Le verdict tombe : vingt ans de réclusion pour meurtre. Dans le box des accusés, Kamel Hadjedj crie son innocence mais les gendarmes l’emmènent. Ce qui pourrait n’être qu’un énième fait divers plonge en réalité ses racines dans l’histoire de France, dans une autre époque, un autre monde, celui de la guerre d’Algérie. Car derrière Hadjedj, le coupable idéal, se dessinent les silhouettes d’autres hommes, tous pris dans la tourmente des « événements » : Antoine Ettori, soldat perdu qui a rejoint les rangs de l’OAS, et Robert Féblart, médecin proche des indépendantistes du FLN. Entre ces différents protagonistes, l’Histoire tissera sa toile, entremêlant les destins et les engagements, poussant chacun à sa perte. C’est dans le passé que le sort de tous trouvera une explication.

Avec Dans les plis du drapeau, Frédéric Casotti fait resurgir toute l’ambiance d’une époque, l’atmosphère tendue d’un conflit qui marquera durablement l’ensemble de la société française. Il y parvient par la justesse psychologique avec laquelle il décrit les combats de chacun, par la précision de ses analyses, et surtout – en évitant les pièges de la reconstitution historique – par son style, rapide et limpide.

L’auteur renoue ici, à la façon des Poneys sauvages de Michel Déon ou de L’Insoumis d’Alain Cavalier, avec le meilleur du romanesque « politique », celui qui ne se perd jamais dans les démonstrations et les thèses mais suit, au plus près, le parcours de ses personnages. « L’Histoire est la science du malheur des hommes », disait Raymond Queneau. Ce roman le prouve avec maestria.