Medusa

Marianne, une jeune femme de vingt ans meurt lors d’un jeu sexuel qui tourne mal, son partenaire n’avait pas l’intention de la tuer elle avait une fragilité du coeur que personne n’avait détecté. Sa mort est une déflagration pour celles et ceux qui restent : son petit frère, son amoureux, ses parents, sa meilleure amie. Pour tous une question : quelle a été sa dernière pensée?

A la fin de ma lecture je me suis demandée si j’avais aimé le livre et ce que j’en avais pensé, ce qui est en général plutôt bon signe, rien de plus triste qu’un livre tiède qui ne provoque pas d’émotion particulière. Je crois qu’au départ j’ai été un peu déçue que la mort de Marianne ne serve que de fil conducteur à une autre histoire, une jeune femme meurt et c’est presque un détail, comme dans la vraie vie. J’ai aussi été un peu agacée par la “conversation” entre la narratrice et sa muse qui s’intercale régulièrement dans l’histoire, parfois la fiction française tente un peu trop de choses sur le plan du style et j’ai tendance à préférer la simplicité.

J’ai toutefois aimé Medusa parce que malgré le premier sentiment, c’est tout de même l’histoire de Marianne et de ses carnets. Avant sa mort Marianne avait décidé d’écrire un livre sur les femmes et les monstres, elle faisait partie d’une association féministe qui faisait des collages et prenait tout un tas de notes sur sa vie et celle de ses proches. Dans un monde digital elle s’accroche à ces bouts de papier pour y coucher des morceaux de vie. Marianne est inspirée par sa meilleure amie, sa soeur pas de sang Béatrix. Béatrix qui est issue d’un viol et a été élevée par sa grand mère car sa mère n’a jamais pu se remettre du viol. Quand Marianne pense et écrit, Beatrix agit, choisissant de se mutiler physiquement dans un espoir d’échapper aux monstres qui ont brisé sa mère. Entre les deux amies l’une n’est pas plus forte que l’autre, elles ont simplement choisi deux manières différentes d’affronter les monstres.

Un roman intéressant, mêlant processus d'écriture, deuil et féminisme. Isabelle Sorente écrit un livre mettant en avant des personnages forts, notamment féminins, avec une philosophie et un angle au cœur des problématiques et des opinions du monde de la femme, de la féministe engagée du 21e siècle.
Malgré son intérêt, Medusa risque d'être un roman compliqué à conseiller en librairie pour un public large, non penché sur la question. Il faut également attendre la fin du roman pour apprécier réellement les passages du point de vu de l'autrice, qui peuvent prêter à confusion et coupent l'élan du roman. Il est peut-être nécessaire d'avoir déjà des codes, une ouverture d'esprit, et le temps de le lire sans s'éparpiller, au risque de se perdre dans l'histoire.
En somme, Medusa est un bon roman, sa lecture est comme un bain de mer, il est difficile d'y entrer, il faut aimer cela, mais une fois lancé on le lit presque d'une traite, tout en s'arrêtant de temps en temps pour admirer le panorama.

Médusa d’Isabelle Sorente
JC Lattés


« Je me souviens de tout ce que tu as entendu, vu, senti, touché, gouté, depuis le jour de ta naissance et même avant, j’ai accès à ta mémoire génétique et épigénétique, ce qui inclut la mémoire de tes ancêtres sur quarante-neuf générations, bref, je lis en toi comme dans un livre ouvert. »


Dans la mythologie grecque Médusa subit une double peine, elle fut violée et punie. Le monde des Dieux n’était pas tendre, violée par Dionysos et punie par Athéna, la jolie fille fut transformée en monstre, une gorgone, figure coiffée de serpents.
Médusa illustre bien le sort qu’il est parfois réservée aux innocentes jeunes filles et c’est bien là le propos du roman. La maman de Béatrix, Nina devenue Gorgone a choisi de disparaitre, hermétique au monde dans lequel elle était née, Yolanda en a fait son secret, Yolanda la grand-mère qui préfère inventer des histoires pour que Béatrix ignore la folie des hommes.
Liam connait bien Béatrix, cette jolie fille solitaire et méfiante est la meilleure amie de sa sœur Marianne, seulement voilà, Marianne est décédé soudainement, accidentellement. Liam veut apprivoiser sa douleur et pour aller de l’avant, il a une idée : il veut connaitre l’ultime pensée de sa sœur, c’est à Béatrix qu’il expose le projet.
Avec la mythologie en ligne de mire, ce roman nous entraine sur l’histoire d’un deuil impossible, sur l’histoire des origines et sur la transmission : génétique et épigénétique font parties du cheminement, sommes-nous dépositaires de mémoires qui ne nous appartiennent pas ? Que nous lèguent nos ancêtres, combien de secrets inavouables ou montres tapis au fond de nos mémoires.
Je retrouve dans ce dernier roman d’Isabelle Sorente les réflexions qui m’avaient tant séduites dans « le complexe de la sorcière » ce féminisme éclairé, intelligent qui puise dans l’histoire antique, dans notre histoire intime, dans nos lignées. Il y a aussi de très belles pages sur l’inspiration et sa muse que je vous invite à découvrir.
Un roman intelligent que j’ai beaucoup apprécié !

Plutôt intriguée par le résumée et la manière dont la mythologie allait être amenée, je me suis complètement laissée surprendre par cette histoire.
Car la mort de Marianne a détruit la vie de ses proches, forcément. Elle était jeune, ambitieuse, "féroce" et l'avenir lui souriait. Mais sa passion pour a mythologie, pour les monstres et surtout pour la place des femmes sur Terre la rendait encore plus mystérieuse aux yeux des autres.
A travers ses parents séparés, son petit frère et sa meilleure amie, on apprend à connaître cette jeune femme et sa destinée, car je crois que c'est de cela dont il s'agit dans l'histoire.
Au début, j'ai eu quelques frayeurs avec l'intervention de la "Muse". Je ne comprenais pas l'apport de ces dialogues dans le livre.
Malgré tout, j'ai persévéré, quelque chose dans l'histoire me tenait en haleine.
J'ai beaucoup lu ce livre de nuit, et je pense que cela y ajouté une touche mystique qui a contribué au plaisir de lecture malgré le cœur du récit peu joyeux.
J'ai été touchée, révoltée, intriguée... Bref, tout ce que j'attends d'un livre !

Medusa c'est l'histoire de femmes en colère, de femmes qui souffrent, de femmes passionnées par les monstres. C'est une douleur qui se transmet à travers les générations. Ce livre nous bouleverse. Comme Liam, on veut comprendre, savoir la dernière pensée de Marianne, avant de mourir entre les mains de l'homme qu'elle aimait, et qu'il l'aimait .

"EH BIEN, JE SUPPOSE QU'À FORCE DE SE CONTORTIONNER DANS TOUS LES SENS, ON FINIT PAR DEVENIR SI SOUPLE QU'ON NE SAIT PLUS QUI ON EST."

Isabelle Sorente est une vraie poétesse, une sorcière, la grande prêtresse des mots. Je ne sais jamais comment décrire ce que je ressens quand je la lis mais c'est viscéral. Elle écrit comme personne sur les thèmes de "girlhood" (je ne trouve pas le mot en français) et de sororité, d'amitié révolutionnaire entre femmes, des créatures cosmiques et des monstres qui vivent en chacune de nous. Ce roman touche aussi au deuil, à la masculinité, à l'amour, au désir, aux identités multiples.

Merci NetGalley FR pour l'ARC :)