Analphabète

"Tout ce que vous preniez pour acquis disparu en quelques secondes et vous vous retrouviez à essayer de sentir le sol sous vos pieds en guettant d'autres petits séismes."

Avant de mourir, son père révèle à Jimmy l'identité de sa mère, Mary Peace, qui les a abandonnés quand l'enfant était tout petit. Il lui fait promettre de ne pas la rechercher , mais évidemment cette promesse ne sera pas tenue.
Voici donc le jeune homme lancé aux trousses de celle dont la naissance n'a jamais été déclarée, qui a reçu une éducation pour le moins singulière au sein d'une communauté dont le gourou autoproclamé , son propre père, prônait le détachement matériel.
Analphabète , Mary Peace sait néanmoins se débrouiller pour gruger des hommes âgés et solitaires, tout en profitant des charmes des plus jeunes...Mais une policière plus déterminée que les autres va elle aussi rechercher cette manipulatrice aux yeux bleus.
Ne s'embarrassant pas de psychologie, Mick Kitson nous embarque tambour battant dans cette quête de la mère avec une efficacité redoutable. Il alterne les points de vue, sait jouer des ellipses pour ne pas alourdir son récit, et on dévore d'une seule traite ce roman addictif. De la belle ouvrage !

Mi-roman policier, mi-roman psychologique, Analphabète est une belle surprise de la rentrée littéraire d’hiver, paradoxalement rafraîchissante par le ton avec lequel elle raconte une histoire ô combien sombre. Cette histoire, c’est celle de Mary Peace, femme tout aussi paradoxale que le roman qui la dépeint.

Par l’alternance entre plusieurs personnages – le fils, Jimmy ; la flic, Julie ; celle qui est au centre, Mary, et d’autres encore – nous est contée l’histoire d’une femme caméléon, arnaqueuse hors pair, à la psychopathie plus que clinique. Des raisons, terribles, dès sa naissance, qui l’ont faite ainsi, présentées par des retours en arrière très subtilement intégrés dans l’intrigue, jusqu’au moment du récit où le lecteur la rencontre avec perte et fracas, alors qu’elle vient de se livrer à une énième arnaque mortelle, tout est savamment orchestré pour nous la faire connaître sous toutes les coutures, pour nous entraîner à sa suite, dans ses moindres faits, gestes et pensées, ainsi qu’à la suite de ceux qui la poursuivent pour diverses raisons.

Tout comme l’on entre avec perte et fracas dans cette intrigue, l’on a bien du mal à en sortir, happé que l’on est par Mary : à la fois bourreau et victime, celle qui fascine et repousse tout à la fois incarne avec beaucoup de réalisme et de réussite le caractère névrotique que peut prendre une existence selon le milieu où l’on naît et dans lequel l’on grandit.

Je remercie les éditions Métailié et NetGalley de m’avoir permis de découvrir ce roman en avant-première.

Un très bon roman, très original. Une écriture addictive car une fois qu'on commence ce livre on ne peut s'empêcher de continuer car on veut savoir si le fils parviendra à retrouver sa mère,