Partir quand même
par Yiyun Li
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Date de parution 16 févr. 2023 | Archivage 8 mars 2023
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Résumé
Étincelant et provocateur, un roman d’une grande honnêteté sur une femme au crépuscule de sa vie, prête à en faire le bilan. Une œuvre lumineuse, portée par le style remarquable de celle que Salman Rushdie considère comme « une des plus grandes autrices de notre temps ».
À quatre-vingt-un ans, Lilia a enterré trois maris, élevé cinq enfants et vu naître dix-sept petits-enfants. L’heure est venue de vivre un peu pour elle. Et de se plonger dans un livre qui l’intrigue : le journal d’un certain Roland Bouley, un auteur resté obscur mais qui occupe une place particulière dans son existence.
Et pour cause, Lilia l’a connu en 1945, quand Roland était vaguement en poste aux Nations unies. Quand ce séducteur invétéré papillonnait de l’une à l’autre en promettant le mariage à toutes. Quand Lilia vivait dans une ferme avec son père veuf et ses nombreux frères et sœurs. Elle avait seize ans, elle était vive et délurée. Elle voulait échapper à sa vie, et Roland est arrivé.
Aujourd’hui, Lilia est curieuse de découvrir le journal de celui qu’elle n’a jamais oublié. De découvrir aussi ce que ce journal dit de sa vie à elle, de la vie qu’ils auraient pu avoir et de la vie qu’elle a menée, malgré tout…
Yiyun Li est née en 1972 et a grandi à Pékin avant de s’installer aux États-Unis en 1996 pour ses études de médecine. Diplômée en immunologie, elle décide de se consacrer à l’écriture après la parution de son recueil de nouvelles Un millier d’années de bonnes prières (2011), qui lui vaut d’être immédiatement saluée par la critique américaine et de figurer dans la liste des meilleurs jeunes auteurs du magazine Granta. Après Un beau jour de printemps (2010), traduit dans une vingtaine de pays, acclamé par la presse, Plus doux que la solitude (2015), Cher ami, de ma vie je vous écris dans votre vie (2018), Une femme à l’abri (2019) et La Douceur de nos champs de bataille (2019), Partir quand même est sa nouveauté à paraître chez Belfond.
Yiyun Li vit dans le New Jersey avec sa famille.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Clément Baude
Étincelant et provocateur, un roman d’une grande honnêteté sur une femme au crépuscule de sa vie, prête à en faire le bilan. Une œuvre lumineuse, portée par le style remarquable de celle que Salman...
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A propos de La Douceur de nos champs de bataille :
"De sa dépression et de ses tourments, l'écrivaine tire un récit intime brillant et percutant." Télérama
"Yiyun Li interroge la valeur de l'écriture, de toute création, et le poids des écrivains dans un style brûlant." Psychologies Magazine
A propos de Cher ami, de ma vie je vous écris dans votre vie :
"De remarquables réflexions sur l'essence de l'art et sur la condition de l'écrivain dans sa relation avec l'intimité et avec l'univers." L'Obs
A propos de La Douceur de nos champs de bataille :
"De sa dépression et de ses tourments, l'écrivaine tire un récit intime brillant et percutant." Télérama
"Yiyun Li interroge la valeur de l'écriture...
Formats disponibles
FORMAT | Grand Format |
ISBN | 9782714481573 |
PRIX | 22,00 € (EUR) |
PAGES | 368 |
Vos liens
Chroniques partagées sur la page du titre
Merci aux éditions Belfond et à Netgalley pour ce partenariat.
De Yiyun Li, j’avais lu Cher ami, de ma vie je vous écris dans votre vie récit autobiographique bouleversant dont j’ai retrouvé dans ce roman, certains thèmes. N’ayant lu que ces deux oeuvres de cette autrice, je ne peux dire si c’est une constante, ou si seules ses deux oeuvres sont concernées, cependant, j’y ai été sensible.
Le premier thème, c’est celui du lien mère/fille, ou, pour élargir, parents/enfants. Lilia a choisi de vivre les dernières années de sa vie dans une maison de retraite, c’est son choix, ce ne sont pas ses enfants qui l’ont forcée, d’ailleurs, ils ne comprennent pas vraiment sa décision – et ce n’est pas la seule chose qu’ils ne comprennent pas chez Lilia. L’on pourrait dire qu’elle est une vieille dame acariâtre, désagréable, mais c’est plus que cela : Lilia a toujours été une femme dure, une femme sans complaisance envers elle-même et envers les autres, une femme, dirai-je, qui n’a que faire de ce que les autres ont à lui dire, à lui confier. Rabrouer tout le monde est une constante. Ne pas voir certains signes, aussi, et pourtant, elle a grandi avec une mère, disparue jeune, qui n’a pas vécu la vie qu’elle aurait aimé vivre et qui a, certainement, dû renoncer à ses rêves, s’abîmant jour après jour dans la détresse. Oui, dans les années cinquante/soixante, l’on faisait moins attention aux comportements à risque, à la dépression, l’on ne pensait même pas que cela pouvait exister. Lilia, fille et petite-fille de pionnier, qui a dû travailler dur dès son adolescence a eu cinq enfants et en a élevé six avec Gilbert, son mari : Lucy, sa fille aînée, s’est suicidée à l’âge de 28 ans, parce qu’elle n’en pouvait plus de sa vie. (Note : le fils aîné de l’autrice s’est suicidé et elle lui a consacré un ouvrage). Lilia et Gilbert ont élevé Katherine, sa fille, son père, Steve, ayant très vite disparu de leur vie. Tout au long du récit, Lilia s’interrogera, sur sa fille, sur les raisons qui l’ont amené à ne pas vouloir vivre un jour de plus, sur ce que sa fille attendait de la vie, sur ce que, peut-être, elle aurait dû lui dire : qu’elle n’était pas la fille du mari de sa mère, mais de Roland, un homme que Lilia a rencontré quand elle avait 16 ans et qu’elle voulait changer de vie.
C’est là que je retrouve un second thème de l’oeuvre de Yiyun Li : les écrits autobiographiques. Dans Cher ami, de ma vie je vous écris dans votre vie , elle s’interrogeait sur les écrits personnels qui survivent à un auteur. Ici, nous suivons la lecture que fait Lilia du journal de Roland, journal qui a été réduit des deux tiers par celui qui l’a édité – Roland ne voulait pas qu’il soit publié de son vivant. A chaque partie qui a intéressé Lilia, nous pouvons voir les notes qu’elle destine à sa petite-fille Katherine. Elle lui écrit, finalement, tout ce qu’elle ne lui dit pas, tout ce qu’elle ne parvient pas à dire – alors que j’ai eu l’impression que certains faits étaient des secrets de Polichinelle. Au fur et à mesure de ma lecture (l’oeuvre est vraiment très dense), j’ai dû faire la part des choses entre ce que Roland écrivait de lui, de ses amours (il ne consacre que quelques pages, et encore, à Lilia), et ce qui s’était réellement déroulé. Roland, orphelin très jeune, semble souvent aussi dur que peut l’être Lilia, lui qui n’est pas prêt à écouter celles qui sont en deuil, lui qui ne comprend pas que l’on puisse dialoguer avec son fils mort depuis longtemps (comme Yiyun Li elle-même l’a fait dans un autre ouvrage). Il ne craint pas cependant de s’auto-apitoyer sur son sort, entre la carrière diplomatique qui fut un échec, et son rêve de devenir romancier, un autre échec. Même sa vie amoureuse, entre la femme épousée et la femme aimée, ne fut pas vraiment une réussite. Qui pour lire le journal intime de cet homme ordinaire ? Les lettres, qu’il a écrite à la femme aimée et qu’elle lui avait demandé de détruire, ce qu’il refusa ? Plus simplement, peut-on lire les écrits intimes de quelqu’un qui n’a rien de remarquable ?
Roland écrivait pour lui. Lilia écrit pour sa fille qui n’est plus, pour sa petite-fille et son arrière-petite-fille. J’aurai aimé savoir comment elles recevraient ce texte.
Lilia est une vieille dame de quatre-vingts ans qui a enterré trois maris et l’une de ses filles et élevé cinq enfants. Dix-sept petits enfants sont nés. Une vie bien remplie donc. Mais Lilia est loin d’être une grand-mère gâteau et si l’âge est venu, elle n’a rien perdu de son mordant et de sa causticité. Et c’est justement parce qu’elle est à présent âgée que Lilia va s’autoriser une plongée dans son passé et dans celui d’un homme, Roland, qui fut son amant à travers des journaux intimes dont elle va commenter certaines pages pour sa petite-fille et son arrière-petite-fille. Car Roland est le père de Lucy, la fille aînée de Lilia, qui a mis fin à ses jours. Et dont Roland a toujours ignoré l’existence.
On pourrait croire que ce livre est très sombre : le temps qui passe, la perte d’un enfant, le deuil, les histoires d’amour ratées… mais pas du tout. Et cela grâce au caractère de Lilia. Car cette vieille dame a conservé un très grand esprit critique et tant pis si cela ne plaît pas toujours.
La lecture se fait donc à un double niveau. Le lecteur découvre les journaux intimes de Roland, ou plutôt les extraits que Lilia conserve pour ses descendantes. En parallèle, on lira les commentaires de Lilia sur la personnalité de Roland mais surtout sur ce que cela lui inspire par rapport à sa propre vie. A travers le personnage de Lilia, l’auteure explore la relation filiale, plus précisément la relation mère-fille, mais aussi les relations familiales au sens large, la relation amoureuse et les difficultés de communication entre les êtres.
Mais aussi la culpabilité qui étreint ceux dont l’enfant s’est suicidé et les interrogations que cela soulève.
C’est un portrait très subtil d’une femme qu’on pourrait croire froide, mais dont on comprend très vite que la distance et l’ironie ont été des armes pour se protéger de la peine. Celle d’avoir été abandonnée par Roland, celle d’avoir perdu sa fille. De son côté, Roland est dépeint comme un homme séducteur, collectionnant les maîtresses mais hanté par une femme, Sidelle, peut-être la seule qu’il ait réellement aimée.
C’est très agréable à lire, d’autant que la construction du récit à deux voix est originale et enrichit le roman. Une très belle découverte.
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