Pénitence

Eliza Clark se joue de nous : réel ou pas, le true crime évoqué dans ces pages semble plus vrai que nature tant il est abondamment décrypté.
Sous l'angle des réseaux sociaux, des sms échangés par des adolescentes déséquilibrées, de l'enquête journalistique, à travers le prisme d'un podcast complètement gênant, des témoignages de familles inconsolables ou même de complices du crime perpétré…
Eliza Clark brosse le portrait accablant d'une jeunesse abreuvée aux jeux vidéo ultra-violents, podcasts de true crime, fanfic et séries inspirées des plus sordides affaires de serial killers. Une jeunesse fascinée qui tombe même en amour de ces personnages diaboliques et qui, en somme, ne fait plus très bien la différence entre la réalité et la fiction.
Elle décrit aussi avec un regard affûté comment la haine de l'autre s'installe, comment elle embrouille les repères jusqu'à la folie, comment l'aura d'une "shrinking city" - une ville en déclin - alimente le terreau de cette violence qui étend ses griffes quoi qu'on y fasse.
À cette sordide histoire, viennent encore se greffer des thèmes connexes : le regard de l'autre lorsqu'on est jeune, l'homosexualité, le harcèlement, la manipulation, les croyances et l'ésotérisme, les drogues, la justice…
Bien sûr ce meurtre abject fascine aussi le lecteur et il serait peut-être bon justement de s'interroger sur la responsabilité de la société dans ce genre d'affaire. C'est sans doute aussi un message que souhaite nous faire passer l'autrice : qu'est-ce qui nous échappe à ce point qu'on refuse de voir l'innommable alors que tout se joue encore sous nos yeux ?

Une adolescente est retrouvée gravement brûlée et mutilée au petit matin. La police retrace vite les coupables. Ce sont 3 adolescentes fréquentant la même école que la victime. Ce meurtre est passé sous le radar à cause du vote pour le Brexit et un journaliste s'empare de cette histoire pour faire un livre. Mais peut-on croire ce journaliste a la morale douteuse ?

Nous avons affaire à une histoire fictive. Beaucoup de choses sont inventées, mais un profond sentiment de déjà vu m'habitait pendant ma lecture. L'autrice a vraiment fait une critique intéressante du true crime et de la fascination des gens pour les tueurs. J'avais un peu de mal au début car on nous relate beaucoup de choses plutôt factuelles. Puis les points de vue alternent et on embarque dans l'histoire. On se demande comment trois adolescentes peuvent arriver à commettre un geste aussi horrible. J'avais toujours envie de faire des recherches sur le sujet tellement c'était réaliste.

Je remercie les éditions @editionsfayard et @netgalleyfrance pour l'ebook. C'était une superbe lecture. Tellement que je n'ai pas hésité à me l'acheter pour l'avoir dans ma bibliothèque physique.

À lire si vous aimez les histoires sombres, lentes et qui font réfléchir. Je vous déconseille si vous avez vécu de l'intimidation et c'est un sujet sensible pour vous.

Je remercie @netgalleyfrance et @editionsfayard de m'avoir permis de découvrir ce roman si original.

Envie de lire un roman interdit à la vente en raison des procédés controversés de l'auteur ?

Ce sera le cas avec "Pénitence" d'Alec Z Carelli.
J'ai adoré la construction du livre qui est écrit sous l'angle d'un auteur de true crimes à la recherche d'un nouveau succès littéraire. Un livre dans le livre, tout un programme.
En retraçant l'histoire de ce groupe de jeunes filles qui ont grandi ensemble, on découvre la cruauté et la violence de leur comportement, le harcèlement, le rejet de celle qui ne répond pas à la norme dictée par la majorité. Ces rôles sont interchangeables et évoluent donc dans le temps.
Celle qu'on déteste finit par nous toucher et inversement.

La fin m'a un peu contrariée car elle ouvre une porte au doute alors que j'aime sortir d'un roman en ayant des certitudes.

Le roman se lit comme un true-crime avec un développement très important des personnalités.
J'ai pu parfois patauger dans la lecture en raison de l'utilisation de termes courants dans ce style mais que je ne maîtrise pas suffisamment. Même si tout est bien expliqué, je me suis un peu emmêlée.

On trouve donc un style direct et journalistique qui m'a beaucoup plu et qui rend extrêmement crédible le récit.
Bon, dès les premières pages, j'ai été cueillie et je suis allée sur Google voir de quelle affaire judiciaire on parle dans ce roman 🤦. En l'occurrence le meurtre de Joan Wilson en 2016, par trois adolescentes.

L'autrice parvient à créer un univers unique, très noir et plaira aux fans de true-crimes.