Quelque part dans les environs de Nantes, un petit village où la vie des habitants s'écoule sans surprise, où l'alcool joue un grand rôle. L'auteur nous fait découvrir quatre « potes » figés dans une routine anesthésiante, entre les beuveries au café, ou les uns chez les autres. Ils n'ont qu'une trentaine d'années, on dirait qu'ils en ont trente de plus. Ils sont tous célibataires, n'ont aucun projet. On a l'impression qu'il ne leur reste plus rien à vivre.
Vous m'auriez dit à ce moment que j'allais aimer ce bouquin, j'aurais doucement rigolé. Et pourtant…
Petit à petit, leur histoire se précise : leur jeunesse a été brutalement interrompue par la mort de l'un d'eux, et chacun essaye sans grand succès de surmonter ce choc. Chacun seul dans son coin : il ne faut surtout pas dépasser, surtout pas montrer que l'on souffre plus que les autres. L'amitié est silencieuse, ils ne savent pas se parler. Ils ne sont pourtant pas des brutes : on va découvrir les talents cachés de certains. La non plus, le partage ne leur semble pas possible. Cette situation qui pourrait rester inchangée pendant encore de nombreuses années va se dénouer lors de l'achat par l'un d'entre eux d'un livre qui relate les évènements d'il y a dix ans : Qui l'a écrit ? Comment tous les détails sont-ils connus de l'auteur ? Et de fil en aiguille, de prises de conscience en aveux les uns envers les autres, ils vont se dévoiler et dévoiler la vérité.
L'auteur décrit très bien ce milieu et les contraintes qu'il impose, comment chacun s'interdit de sortir du lot. La psychologie de chacun des quatre protagonistes est finement analysée. On suit avec l'auteur les méfaits du non-dit, de cette pudeur masculine qui leur interdit de parler : cela fait tellement longtemps qu'ils se taisent qu'ils ne savent plus communiquer les uns avec les autres. Ils restent chacun dans leur souffrance, leur culpabilité, et noient leurs sentiments dans l'alcool. L'alcool est un exutoire et le seul moyen de communication qu'ils ont trouvé. La découverte du livre va les forcer à sortir de ce fonctionnement, mais qu'ils sont compliqués ces premiers échanges. Que les mots ont du mal à sortir.
Un roman tout en retenue, une écriture pleine d'humanité et de tendresse avec en introduction à chaque chapitre des extraits du livre : des mots magnifiques pour exprimer le ressenti de l'auteur, le deuil impossible. L'auteur m'a peu à peu embarquée dans son histoire, je me suis attachée à ces anti-héros si maladroits et si touchants. Je le remercie vivement d'avoir partagé son roman avec moi, je ne l'aurais sans doute jamais découvert sinon. Et cela aurait été bien dommage #Leseffluvesindélébiles #NetGalleyFrance

Avis : INCONTOURNABLE

Au détour des nombreux livres d’une PAL, il y a la surprise, le premier roman d’un auteur qui vous fait dire : tous les mots ne font pas la même musique et ici, c’est de l’opéra ! Oui, c’est lourd, c’est noir, c’est rural et c’est tellement humain. Dans ce style de roman, je n’aime pas le misérabilisme ; il n’y en pas un soupçon, j’ai donc été comblée.
Comment décrire sans appauvrir l’histoire ce que l’auteur a voulu nous faire vivre ? Vince, Brioche, La Biche et Rousine sont quatre trentenaires qui ont perdu un ami commun et qui noient dans l’alcool leurs souvenirs, leurs regrets et peut-être leurs remords. Un drame qui en soi n’a rien d’original dans le malheur, mais qui est si bien traité, tout en intériorités, qu’il est source de silences, de non-dits, d’incompréhensions. Un évènement fera remonter les souvenirs à la surface et face aux interrogations, les vraies personnalités se dévoileront, chacun cherchant néanmoins à ne jamais « dépasser ». Tout ceci sur fond de vie en France profonde autour du bar du village, réalité sociale que certains regardent sans vouloir voir.
Après un début prometteur mais laborieux, l’intrigue se met en place et ne nous permet plus de lâcher les Pourquoi et les Comment. L’auteur joue avec nos nerfs en déroulant les existences de personnages à la fois détruits et pleins d’idéaux et d’envies. Le trop plein d’alcool qui nous semble être leur raison d’être s’effiloche pour n’être plus que le délassement du week-end, l’occasion d’avoir une vie sociale et amicale, après une semaine de travail normal. Un monde de gens intelligents et doués s’impose quand la lorgnette s’éloigne pour que l’angle de vue s’agrandisse.
Toute la force et le talent de ce jeune auteur résident dans l’extrême simplicité de l’écriture faite de vocabulaire simple et quelquefois local, épurée comme le visuel de couverture, âpre comme les vies qu’il décrit. Il y a une histoire commune, un suspense poignant, des vérités à connaître, des hommes qui doivent se pardonner. C’est beau, c’est grand.
Je ne suis pas surprise que ce roman soit 3ème au prix des étoiles Librinova 2020, c’est un petit bijou de roman social. Je lui souhaite de trouver très vite la Maison d’Édition qui lui donnera toutes ses chances pour gagner le cœur du plus grand nombre.
Je remercie #NetGalleyFrance et Librinova pour l’envoi de #leseffluvesindélébiles en service presse.

Ce premier roman plonge le lecteur dès la première page dans un France rurale au bistrot pour suivre quatre amis.. Vince, Brioche, La Biche et Rousine sont quatre trentenaires qui ont perdu un ami commun et qui noient dans l'alcool leurs souvenirs, leurs regrets et peut-être leurs remords. On découvre lentement la vie, les émotions et les secrets des personnages. Les conditions de vie du monde rural entre solidarité, tabous et pression sociale se dévoilent avec finesse et auteur réussi parfaitement cette immersion.. L’amitié profonde qui lie ces quatre héros autour du deuil du disparu Yoan, le silence français qui est une manifestation de la pudeur et du sentiment font toutes les effluves unique de ce récit. Une lecture simple et touchante.