La Dernière Allumette

Lu par Caroline Tillette et Renaud Bertin
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Date de parution 5 mars 2024 | Archivage 9 juin 2024
Audiolib | Littérature

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Résumé

Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle vit recluse dans un couvent en Bourgogne. Sa vie d’avant ? Elle l’a en grande partie oubliée. Elle est même incapable de se rappeler l’événement qui a fait basculer sa destinée et l’a poussée à se retirer du monde.

De loin, elle observe la vie parisienne de Gabriel, son grand frère, dont la brillante carrière d’artiste et l’imaginaire rempli de poésie sont encensés par la critique. Mais le jour où il rencontre la lumineuse Zoé et tombe sous son charme, Abigaëlle ne peut s’empêcher de trembler, car elle seule connaît vraiment son frère…

Un trésor de sensibilité et d’émotions brillamment construit. Marie Vareille démontre une nouvelle fois son talent unique pour nous tenir en haleine de la première à la dernière page.

Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle vit recluse dans un couvent en Bourgogne. Sa vie d’avant ? Elle l’a en grande partie oubliée. Elle est même incapable de se rappeler l’événement qui a fait...


Formats disponibles

FORMAT Livre audio, Intégral
ISBN 9791035416034
PRIX 21,95 € (EUR)
DURÉE 7 Heures, 45 Minutes

Disponible sur NetGalley

Application NetGalley Bibliothèque (AUDIO)

Chroniques partagées sur la page du titre

« La dernière allumette », celle que vous gardez au fond de vos poches pourrait vous sauver des forêts sombres qui peuplent la bibliothèque de vos souvenirs à l’image d’Abigaëlle, narratrice du roman, qui vit recluse à l’abbaye Sainte-Marie-de-la-Saône à Genevigny. Depuis vingt-sept ans, elle a fait vœu de silence, mais cela ne l’empêche pas de parler de ses jeunes années auprès de son frère Gabriel, et de ses parents. Entre un récit « au présent » et ses mémoires de jeunesse consignées dans de nombreux carnets, elle livre ses pensées de petite fille, et observe l’existence de son frère « de loin ». Parallèlement, les différents récits sont entrecoupés de secrets livrés dans le cabinet du Docteur Garnier, dans lequel une jeune femme s’épanche et avoue les difficultés de son quotidien.

« Gabriel n’est pas celui que vous croyez. », incipit de « La dernière allumette ». C’est ainsi que s’exprime Abigaëlle au temps présent, elle qui s’ennuie tant au sein des religieuses qui évoluent en ce lieu. Elle se souvient de ce jour tragique, un enterrement. Qui réside à l’intérieur de ce cercueil ? Quelle tragédie est venue frapper le petit village de Genevigny ? Abi ne s’en souvient pas, mais dans ses carnets qui débutent en 1990, elle a 7 ans. Sur conseil de son psy, le docteur Hassan, elle couche ses pensées sur le papier pour « aider à ranger son cerveau », et aussi parce que ces carnets représentent son intimité, « parce que personne a le droit de lire ». Ses mots d’enfants sont touchants. Elle parle de son QI, « Le cui, ça veut dire que je suis une petite fille très intelligente », de ses difficultés à l’école, de sa maison et du grand vitrail du premier étage qu’elle associe à « du lard moderne ». À travers ses diverses réflexions, elle évoque sa famille. Son frère Gabriel, 10 ans, qui « met des torgnoles », sa mère « Maman est une fée. Même Papa le dit : c’est la fée Néante. », aide-soignante qui n’exerce plus son métier, car faudrait pas « (…) qu’elle en profite pour faire sa pute avec les médecins de garde. », son père « Il est super intelligent, mon Papa. Lui, il travaille en tant que personne dans un bureau. », le docteur Hassan que son père surnomme « Un Charlatan de psy ».

Lentement, le lecteur adulte sent que dans la famille Lemonnier, il se passe des choses pas très nettes et qu’Abi ne peut qu’appréhender les événements comme une enfant. Le docteur Hassan l’aide à mettre de l’ordre dans ses idées tout en cherchant à savoir réellement ce qui se passe derrière les portes closes de sa maison « Quand mon cerveau a pas envie de comprendre quelque chose, il le cache très profond dans ma tête et c’est comme si j’avais tout oublié. C’est la mnésie à cause des tresses trop matiques. » Parfois, la vérité est difficile à formuler, parfois on la dissimule volontairement pour ne pas affecter son entourage, parfois on protège les autres en pensant que c’est nécessaire pour l’équilibre de tous. Où est la vérité ? Où est le mensonge ? Comment faire la différence entre les deux ? « Le docteur Hassan dit : ce n’est pas si compliqué, la vérité, ce sont les faits.

La vérité, ce sont les faits.

La vérité, ce sont les faits.

La vérité, ce sont les fées.

Ma maman est une fée, elle dit que tout va bien. De pas s’inquiéter.

L’essentiel, c’est de s’aimer. Mais parfois elle dit aussi : ça va mal se terminer. »

Dans le présent de « La dernière allumette », il est beaucoup question de Gabriel, ce frère devenu illustrateur et créateur d’une série de livres pour enfants dont le dernier opus « Les tragiques Mésaventures d’Abi Colibri » va bientôt paraître. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une dédicace que Gabriel va rencontrer Zoé Boisjoli, une jeune femme solaire. « Dans la nuit froide qui habitait mon frère, Zoé venait de craquer une allumette. » Zoé est tout l’inverse de Gabriel. Telle une magicienne, elle transforme tout ce qu’elle touche en lumière. « Pourtant, la fée qui s’est penchée sur son berceau lui a donné un talent rare et inestimable dont ses interlocuteurs ne prennent conscience qu’après quelques minutes de discussion et qui a pris Gabriel par surprise : Zoé, depuis toute petite, maîtrise à la perfection l’art de la joie. »Pour Gabriel, si ténébreux, si impénétrable, secret, pétri de crises d’angoisse et de névroses, l’éclatante Zoé est un cadeau tombé du ciel. Mais Abi s’inquiète… quelque chose au fond de son cœur ne la laisse pas tranquille, sa mémoire lui fait défaut, son grand frère lui donne des soucis, le danger rôde sans qu’elle sache réellement pourquoi. « Mon cerveau est la plus grande bibliothèque du monde. Des étagères, à l’infini, chacune aussi haute que la voûte céleste. Vouloir saisir un souvenir, c’est chercher un livre précis dans cette immensité. » Marie Vareille joue alors avec les temps et les espaces, brouille les pistes en insérant des passages dans un cabinet de médecin où la jeune femme qu’il reçoit en consultation livre des faits et des non-dits qu’il faut décrypter.

En refermant « La dernière allumette », j’ai été dans un état proche de la sidération. Comme si, une étrangère avait mis des mots sur un vécu beaucoup trop tenace que je m’efforce, depuis tant d’années à oublier. La construction imaginée par Marie Vareille contribue largement à cette sensation de secousse psychologique. La façon dont elle s’y prend pour distiller les secrets, approcher les personnages en plongeant le lecteur dans le passé et les mots d’une petite fille face au présent, d’un combattant qui bataille d’abord contre ses propres démons est assez exceptionnelle. Je pense par exemple aux « torgnoles », à ceux qui affirment qu’Abi est « père-turbée », qui ne prennent véritablement leurs sens à la toute fin. En opposant l’ombrageux Gabriel à la lumineuse Zoé, elle m’a mise à terre. En expliquant à quoi correspond le tatouage de Gabriel, elle m’a crevé le coeur. En m’autorisant à entrer dans le cabinet du docteur Garnier, elle a attisé ma rage, profonde, omniprésente, lancinante et pourtant vieille d’au moins quarante années…

« La bibliothèque des souvenirs » est un cadeau bien empoisonné. Le pacte que l’on fait avec soi-même face à l’enfant qu’on a été et la femme ou l’homme que l’on deviendra est bien lourd à porter, il nécessite une vigilance de tous les instants. Méfions-nous tous de l’ADN et des schémas si faciles à reproduire. N’oublions pas que l’enfance est le socle de toute construction et que lorsqu’il est bancal, abîmé, brisé, absolument rien ne peut le réparer quand on se barricade derrière son passé.

Marie Vareille dit des choses extrêmement justes et fondées sur la violence familiale en décortiquant le fonctionnement de ce cercle vicieux sous plusieurs angles. Pour ceux qui y sont confrontés : « La violence et la peur, ça reprogramme le cerveau ; même quand c’est fini, ça laisse des séquelles terribles. » Ceux qui l’ont vécue savent l’impossibilité devenue fondamentale de se faire tout petit, inexistant, transparent : « Nous avons été ces enfants funambules. Toujours en équilibre, toujours terrifiés à l’idée de la chute. Le pire, c’était l’attente, parce qu’au fond, nous savions que le calme ne durerait pas. » Une enfance passée sur le qui-vive en attendant que ça explose, que ça se calme, que ça recommence encore. L’enfant qui a vécu dans une famille où la violence fait loi développe un sixième sens que vous n’imaginez pas. Non seulement il sent quand le vent va tourner, mais il sait aussi reconnaître les signes chez ceux qu’il côtoie : les yeux terrifiés qui se cherchent, les respirations qui se contiennent, les corps qui se recroquevillent. L’état de veille permanent est fort bien développé dans « La dernière allumette », de même que le mode survie enclenché dès la première gifle. L’image trouvée par Marie Vareille du « funambule » est d’une acuité rare et d’une lucidité saisissante.

Une telle enfance laisse des bleus que l’on ne voit pas, des séquelles que l’on n’imagine pas, un sentiment d’insécurité permanent présent une vie durant. « Mais j’avais oublié qu’on ne peut se sentir en sécurité nulle part, quand on a passé son enfance à être terrifié par ceux qui auraient dû nous protéger. »

« Les gens comme moi, ils reviennent de l’enfance aussi détruits que s’ils revenaient de la guerre. On devrait être contents d’en être sortis vivants, et c’est vrai, il y a des moments où ça va, où on est presque heureux. Mais certains jours, les séquelles sont tellement lourdes à porter qu’on regrette de ne pas être mort au combat avec ceux qui n’en sont pas revenus. » Je pleure sur ces vies meurtries, ces enfances soufflées, ces vies d’adulte contusionnées, cette recherche permanente de sécurité qui ne sera jamais assez, ces nuits à se réveiller en sursaut pour se souvenir qu’il n’est plus là et ne peut plus nous atteindre, ces colères inexpliquées qui montent, mais ne doivent pas exploser face aux enfants, ces câlins qu’il est si difficile de donner, ces « je t’aime » que l’on dit trop parce qu’on n’en a pas eu soi-même. Je pleure pour tous ces enfants désemparés qui hésitent entre dire et se taire, pour ceux qui se construisent des ailes pour s’envoler, pour ceux qui voudraient craquer « La dernière allumette ».

Toi l’enfant funambule, je te serre fort contre mon cœur. Toi seul sais à quel point « La dernière allumette » de Marie Vareille est une lumière dans l’obscurité. Comprendre les mécanismes, écouter les voix, accepter de baisser la garde pour faire entrer la lumière, ce sont de premiers pas vers l’apaisement. La quête de toute une vie, un combat quotidien entre l’enfant qu’on a été et l’adulte que l’on devient, une vigilance accrue qui ne disparaît jamais complètement.

« La dernière allumette » n’est pas juste un roman, c’est un phare dans les ténèbres de l’enfance saccagée.

Le roman des funambules…
Avis sur la version audio : Une expérience immersive assez exceptionnelle ! Les deux narrateurs, Caroline Tillette et Renaud Bertin, sont absolument brillants. Ils ont compris tout l’enjeu du récit et font naître des émotions supplémentaires grâce à leurs voix, ce que je trouve toujours aussi fascinant ! Il y a une véritable fusion entre le texte et sa narration, ce qui en fait un véritable coup de cœur. Même si je connaissais le texte, ses secrets, ses retournements de situation, la version audio m’a permis de ressentir encore plus intensément les mots de Marie Vareille. Cette histoire est à crever le coeur… L’écrivaine a compris les mécanismes nés de la violence familiale et Caroline Tillette et Renaud Bertin leur ont donné vie. Absolument magistral !

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Après *Les Enfants Endormis* d’Anthony Passeron, j’ai poursuivi ma découverte de la sélection du Prix Audiolib 2024 par *La Dernière Allumette* de Marie Vareille, une autrice dont je n’entendais que du bien depuis des années mais que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire par moi-même. J’ai donc entamé cette écoute avec de grands espoirs et, je l’avoue, un niveau “d’exigence” assez élevé au vu de tout le bruit qu’il y a eu autour de cette sortie.

Et permets-moi de te dire que tous les excellents avis du monde ne m’auraient pas préparée à recevoir une telle claque littéraire. *La Dernière Allumette* fut un très gros coup de cœur et est à ce jour ma meilleure lecture de 2024.

Je suis entrée à corps perdu dans *La Dernière Allumette* au bout d’environ 1min30 d’écoute, totalement immergée et impliquée dans l’histoire d’Abigaëlle. Et pendant les 7h45 qu’a duré cette lecture, l’autrice m’a prise par la main et m’a emmenée dans un endroit que je pensais connaître, mais qui regorgeait en réalité de surprises à chaque nouveau virage. Ce livre nous emmène là où on ne l’attend pas, il nous bouscule et nous en met plein les dents. Il nous retourne comme une crêpe et nous passe au hachoir pour que l’on finisse en un pauvre tas de bouillie sanglotante sur le carrelage (et j’exagère à peine). Et on ressort de cette lecture sans trop savoir ce qu’il vient de nous arriver mais avec la certitude que l’on vient de vivre quelque chose de primordial et de marquant dans notre vie de lecteurice.

Cette chronique voudrait que je t’expose un peu mieux les tenants et les aboutissants de *La Dernière Allumette*, mais mon expérience de lecture s’y refuse. Je suis entrée dans ce roman en ayant uniquement lu le résumé, et je pense que c’est en effet le meilleur moyen de l’appréhender. Il doit se découvrir à l’aveugle, en en sachant le mois possible, et c’est donc pour ça que je ne m’attarderais pas sur l’intrigue en elle-même. Je me contenterais de dire qu’il traite du sujet des violences conjugales et qu’il n’est donc pas à mettre entre toutes les mains - parce qu’il faut savoir se préserver si jamais on en ressent le besoin 🖤.

Marie Vareille fait montre d’un talent d’écriture assez impressionnant. Elle construit son intrigue comme un roman à suspense, un véritable page-turner qui devient très vite impossible à lâcher et qui ne cesse d’envahir nos pensées entre chaque session de lecture. Elle nous embarque avec son style tout en sensibilité et en émotion, quelque chose de doux-amer qui ne dit pas les choses frontalement mais qui nous retourne quand même l’estomac. Vraiment, c’est bouleversant.

Et tout cela est amplifié par la magnifique qualité d’interprétation des deux lecteurices de la version audio, Caroline Tillette et Renaud Bertin, qui en font un petit bijou. Je retiendrai en particulier la prestation de Caroline Tillette que j’ai trouvée saisissante, surtout lorsqu’elle nous partage les extraits des journaux intimes de la jeunesse d’Abigaëlle. Ces deux narrateurs ont sans conteste participé à mon amour pour ce livre.

En bref, *La Dernière Allumette* de Marie Vareille est un roman coup de poing. Si son intrigue peut sembler toute tracée, elle nous emmène en réalité là où on ne l’attend pas et nous réserve de nombreuses surprises (c’est d’ailleurs pour ça qu’il faut se lancer sans en savoir trop). C’est un véritable page-turner, plein de suspense mais aussi de sensibilité dans l’écriture. Une histoire bouleversante qui m’a retourné l’estomac, m’a piqué les yeux et m’a tenue éveillée jusqu’à une heure bien trop avancée de la nuit, bercée par les voix de Caroline Tillette et Renaud Bertin qui incarnent magnifiquement la version audio du roman. À lire et à offrir de toute urgence pour un moment mémorable qui marquera longtemps !

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Dans la vie de Gabriel il y a...
Sa petite sœur Abigaëlle. C'est une enfant surdouée mais complètement décalée dans le milieu dans lequel elle évolue, tant dans la famille qu'à l'école.
Et ses parents. Famille dysfonctionnelle dans laquelle la violence du père est chaque jour omniprésente. Violence qui s'exerce sur la mère, en paroles, en actes, en coups, en brimades, en humiliations. Tout y passe, tout est bon pour montrer son pouvoir, pour asservir et victimiser l'autre.
Quand le ton monte, Gabriel enferme Abigaëlle dans le réduit sous la chaudière, non sans lui avoir auparavant donné une torniole...

Mais depuis le jour du drame, depuis celui des obsèques en fait, Abigaelle est recluse à l'abbaye, dans le silence et la solitude.
Les années passent.

Gabriel devient un dessinateur connu et reconnu, et crée une œuvre appréciée de tous, les aventures d'Abi et le colibri.
Puis un jour Gabriel rencontre Zoé. Zoé le soleil, l'institutrice qui admire son œuvre. Qui aime ses belles histoires qu'elle raconte aux petits, elle qui ne pourra jamais avoir d'enfants.
Entre Gabriel et Zoé l'entente est immédiate. L'amour, la vie en commun et la surprise de pouvoir être enceinte alors que la science lui avait nié cette belle possibilité.
Une vie et un enfant plus tard, Zoé et Gabriel s'installent près de chez Aline, la sœur adorée de Zoé. Aline la parfaite, wonderwoman aux quatre enfants, au mari pédiatre, à la maison sublime et à la vie enviable.
Mais une Aline qui s'est éloignée de sa sœur, imperceptiblement. Aline qui fuit, se tait, se fait secrète.

Dans la vie de Gabriel, un grand mystère plonge Zoé dans l'incertitude et le doute, pourquoi ne lui parle-t-il jamais de cette sœur qu'il va pourtant voir chaque semaine, qu'il pleuve ou qu'il vente. Pourquoi autant de secrets sur son enfance, sa famille, cette peur des arbres et des forêts. Pourquoi tant de silences et de non-dits.

Impossible d'en dire plus dans trop en dévoiler.
Un roman qui vous happe de la première à la dernière page.

Un roman sur toutes les souffrances subies pendant l'enfance et la façon dont elles impactent des vies entières, sur les violences conjugales, les silences, la honte, la difficulté à s'en sortir si l'on n'est pas aidée. Un roman qui parle de vie et de douleur, d'espoir et de tragédie.
La lecture à deux voix permet de temporiser, de respirer, entre les moments où la violence est trop forte, dans les souvenirs Abigaëlle, dans ceux de Gabriel, dans ces mots dits ou devinés dans le cabinet du psychiatre qui écoute cette femme victime de violences conjugales, cette femme qui met tant de temps à le comprendre et l'accepter.
Chacun des Lecteurs est capable de faire entendre les différents personnages et de nous les rendre réels par des intonations, des hésitations, des silences ou un rythme adapté à chacun. Une réussite.
L'autrice réussi le tour de force de nous embarquer, de nous étonner, de nous surprendre jusqu'à la fin, de nous émouvoir et nous révolter contre ces situations hélas si fréquentes.
J'ai aimé ce 3 sur 4, cette voisine qui a besoin de bouger un meuble à 4h du matin, cette jeune Abigaëlle surdouée protégée par son grand frère.
Les personnages sont attachants, révoltants, émouvants, aucun ne m'a laissée indifférente.
Je ne peux que vous conseiller cette lecture. Et cette version audio qui lui donne tant de force.

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Le ton est donné dès les premiers mots : le roman s'ouvre et se termine par un enterrement. L'ambiance est posée...  Mais que va-t-il se passer entre les deux ? Nous allons suivre plusieurs personnages, le tout piloté par la narration d'Abigaëlle. Certaines parties seront les retranscriptions de ses carnets intimes quand elle était enfant, dans les années 1990 et d'autres se déroulent de nos jours. Aujourd'hui, Abigaëlle nous raconte qu'elle vit recluse dans un couvent en Bourgogne où elle a fait vœux de silence. Mais cela ne l'empêchera pas de nous raconter les faits avec beaucoup de précisions et d'exactitude. Elle-même ne sait plus comment ou qui lui a raconté tous les détails mais l'essentiel est là.

Par sa voix, nous allons faire la connaissance de son frère Gabriel et d'une jeune femme Zoé Boisjoli. Cette dernière est fan des livres écrits par Gabriel. Elle va faire sa connaissance lors d'un événement littéraire et ils tomberont amoureux l'un de l'autre. Alors que Gabriel tenait à sa liberté et s'était fait la promesse de ne pas fonder une famille... les choses n'évolueront pourtant pas dans ce sens. Et grâce à Abigaëlle nous comprendront pourquoi il s'était promis.

Par ses mots, on découvre qu'ils ont tous les deux vécus leur jeunesse dans la peur d'un père violent. Très tôt, Gabriel s'est positionné en protecteur et dès qu'il sentait la tempête éclatée, il isolait sa sœur pour qu'elle ne se rende compte de rien. Mais la petite fille est sensible et à un QI très élevé. Même si elle n'a pas encore tous les mots pour comprendre ce qu'il se passe, elle sait instinctivement qu'il y a quelque chose à dissimuler, à cacher aux personnes extérieures au foyer.

On découvre impuissant, révolté, ce que les deux enfants et la mère ont du subir. Marie Vareille, l'autrice, met en place les éléments subtilement afin qu'on prenne conscience de l'emprise de la personne violente sur les victime, de l'emprise de la peur sur les mécanismes de défense. Et surtout, on en voit les répercussions sur leur vie des années plus tard.

Pour écrire ce roman, l'autrice s'est beaucoup documenté sur la violence conjugale et la violence sur mineur. Pour comprendre la psychologie en jeu chez le bourreau, chez les victimes. Une statistique qui fait froid dans le dos lui a insufflée l'énergie de cette histoire : 3 enfants sur 4 ayant vécu des violences deviendront violent ou seront de nouveaux victimes des schémas connus enfant. Elle a voulu creuser le thème. Comprendre les victimes, les étapes de cette violence, donner la parole à ceux qui souffrent et qui ont souffert. Et elle a choisi pour cela une narration autour de l'ambivalence, du doute. La voix de cette petite fille devenue adulte mais qui doute de ce qu'elle raconte régulièrement. Qu'est-ce qui est issue de sa folie, de son isolement, de son imagination ? Elle le répète régulièrement. 

On découvre Zoé, Gabriel et les autres personnages autour d'eux. Plusieurs années de vie avec toujours cette violence qui plane, qui frappe. 

Une autre partie très importante de la construction de ce récit est constitué par les différentes séances chez le psychiatre, le Dr Hassan. Des séances où une femme va peu à peu prendre conscience de ce qu'elle vit avec son mari, sous le regard et l'écoute bienveillante et empathique du médecin. Ces passages sont forts et très symboliques de la prise de conscience de l'emprise que le bourreau a sur ses victimes. La patience, les questions choisis du psychiatre deviennent alors un outil essentiel de la prise de conscience. Le Dr Hassan, qui est alors loin de son domaine de compétence habituelle, prendra très à cœur le cas de cette patiente qu'il ne veut pas brusquer malgré le danger.

Dans la version Audiolib, ce sont les voix de Caroline Tillette et Renaud Bertin qui ont la lourde charge de donner vie aux personnages. Renaud Bertin prend en charge les parties chez le psychiatre où il adopte un ton doux, attentionné, tout en délicatesse. L'impression que le personnage joue un rôle d'équilibriste dans ses questions, dans ses attentions envers sa patiente est ici parfaitement rendue. 
Carloline Tillette a la délicate tâche de faire évoluer la voix de son personnage. En effet, la narratrice Abigaëlle nous raconte cette histoire à plusieurs moment de sa vie : dans son enfance dans les années 90 où elle avait alors entre 6 et 12 ans (l'autrice a elle-aussi fait évoluer son langage et les réflexions de la jeune fille) puis des années plus tard, au moment où se passe l'action du livre. Les intentions et intonations de l'actrice sont justes et pertinentes.

J'ai passé un très bon moment à l'écoute de ce roman. J'ai réagi vivement plus d'une fois! Cris de surprise, d'effroi, d'empathie... la gorge qui sert ou le sourire aux lèvres... Les émotions que nous fait vivre ce roman sont multiples et je ne m'attendais pas du tout à ce vers quoi l'autrice m'a emmenée : bravo !!

Un livre qui nous questionne sur nos apriori, sur nos croyances. Un roman qui parle d'un thème complexe et urgent : la violence intrafamiliale. Puissant, troublant, émouvant.

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