Un printemps 76
par Vincent Duluc
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Date de parution 13 janv. 2016 | Archivage 22 juil. 2016
Résumé
Là-bas, juste à côté, Saint-Étienne avait les Verts, la ville avait cette fièvre, un pays venu prendre son pouls, et sous ses yeux la classe ouvrière mourait en chantant “Qui c’est les plus forts ?”. »
« Grandir dans ma province avec Saint-Étienne juste à côté, en 1976, c’était habiter Naples au pied du Vésuve, c’était savoir que le coeur de l’univers avait soudain été déplacé, qu’il se rapprochait...
Formats disponibles
FORMAT | Ebook |
ISBN | 9782234079502 |
PRIX | 6,99 € (EUR) |
Chroniques partagées sur la page du titre
D'emblée, les choses semblent claires. Le métier de l'auteur (journaliste sportif émérite au journal l'Equipe), le titre de l'ouvrage ainsi que la photo, les premières pages, tout converge vers le football en général et la grande équipe de Saint-Etienne en particulier. C'est déjà une excellente raison de se pencher sur cet opus, que vous soyez supporters, spectateurs ou allergiques à tout cela. Les Verts de 1976 sont mythiques et resteront à tout jamais dans les mémoires des Français. Beaucoup de jeunes à l'époque, Vincent Duluc en tête, s'identifiait à l'Ange Vert, Dominique Rocheteau, l'idole.
Et effectivement, tout au long des 212 pages, l'auteur nous amène dans un périple émouvant et nostalgique au sein de ses Verts avec qui il a traversé son adolescence ennuyeuse. Tout démarre avec ses souvenirs au stade: Ah Geoffroy-Guichard, ce stade légendaire...
On y trouve aussi des portraits sans concession des "stars de l'époque": l'Ange Vert bien entendu, mais également l'énervant et colérique Jean Michel Larqué et le leader, gardien yougoslave, Ivan Curkovic. Déjà les histoires de transfert polluaient l'ambiance... et lire comment se dérouler ces mutations à l'époque laisse rêveur.
Les dirigeants ne sont pas oubliés pour autant. Mention spéciale au mégalo président Rocher et à l'entraineur Robert Herbin, le grand Sphinx.
Toutefois, il serait malhonnête de ne parler que de "ses années vertes" et de réduire ce livre aux souvenirs footballistiques. Vincent Duluc nous narre également superbement les souffrances de l'époque; les siennes d'adolescent à la première personne du singulier (son nez acnéique, ses cheveux raides et blonds, ses difficultés avec les filles par exemple), mais également celles des Stéphanois avec la fin de la mine, les difficiles retransmissions TV, ... Conditions sociales et football étaient intimement liées. C'était le ballon d'oxygène de l'époque pour les ouvriers, la sortie incontournable.
L'écriture de Vincent Duluc est remarquable. Parfois acerbe, parfois humoristique, la plume du romancier nous permet de parfaitement ressentir la souffrance de la population, comme la passion quand les Verts jouent ou encore la tendresse, l'immense respect, la fascination pour certains joueurs et à l'inverse la moquerie, voire l'ironie à propos d'autres. Mon unique regret reste ses phrases souvent trop longues qui diminuent la fluidité du texte. A force d'empiler les détails en accumulant les propositions indépendantes, il finit par nous lasser et nous perdre. Ce style très riche m'a obligé à relire certaines phrases plusieurs fois au départ et faire quelques sauts de paragraphes ensuite.
Un printemps 76 est un récit très intéressant et surtout abouti. Vincent Duluc est un auteur de talent! Pensant à un livre souvenir, je ne m'attendais pas à cette belle surprise. Je vous le recommande. Comme moi, je pense que vous aimerez ce nostalgique voyage dans une ville où l'auteur a vaincu l'ennui de son adolescence.