Dans "Comment on coupait les ailes des filles" de Romane Saint-Jean, le lecteur est plongé dans un récit poignant où le passé et le présent s'entremêlent dans un élan de transmission intergénérationnelle. L'histoire commence avec la mort imminente de Roxane, dont Lucile, sa fille, est témoin. Dans ses derniers instants, Roxane confie à Lucile une précieuse collection de lettres et de journaux intimes, ouvrant ainsi une fenêtre sur son passé tourmenté.

Le roman nous transporte alors dans l'entre-deux guerres, une époque tumultueuse où les femmes se battaient pour leur place dans une société dominée par les hommes. Roxane, jeune fille à l'âme d'artiste et assoiffée de liberté, se retrouve confrontée aux pressions sociales et aux conventions rigides de son temps. Sa vie, marquée par des choix difficiles et des sacrifices, offre un témoignage puissant des luttes et des espoirs des femmes de cette période.

À travers le regard de Lucile, mais aussi celui de Mila, sa petite-fille pleine d'entrain, le roman explore les répercussions de l'histoire sur les générations futures. Mila, adolescente vibrante d'énergie, est confrontée à son propre héritage familial et aux questions universelles sur le statut des femmes dans la société.

Romane Saint-Jean livre une fresque historique captivante, offrant une réflexion profonde sur le chemin parcouru par les femmes au cours des XIXe et XXe siècles. Son écriture fluide et immersive nous transporte dans un voyage à travers le temps, nous permettant d'observer la lente évolution des droits des femmes, tout en soulignant les défis persistants sur la voie vers l'égalité.

"Comment on coupait les ailes des filles" est bien plus qu'un simple récit historique ; c'est un hommage vibrant à la force et à la résilience des femmes, ainsi qu'un rappel poignant de l'importance de connaître et de comprendre notre passé pour construire un avenir plus juste. Avec une fin qui laisse présager une suite captivante, ce premier tome promet une saga riche en émotions et en enseignements sur le pouvoir de la persévérance et de la solidarité féminine. Une lecture incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des femmes et à leur lutte pour la reconnaissance et l'égalité.

Juste avant sa mort, Roxane transmet à sa fille des carnets et lettres, précieux héritage qui permettra à Lucile de découvrir l’histoire de celle avec qui elle entretenait une relation compliquée.
Dans ce premier tome, l’histoire de Roxane, de son enfance à la maternité, entremêlée à celle de sa famille, c’est avant tout l’histoire des femmes dans l’entre-deux-guerres.

Ce récit riche et fourmillant d’une infinité de détails nous donne l’exemple de ce qui construit une destinée, de ce qui constitue un être. Opportunités, échecs, réussites, bons ou mauvais choix et leurs conséquences : rien n’est épargné à Roxane qui a pourtant de la volonté et ne se laisse pas dicter sa conduite par ses parents, et encore moins par les hommes!

Le double regard de Lucile et de sa petite-fille Mila, chacune avec la vision propre à son époque, donne de la profondeur au récit Romane Saint-Jean.

Si j’ai eu peur au début des très nombreux membres de la famille et personnages présents dans l’histoire, je ne me suis pas sentie perdue : grâce à la fluidité de l’écriture et aux événements qui s’enchaînent avec beaucoup de rythme, un après-midi aura suffit à m’amener à la dernière page de ce premier tome. Avec une fin pleine de promesses pour la suite…

Comment on coupait les ailes des filles de Romane Saint-Jean est un roman qui suscite des réflexions profondes sur l’émancipation féminine et la lutte contre les carcans sociétaux. Ce livre s’inscrit dans une tradition littéraire qui explore le poids des attentes et des traditions, et pourtant, il le fait avec une sensibilité et une modernité qui retiennent l’attention.

L’écriture de Saint-Jean est à la fois poétique et crue, une combinaison rare qui permet aux émotions de transparaître avec une honnêteté brute. La protagoniste, à travers ses blessures et ses espoirs, incarne toutes celles qui ont été jugées, bridées ou forcées à se conformer à des rôles préétablis. À ce titre, le roman frappe fort, et certaines scènes, empreintes de douleurs silencieuses et de résistances larvées, font écho à des expériences partagées par de nombreuses femmes.

Cependant, l’histoire peut parfois sembler se plier à certaines facilités narratives. On sent que l'auteure veut secouer le lecteur, mais la densité des émotions et des drames peut, à certains moments, donner l’impression d’être un peu trop appuyée. Cela dit, cela n’ôte rien à la sincérité de l'œuvre ni à la pertinence de son propos.

C'est un roman que je recommanderais sans hésiter aux lecteurs cherchant des récits qui remettent en question les dynamiques de pouvoir et qui offrent une voix à celles que l’on a trop souvent fait taire. Sa lecture peut se révéler un voyage aussi éprouvant qu’émancipateur, en particulier pour celles et ceux qui aiment réfléchir à la condition féminine et à l’autonomie personnelle.

En somme, Comment on coupait les ailes des filles est une œuvre vibrante, un cri littéraire qui résonne longtemps après sa lecture.