Je suis dehors

Tout d'abord, je tiens à remercier les Editions JC Lattès et Netgalley pour ce partenariat.

A travers l'écriture d'Elvire Emptaz nous découvrons le récit de quatorze femmes qui ont toutes un point en commun : elles vivent ou ont vécu l'incarcération. Mais le véritable sujet n'est pas le pourquoi de leur condamnation ni leur quotidien en prison mais une chose toute aussi importante : la sortie de prison. Comment retrouver la liberté une fois qu'on a payé notre dette à la société ? Comment se réinsérer quand nous avons été enfermées, quelque soit la durée ? Et surtout quand on est une femme. C'est ici toute la problématique que nous démontre Elvire Emptaz.

Avant toute chose, je tiens à féliciter l'auteure pour son travail. Je me doute qu'écrire un livre comme celui-ci n'a pas été chose facile. Ce témoignage est vraiment très intéressant. J'ai eu du mal à le lâcher. J'ai beaucoup aimé son impartialité. A aucun moment je n'ai ressenti de jugement de sa part envers les femmes qu'elle a rencontrées. D'ailleurs, elle nous l'explique bien, ce qui l'intéresse ici, ce n'est pas le pourquoi du comment de l'incarcération, ni les conditions de détention, c'est vraiment l'avenir d'une femme détenue.

Tout au long de ma lecture, je me suis attachée à ses femmes, qui osent raconter leur histoire, toutes plus difficiles les unes que les autres. La sagesse d'écriture d'Elvire Emptaz a fait que moi aussi je n'ai pas porté de jugement sur ces dernières. Mais j'ai été sidérée par la différence de considération entre un détenu et une détenue. Pourquoi une femme qui commet un « crime » identique à celui d'un homme est condamnée plus lourdement ? Pourquoi une femme n'aurait-elle pas les mêmes droits que les hommes à leur sortie ?
On se doute bien que les femmes détenues sont moins nombreuses que les hommes. Il y a donc moins d'établissements réservés à leur détention et se pose donc le problème de l'éloignement familial ou même de leur quotidien. De cet éloignement en découle forcément une conséquence pour leur sortie et leur réinsertion dans la société.
Comment maintenir des liens avec l'extérieur ou autoriser une permission de sortie d'une journée pour commencer à préparer l'après quand une femme se trouve à des centaines de kilomètres de son entourage ? Il y a aussi moins de formations proposées que pour les hommes donc une difficulté supplémentaire pour entreprendre un avenir quand leur libération sera venue.

Il n'est pas question ici de faire de l'apologie de la prison, mais le constat que j'ai fait pendant ma lecture est pour moi alarmant. Comment faire en sorte qu'il n'y ait pas de récidive quand il y a tant de différences entre homme/femme alors qu'on est dans un pays dit d'égalité...