La septième fonction du langage

roman

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Date de parution 19 août 2015 | Archivage 19 déc. 2015

Résumé

« A Bologne, il couche avec Bianca dans un amphithéâtre du XVIIe et il échappe à un attentat à la bombe. Ici, il manque de se faire poignarder dans une bibliothèque de nuit par un philosophe du langage et il assiste à une scène de levrette plus ou moins mythologique sur une photocopieuse. Il a rencontré Giscard à l’Elysée, a croisé Foucault dans un sauna gay, a participé à une poursuite en voiture à l’issue de laquelle il a échappé à une tentative d’assassinat, a vu un homme en tuer un autre avec un parapluie empoisonné, a découvert une société secrète où on coupe les doigts des perdants, a traversé l’Atlantique pour récupérer un mystérieux document. Il a vécu en quelques mois plus d’événements extraordinaires qu’il aurait pensé en vivre durant toute sa vie. Simon sait reconnaître du romanesque quand il en rencontre. Il repense aux surnuméraires d’Umberto Eco. Il tire sur le joint. »

Le point de départ de ce roman est la mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette de blanchisserie le 25 février 1980. L'hypothèse est qu'il s'agit d'un assassinat. Dans les milieux intellectuels et politiques de l'époque, tout le monde est suspect...

« A Bologne, il couche avec Bianca dans un amphithéâtre du XVIIe et il échappe à un attentat à la bombe. Ici, il manque de se faire poignarder dans une bibliothèque de nuit par un philosophe du...


Formats disponibles

FORMAT Ebook
ISBN 9782246854944
PRIX 8,49 € (EUR)

Chroniques partagées sur la page du titre

Si vous aimez la littérature de haute volée, la linguistique et le style polar, vous trouverez ici la parfaite combinaison. Un roman à ne pas manquer pour un subtil et hilarant regard sur les rapports entre fiction et réalité.

Passionnée de linguistique au lycée et à l’université, la lecture de La septième fonction du langage me semblait absolument incontournable. La chronique de À livre ouvert a fini par me convaincre. C’est sans aucun doute un de mes meilleurs livres de l’année. Je vous invite à aller plus loin pour savoir pourquoi.

L’idée du roman est à mon avis, disons-le d’emblée, géniale : Laurent Binet part d’un fait divers touchant au monde intellectuel, et maniant fiction et réalité, il montre comment et jusqu’où on peut tordre l’histoire.
Pour être plus précise : au sortir d’un déjeuner avec François Mitterrand (un an avant les élections), le grand sémiologue Roland Barthes est renversé par une camionnette le 25 février 1980 à Paris. Il en mourra un mois plus tard, à l’âge de 64 ans. Et si c’était plus qu’un stupide accident de la route ? Si c’était un assassinat ? Il semblerait qu’il était alors en possession d’un document inédit du linguiste Jakobson présentant une secrète fonction du langage (ajoutée aux 6 fonctions bien connues). Celui qui maîtriserait cette fonction pourrait persuader n’importe qui de faire n’importe quoi : quel outil remarquable pour une campagne électorale !
Alors, qui a donc pu vouloir tuer Barthes pour s’emparer de ce précieux texte ?

Pour le trouver, le roman s’organise alors comme un polar où deux enquêteurs vont se mettre à la recherche du manuscrit. Chaque partie du livre les envoie dans des lieux différents : Paris, Bologne, Ithasca, Venise et Naples (Épilogue).On se retrouve ainsi dans de hauts lieux, tels entre autres le Collège de France, l’Université de Vincennes, la bibliothèque de Beaubourg et de Cornell (description d’un campus américain typique au chapitre 61!) Au début, le livre alterne entre le récit et des explications sur la sémiologie, entre nous une bonne façon de réviser ces notions ! Le commissaire Bayard, ébahi par le jeune sémiologue Simon Herzog, le réquisitionne pour l’aider à interviewer les suspects. Franchement, Bayard n’y comprend rien, et Simon l’introduit à ces grandes théories, un peu à la façon de la sémiologie “pour les nuls” (les 6 fonctions du langage sont présentées au chapitre 32).

Le livre est très sérieux. Il nous met en présence de tous les grands de la French Theory, de la linguistique, de la sémiologie, du structuralisme (Saussure, Foucault, Deleuze, Jakobson, Althusser, Todorov, Umberto Eco, JL Austin, John Searle, Derrida,Kristeva, Sollers, et BHL!, entre autres), ainsi que d’autres auteurs (Sartre, Sagan), les hommes politiques, les célèbres journalistes de l’époque, etc.
Les dialogues entre les linguistes sont souvent même des montages de citations qu’ils ont véritablement dites ou écrites. Mais, et c’est là aussi un trait de son génie, le roman est également extrêmement hilarant, avec des éléments de satire (sur le monde intellectuel, politique et journalistique, aussi sur le monde homosexuel du temps – on peut même y lire une comparaison entre sémiologie, rhétorique et tennis, chapitre 85). Et puis nous allons même découvrir une société secrète, le Logos Club (avec des utilisations subtiles de ses initiales), dont les membres s’affrontent lors de joutes littéraires et “digitales”.

Un autre élément d’écriture que j’aime beaucoup dans ce livre est le style juxtaposé : dans plusieurs scènes, deux ou trois choses se déroulent en même temps dans un même lieu et l’auteur alterne la présentation des actions des uns et des autres. La juxtaposition à l’état nu, sans commentaire, sans liaison grammaticale, porte la satire à un niveau sublime.
Le livre se termine avec une excellente perspective sur le héros aux prises avec le romancier.

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