’espoir pour celles et ceux qui, face à la maladie, quelle qu’elle soit, peinent à trouver la force et le courage pour, si ce n’est l’affronter de front, l’accepter pour mieux l’apprivoiser.

Sandra Gueury a réussi haut la main le pari de nous faire partager son vécu, sans pour autant faire de son histoire un récit autobiographique aux contours nets et précis ni tomber dans le pathos en écrivant un texte à faire pleurer les pierres. Et pourtant, elle aurait bien des raisons de jeter des pierres contre les apparences du bonheur… Mais à quoi bon puisque celles-ci s’effritent ? Et puis, l’autrice est une femme élégante, autant dans sa façon d’écrire que dans sa manière de (se) raconter, elle n’a nullement besoin d’avoir recours à ces stratagèmes que dicte l’absence de caractère. Et c’est qu’elle en a à revendre du caractère, Alice ! Elle n’en veut pas aux autres, ou peut-être un peu, parfois beaucoup, surtout lorsqu’ils sont incapables de se mettre à sa place, de comprendre sa souffrance, néanmoins, même dans ces moments de colère, où le sarcasme pose fièrement devant les phrases toutes faites dégoulinantes de condescendance qu’on lui ressert à toutes les sauces, la narratrice garde la tête haute.

Si cette histoire n’était que fictionnelle, en attesterait d’ailleurs le ton léger, badin, enjoué du récit, on tournerait avec avidité les pages pour arriver, enfin, au happy end parce que, bordel, qu’est-ce qu’elle s’en prend des mauvaises nouvelles en pleine poire notre Alice, et avec ça tout le lot de séquelles physiques et psychologiques qui vont avec. Sauf que, voilà, cette histoire, c’est du réel, du vécu, de l’authenticité… Et c’est là que vous me reprochez d’en avoir trop dit ! Mais pas du tout ! Qui vous dit que cette histoire se termine mal ? Et puis, qui vous dit que cette histoire a une fin ? Sandra Gueury a certainement encore beaucoup de choses à nous raconter mais j’ose espérer, pour les meilleures raisons qui soient, qu’il n’y aura pas de suite…

Quel texte ! C’est triste à dire, et si vous le lisez vous comprendrez pourquoi je dis ça, mais quel énorme coup de cœur ! Que dis-je, « si vous le lisez », mais non, lisez-le, un point c’est tout !

Le livre retrace les hauts et surtout les bas de la vie de l’héroïne. Seul son point de vue est décrit. On sent cependant sa formidable envie de vivre et de rire malgré les coups du sort.
L’écriture est fluide et agréable.

Magnifique ode à la vie ! Continuer coûte que coûte à avancer à travers les épreuves de la vie avec beaucoup d’autodérision et d’humour.