Post frontière
par Maxime Gillio
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Date de parution 23 août 2023 | Archivage 10 nov. 2023
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Résumé
Quand les frontières bougent, les destins vacillent
Patricia Sammer, journaliste au Tageszeitung, enquête sur les personnes ayant fui l’Allemagne de l’Est dans les années 1960. Inge Oelze, qui a franchi le Mur quarante ans plus tôt, accepte de lui raconter ses souvenirs : son enfance dans l’Allemagne dévastée de l’après-guerre, la fracture de son pays en deux blocs, son passage à l’Ouest et son engagement politique.
Mais, rapidement, leurs discussions tournent au jeu de dupes : à l’évidence, Inge dissimule une partie tourmentée de son passé, tandis que Patricia s’abrite derrière son article pour mener une quête beaucoup plus intime. Pourquoi autant de mystères entre ces deux femmes qui ne s’étaient jamais rencontrées ?
Quand les frontières bougent, les destins vacillent
Patricia Sammer, journaliste au Tageszeitung, enquête sur les personnes ayant fui l’Allemagne de l’Est dans les années 1960. Inge Oelze, qui a...
Formats disponibles
FORMAT | Grand Format |
ISBN | 9782378153175 |
PRIX | 21,90 € (EUR) |
PAGES | 336 |
Disponible sur NetGalley
Chroniques partagées sur la page du titre
Ce roman est la réécriture et la publication dans une nouvelle maison d'édition du roman Rouge Armé qui avait été un coup de coeur pour moi en 2017.
C'est de nouveau le cas pour ce roman retravaillé avec beaucoup de talent par l'auteur.
J'ai lu pas mal de romans de Maxime Gillio, je les ai tous aimés mais dans celui-ci on passe un cran au-dessus et c'est juste énorme.
Cette histoire met en présence Patricia, journaliste au Spiegel et Inge, une sudète passée d’Allemagne de l'est en Allemagne de l'Ouest et revenue en RDA.
Leur rencontre a lieu lors d'une enquête sur les personnes qui ont fui la RDA et qui y sont retournés ensuite. Après une période de méfiance, Inge raconte sa vie et son histoire à Patricia n'omettant aucun détail de ses engagements y compris les plus sordides.
Qui sont ces deux femmes et quel lien les réunies?
L' histoire des deux Allemagnes qu'on croit connaitre et toute la force de caractère de ces deux femmes nous emporte complétement.
La confrontation de ces deux personnes entre secrets et démons est terriblement prenante.
L'épilogue est inattendu et vraiment détonnant. C'est une fin en apothéose.
L'écriture est parfaite, saisissante, limpide et forte à la fois.
Lisez ce roman, vous ne le regretterez pas...
#Postfrontière #NetGalleyFrance
Une histoire humaine bouleversante.
Je cherchais depuis longtemps un roman sur cette longue période du mur et celui-ci a répondu à mes attentes (et bien au-delà même).
Un livre riche en faits historiques associés à une trame narrative qui monte crescendo. L'auteur arrive à trouver de l'humanité dans les pires situations.
Trois destins de femmes de générations différentes qui se rencontrent, se mêlent, se télescopent pour donner au lecteur un panorama de l'Histoire. Chacune avec leur vécu affrontent l'espoir, la colère, la trahison...
Les scènes sont dures, à la limite du supportable pour moi car tellement réalistes.
Le mot final de l'auteur répond aux interrogations du lecteur (histoire vraie, combien de temps de recherches...).
Merci M. Gillio.
Roman COUP DE COEUR! Foncez lire ce livre il est génial tout simplement! Un livre émouvant, les personnages sont attachants, l'écriture et l'histoire inspirée de faits réels sont très poignantes. On passe par des passage a la fois émotifs, mais aussi un peu difficile car tirée de choses qui se sont réellement passées il n'y pas si longtemps que cela et qui touche aussi a l'actualité dans des pays pas si loin de nous…. L'auteur, Maxime Gillio, qui se lance pour la 1ere fois dans ce genre de roman, a su me touché au cœur avec cette histoire, un premier essai très réussi et j'ai vraiment hâte d'en lire encore d'autres d'ailleurs :) Il faut que vous lisiez ce roman, ne passez pas a coté! Compliqué de plus détaillé sans spolié le contenu…
trois époques, trois vies, trois femmes qui évoluent autour de des antagonismes. Le monde communiste, l'Allemagne de l'Est, le monde occidental, l'ouest, la guerre, l'après guerre et les vengeances.
Chacune cherche à se venger pensant retrouver une vie qu'elle mérite. Mensonge , douleur, tristesse, secrets
ce roman est difficile à résumer sans dévoiler ce qui fait le plaisir de la découverte tout au long de la lecture.
J'ai beaucoup aimé découvrir ces destins de femmes...
Merci pour ce très beau roman
Pour sa première rentrée littéraire, Maxime Gillio frappe fort. Autant le dire tout de suite, voici le retour de lecture d’un énorme coup de cœur.
On suit l’histoire de trois femmes, dont les histoires sont liées.
Anna, une Sudète et son terrible destin. Les passages sur sa vie, dans l’horreur de la guerre, et face aux monstres que deviennent certains hommes, sont révoltants. Les exactions dont ils sont capables, sont bien plus violents, bien plus vicieux que la guerre elle-même. Si la guerre s’est achevée en 45, les souffrances, les tortures, le harcèlement ont durés encore de nombreuses années.
Patricia, une jeune femme torturée, journaliste, recueille les confessions de Inge, sur sa vie derrière le mur. Il est rapidement clair qu’elle n’est pas uniquement là pour écrire un article sur le sujet, il y a quelque chose de personnel, qu’elle essaye, difficilement, de cacher à son interlocutrice.
Inge, qui a vécu derrière le mur, l’histoire qu’elle raconte est touchante, mais on comprend que la version qu’elle livre à la journaliste est très édulcorée. Par pudeur ? Par méfiance ? L’histoire de cette femme est aussi passionnante que terrible, ses secrets sont lourds et ont laissé des plaies ouvertes qui peinent à cicatriser.
Au-delà d’un roman, c’est un livre fascinant sur un pan de l’Histoire peu connu de la plupart d’entre nous. Loin de ce que vous pouvez apprendre dans les manuels d’école. Maxime Gillio réussi le tour de force de poser des mots justes, avec une élégance bluffante, sur des histoires terribles. Sans jamais tomber dans le voyeurisme, ou le spectaculaire, c’est avec des émotions justes qu’il nous guide sur la frise du temps qui parle de ces trois femmes. Si certains passages sont durs, ils ne sont que le reflet de ce que les hommes sont capables de faire.
Le vais me répéter, ENORME coup de cœur pour ce roman que je ne peux donc que vous conseiller.
Merci NEtGalley et Talent éditions pour cette lecture
#Postfrontière #NetGalleyFrance
Il y a des mots dans une 4ème de couverture qui attisent tout de suite ma curiosité. J’ai sauté sur « Post frontière » dès que j’ai vu qu’il était question de l’ex-bloc communiste. Ne me jugez pas… Chacun·e ses marottes.
J’ai été bien inspirée car je l’ai dévoré et, pourtant, je l’ai souvent posé pour réfléchir. A travers la vie de trois femmes - Anna, Inge et Patricia -, on parcourt l’ex-RDA, de l’expulsion des allemands des Sudètes à la declassification des archives de la Stasi. C’est un roman historique, bien sûr, mais qui pose aussi la question du rapport vainqueurs/vaincus, parents/enfants, présent/souvenir… Il s’agit en outre d’une démarche très personnelle et très réfléchie de l’auteur, la postface est à lire pour mieux comprendre!
Mon premier coup de cœur de cette rentrée littéraire!
J'avais eu l'occasion il y a quelques années de découvrir Maxime Gillio dans un autre genre, le polar, aussi lorsque j'ai vu qu'il sortait un nouveau roman pour cette rentrée littéraire, je n'ai pas trop hésité, surtout au vu du résumé.
Nous faisons la connaissance de Patricia, journaliste allemande qui mène une grande enquête sur les personnes ayant franchies le mur pendant la guerre froide. Dans sa quête elle va rencontrer Inge, femme solitaire et théseuse, qu'elle veut à tout pris interviewer.
Démarre alors une discussion, de laquelle vont peu à peu sortir des secrets, des mensonges et des vérités insoupçonnées.
J'ai beaucoup apprécié ce roman pour deux raisons principales: le déroulé de l'histoire et son contenu.
Pour le déroulé tout d'abord, tout est dans la forme. Ce roman se comporte comme un huis-clos, un interrogatoire, une interview qui met face à face deux personnalités, deux histoires, et tout un tas de secrets, c'est pour moi le premier point positif. Cette configuration fait monter la pression doucement mais surement, et maintient le lecteur dans une envie d'encore, bienvenue. Les pages se tournent avec frénésie et on en redemande.
Le fond ensuite, j'ai toujours aimé découvrir les romans sur le 20 siècle et ses événements marquants, j'en avais déjà lu sur l'après guerre, mais j'ai beaucoup aimé cette quête de l'héroïne à découvrir son passé sous un prétexte qui lui permet de présenter des événements historiques qui sans être cachés, ne sont pas toujours mis en lumière. Ils donnent beaucoup d'épaisseur à l'intrigue.
Au final le suel petit point négatif pour moi a été l'héroïne Patricia. On la comprend en souffrance et en perdition par moments, mais certaines scènes montrant ses excès en tout genres n'étaient pour moi pas forcément nécessaires. Mais cela restera une bonne lecture que je recommande
🔴Post frontiere de @maximegillio aux @talent_editions via @netgalleyfrance
✔️📝"Que deviennent nos destinées quand les frontières bougent ?" voici le postulat de ce livre écrit magistralement par @maximegillio
C'est le destin de 3 femmes, Anna, sudete, contrainte à l'exode avec ses 2 jeunes garçons; Inge, fille d'Anna, conçue dans cette exode forcée et Patricia, journaliste tourmentée, qui officiellement souhaite écrire sur ces allemands de l'Est, un jour passés clandestinement à l'Ouest, et qui ont fait le choix de revenir à l'Est.
Post frontiere c'est donc ces destins croisés dans cette Histoire terrible que fut la 2nde guerre mondiale en Allemagne. D'un côté des allemands installés en Tchécoslovaquie sur les meilleures terres un jour expulsés vers l'Allemagne de l'est où ils sont détestés et faits prisonniers. La génération suivante vivra dans cette division entre l'Est communiste et l'Ouest des yankies, terre de liberté de l'autre côté du mur de Berlin. La révolte des opposants allant jusqu'au terrorisme, idéologie qui finira pas tuer des innocents.
Ce livre est profond, les personnages sont terriblement attachants, la documentation est très riche et permet à l'auteur de nous faire rentrer dans un univers violent, de nous présenter cette partie de l'histoire de l'Allemagne de l'est que nous avons peu étudiés pendant nos études.
J'avais 11 ans quand le mur est tombé, je me souviens des images télévisées de cet événement dont je mesurais mal les tenants. Mon prof de technologie avait fait le voyage et avait ramené un morceau du mur que nous avions tous pu contempler comme un trésor précieux.
📚 Sortie aujourd'hui dans les librairies à l'occasion de la rentrée littéraire.
Une vraie pépite ! Réécriture poignante sous forme de fresque romanesque de "Rouge armé" publié en 2016 !
Trois générations, trois femmes, une même histoire : celle de l'Allemagne de l'Est et de la tragique destinée des Sudètes. Ce roman historique, quête mémorielle à travers celle de l'Histoire de l'Europe, questionne sur le poids des frontières et les héritages familiaux sur les destins individuels.
La scène s'ouvre en Tchécoslovaquie à la fin de l'été 1944. Anna, une Sudète, nous livre son terrible destin grâce à de nombreux flashbacks. dévoilant peu à peu sa vie, dans l’horreur de la guerre. Sa fille, Inge, est née en 1946 dans un camp de transit, quand Anna a été expulsée de Tchékoslovaquie. A la mort d'Anna, Inge a été adoptée. Elle n'a jamais connu son père, mort à la guerre. Jusqu'à ce que son frère lui dévoile un secret de famille bien gardé...
En 2006, Patricia, journaliste quadragénaire au Spiegel, recueille le témoignage de Inge, âgée alors de soixante ans,sur sa vie derrière le mur. Mais, est-elle uniquement là pour écrire un article sur l'histoire de cette Est-Allemande ayant réussi à passer à l'ouest après la construction du mur de Berlin ? Quel lien unit ces deux femmes ? Que cherche réellement Patricia ?
La structure narrative bien maitrisée alterne entre passé et présent, ce qui permet de préserver le suspense en dévoilant peu à peu les liens qui unissent ces trois protagonistes aux destins mêlés. Le style fluide et la plume addictive de l'auteur rendent la lecture très agréable. L'intrigue est prenante et émouvante, à la fois divertissante par son côté romanesque et instructive car cette histoire est inspirée faits réels. Les personnages sont vraiment touchants car tous révèlent leur passé douloureux, ce qui permet de s'identifier à eux très facilement. Le dénouement surprenant est vraiment très réussi. Un très bon moment de lecture !
Je remercie @Talenteditions et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce superbe roman très émouvant que je conseille à celles et ceux qui s'intéresse à l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale.
On va suivre, dans ce roman, le destin de trois femmes : Inge Oelze, originaire de la RDA, Paricia Sammer, journaliste qui enquête sur les personnes qui ont tenté de franchir le mur de Berlin, dans les années soixante et Anna, une Sudète ayant vécu en Tchécoslovaquie dans les années 40.
Le prologue nous raconte, la manières dont les Sudètes étaient traités durant ces années de guerre : les Allemands de seconde zone par le régime Nazi, alors qu’ils se pensaient bien intégrés ; puis après la guerre, sous le régime communiste, ils ont considérés eux-mêmes comme des nazis ce qui leur a valu des persécutions à n’en plus finir : exécutions sommaires, exodes sur les routes, pour être parqués, quand ils survivaient, dans les camps de la mort : répétition des scenarii comme toujours au nom de la vengeance.
Anna avait eu le malheur d’épouser un sympathisant du régime, qui a grimpé ensuite les échelons de manière zélée, sa première victime ayant été le père d’Anna dont il a orchestré l’arrestation. Anna a eu des enfants qui vont prendre le chemin des camps avec elle.
L’histoire d’Anna va servir de fil rouge au récit qui alterne les années 40, 60 et l’époque actuelle. Pour entrer de plain-pied dans l’histoire, on fait la connaissance de Patricia, qui se présente chez Inge, prétendant qu’elle écrit un livre sur les personnes qui ont tenté de franchir le mur et affirme avoir trouvé le nom de Inge, dans les anciens dossiers de la tristement célèbre STASI. Celle-ci finit par accepter de raconter l’histoire de sa famille, mais sans vraiment tout révéler, elle se méfie de Patricia, tout comme celle-ci n’est pas vraiment sincère, hantée par le décès de son père dans des conditions difficiles, à l’époque où sévissait les brigades rouges. Une véritable partie d’échecs se met en place, entre les deux femmes, chacune avançant ses pièces.
Maxime Gillio nous propose une belle intrigue, qui nous permet de revisiter plusieurs époques de l’histoire allemande. Je connaissais très peu le destin tragique des Sudètes. Certes, j’ai lu plusieurs livres qui narraient le statut des Allemands et le sort qui les Communistes leur ont réservé, tout aussi cruel que le nazisme, mais comme ils ont gagné la guerre…
J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteur décrit les années de plomb, l’érection du mur de Berlin pendant la nuit, de manière arbitraire, séparant les familles pour des années, les tentatives pour le franchir, malgré barbelés, chiens, miradors car on en parlait dans les JT, notamment au moment des fêtes de Noël ainsi que la tristement célèbre RAF, Fraction Armée Rouge, groupe terroriste de RFA, qui voulait lutter contre le capitalisme, par des moyens arbitraires : enlèvement de patrons de société.
J’avais un peu oublié Hans Martin Schleyer qu’ils ont exécuté en 1977 à Cologne, mais la demande de pardon d’une ancienne membre de RAF a fait la une des journaux, il y a quelques temps.
En parallèle, Maxime Gillio explore les conséquences tragiques des guerres, du terrorisme, sur les êtres mais aussi sur leur capacité de résilience et les conséquences sur la famille, les enfants issus de ces drames : les choix que l’on peut être amené à faire, en tant que mère par exemple, sur les enfants plus tard, et la possibilité ou non de se reconstruire, parfois même de se construire, les êtres qu’on perd.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Talent qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur et de découvrir d’autres livres (il en a plus d’une trentaine à son actif!).
#Postfrontière #NetGalleyFrance !
Comme vous le savez, je m’intéresse particulièrement à la saconde guerre mondiale et à la période qui a suivi. Ce livre qui met en scène des personnages ayant vécu dans l’Allemagne de la fin de la guerre était donc fait pour moi et je remercie Talent éditions et Net Galley de m’avoir permis de le lire.
Et j’ai beaucoup apprécié ce roman, particulièrement bien écrit, bien documenté et bien construit. Il parle de trois personnages féminins, qui ont vécu à trois époques différentes, mais dont les destins vont s’entremêler tout au long du livre : Patricia Sammer, journaliste qui enquête sur les personnes qui ont voulu franchir le mur de Berlin dans les années soixante, Inge Oelze, originaire de RDA puis sympathisante de la fraction Armée rouge, et Anna, une Sudète ayant vécu en Tchécoslovaquie dans les années 40.
Et au travers de ces trois destins, on aborde trois épisodes de l’Histoire. La prologue rappelle l’annexion des Sudètes par l’Allemagne nazie et la façon dont leurs habitants étaient traités. On voit par la suite le traitement qui leur a été infligé par le régime communiste de Tchécoslovaquie en 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale. Puis, dans les années soixante, on est face à la situation des Allemands de RDA qui tentent par tous les moyens et au péril de leur vie de franchir le mur de Berlin qui a séparé arbitrairement les familles. Enfin, on évoque les actions de la fraction Armée rouge, groupe révolutionnaire de RFA dans les années soixante-dix.
Par des chapitres courts et repérés par une date, l’auteur construit peu à peu l’intrigue et on ne s’y perd jamais. On comprend très vite que Inge et Patricia cachent une blessure qui motive leur action et leur attitude. On se demande ce qui les lie. Et ce n’est qu’à la fin que les pièces du puzzle soigneusement mis en place par l’auteur vont se rejoindre. Un tour de force, d’embarquer le lecteur dès le début dans cette histoire et, peu à peu, de dévoiler les rouages d’une histoire étonnante.
Inge et Patricia ont des personnalités complexes très bien décrites, on voit leurs tourments, leurs blessures, on comprend leurs réactions.
En voici deux extraits.
P. 115. En 1966, son ami Christian déclare à Inge :
— Je n'ai jamais dit que les pays de l'Ouest étaient des modèles. Mais au moins, là-bas, les divergences peuvent s'exprimer. Si j'étais de l'autre côté, je pourrais manifester mon mécontentement sans risquer d'être mis en prison au premier slogan, comme c'est le cas ici ! Bien sûr que le gouvernement américain est un ramassis d'ordures, mais au moins, on peut le crier et alerter l'opinion. Tu veux que je te rappelle les dizaines de morts à Berlin-Est et Leipzig, pendant les manifestations ouvrières ? C'est ça, ton idéal de liberté? Très peu pour moi ! Tant qu'à choisir un monde imparfait, je préfère encore celui où j'ai le droit d'ouvrir ma gueule.
P. 127. En 2006, Inge parle à Patricia :
— J'ai toujours détesté les dictons populaires. S'il y en a un que j'exècre par-dessus tout, c'est celui qui dit que le temps atténue les douleurs et que même les chagrins les plus forts finissent par s'estomper. Eh bien, vous savez quoi, Patricia ? Ce sont des foutaises. Un ramassis de conneries. La vérité, la vraie vérité, vous la voulez ? C'est que Christian est mort depuis quarante ans, et que plus le temps passe, plus il me manque. Son absence m'est plus insupportable aujourd'hui que ne l'était il y a dix ans. Les saisons défilent, dans leur déprimante monotonie, et chaque jour qui passe ravive un peu plus ma douleur.
Un excellent roman, très fort, parfois bouleversant, à lire absolument !
Critique sur Babelio à l'adresse https://www.babelio.com/livres/Gillio-Post-frontiere/1539029/critiques?tri=dt
Livre présenté sur Newsorleanswebradio lors de mon émission du 12 octobre 2023. La chronique sera publiée sur le site par la suite.
Un roman historique où les femmes sont au cœur il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité d’autant plus que je n’ai jamais lu sur le sujet des Sudètes. L’histoire d’Anna est dramatique et vraiment tragique, il y a d’ailleurs eu des moments presque trop douloureux à lire. Un roman riche qui retrace le drame vécu par ces Allemands des Sudètes rejeté après guerre par les pays où ils avaient immigré mais aussi l’histoire de l’Allemagne après guerre avec la séparation de ce pays. A travers l’histoire de ces femmes l’auteur analyse finement les répercussions des changements de frontières
Trois femmes trois histoires, Anna va subir la cruauté des hommes, Allemandes originaire des Sudètes dont la famille a immigré en Tchécoslovaquie depuis plusieurs générations va devoir faire face à la haine des ses voisins qui n’auront qu’une idée en tête se venger des Allemands au lendemain de la seconde guerre mondial. « Œil pour œil, dents pour dents » sera d’ailleurs noté à l’entrée des camps où ils seront parqués. L’horreur ne s’est pas arrêté avec la guerre. Le destin tragique d’Anna m’a énormément touché tout comme celui d’Inge qui va grandir et devenir femme dans l’Allemagne de l’est, en pleine guerre froide. Cette histoire s’ancre dans la grande histoire, ce roman est extrêmement intéressant. Patricia m’a moins touché, son mal-être extrême parfaitement retranscrit m’a dérangé, l’autodestruction dont elle fait preuve et ses désirs paradoxaux même s’ils s’expliquent, ne m’ont pas permis de ressentir d’empathie pour sa personnalité. Cependant j’ai vraiment apprécié le duo qu’elle forme avec Inge et voir leur relation évoluer de journaliste avec son témoin à un lien précieux m’a plu.
J’ai frôlé le coup de cœur avec cette lecture. Je ne peux que vous conseiller de venir à la rencontre de ces trois femmes. Un roman addictif car à travers ces trois histoires l’auteur arrive à créer du mystère et de la tension mais âme sensible s’abstenir.
Écart de route pour Maxime Gillio, d’ordinaire habitué à de plus rocambolesques histoires, entre la jeunesse et le polar décalé. Mais son entrée dans la cour de la littérature dramatique et historique, il l’exécute par la grande porte, avec un texte hybridant tous les aspects de ce que ce fut d’être allemand.e dans la seconde moitié du vingtième siècle. Au travers de plusieurs portraits croisés, pas toujours du bon côté de la frontière morale, il questionne le rapport à la violence de ce peuple qui, en perdant la guerre, perdit sa réputation.
Les violences contre les femmes « traitres », les déracinements, les frontières brutalement érigées la nuit déchirant des familles entières, beaucoup de ces drames ont été perçus par l’opinion publique comme la logique conséquence des crimes commis durant la Seconde Guerre mondiale. Alors ici, pas question de manichéisme, mais bien de redonner leur voix à toutes ces femmes dont l’histoire a effacé les parcours et les identités.
Une véritable réussite dans le genre, une étude érudite de crises aussi compliquées à appréhender telles que celle des Sudètes, et un roman qui trouvera sans nul doute son public durant cette rentrée littéraire.
3 destins de femmes racontés, une triple temporalité (1945, 1977 et 2006), et un récit très poignant !
Le point de départ est l’enquête journalistique menée par Patricia Sammer, journaliste « déglinguée », aux mœurs dissolues et au passé compliqué. Cette enquête n’est qu’un prétexte et peu à peu, en tirant le fil et en replaçant les pièces du puzzle, nous découvrons la vérité.
C’est fluide, très bien écrit, instructif, émouvant et passionnant !
Ces destins nous permettent de traverser plusieurs temps forts de l’histoire allemande : la fin de la guerre; la difficulté de grandir en tant que jeune allemand dans l’Allemagne d’après guerre; la construction du mur; les passages d’est en ouest; la naissance et l’évolution, dans les années 70, de la Fraction Armée Rouge, ce terrorisme d’extrême gauche; les Ossis (Allemands de l’Est intégrés à la nouvelle Allemagne) et leur mal de vivre dans cette réunification est-ouest..
J’ai re-découvert l’histoire des Sudètes, ces allemands exilés en Tchécoslovaquie, considérés comme traîtres et expulsés à la fin de la guerre.
Certains passages sont durs et difficiles à lire certes mais cette histoire s’inspire largement d’une histoire vraie : l’histoire de la mère du beau frère de l’auteur qui porte le même prénom que l’une des héroïnes : Inge et c’est d’autant plus fort.
Se pose toujours la question de ces populations qui sont déplacées, qui cherchent leurs origines. C’était vrai en 1945, durant la guerre froide et toujours aujourd’hui malheureusement. L’actualité nous le prouve tous les jours. Et au delà de ces murs et ces frontières, des hommes et des femmes continuent leur combat pour leur survie.
Si vous aimez l’Histoire, et plus particulièrement celle de l’Allemagne et de l’Europe, je vous recommande vivement ce livre.
Merci à Netgalley et à Talents éditions pour cette découverte !
Maxime Gillio propose un voyage à travers trois périodes cruciales de l'histoire allemande.
Patricia, journaliste au Tageszeitung, se lance dans une enquête sur les fugitifs de l'Allemagne de l'Est des années 1960. Inge, qui a franchi le Mur quatre décennies plus tôt, accepte de partager son histoire avec elle. Mais cette rencontre révèle rapidement des mystères et des secrets enfouis, dévoilant une vérité plus ancienne et complexe que prévue.
Les bouleversements politiques et géographiques du XXème siècle servent de toile de fond à ce roman, soulignant la manière dont les frontières peuvent décider des destinées humaines.
Le roman navigue habilement entre trois époques distinctes et on découvre tour à tour les dévastations de la Seconde Guerre mondiale, l'angoisse de la Guerre froide ou le monde plus contemporain de 2006.
L’auteur a su recréer parfaitement l'atmosphère et les tensions de chaque période.
On suit avec plaisir l’évolution de Patricia et Inge, les deux protagonistes. Les révélations sont nombreuses et le lecteur est constamment tiraillé entre la quête de vérité et les mystères les entourant. Les deux femmes vont s’apprivoiser pour finalement se libérer de tous leurs secrets et mensonges. Ce n’est qu’à la toute fin du roman que le lecteur parvient à assembler tous les morceaux du puzzle. Le secret de Patricia apporte une touche très émouvante à l’histoire.
L'écriture de Maxime Gillio est élégante et efficace. Impossible de lâcher le livre avant la fin.
Post Frontière" est un roman enthousiasmant qui montre comment l’Histoire peut façonner le destin individuel et collectif. Il soulève des questions sur la mémoire, la réconciliation et les relations humaines. Une lecture à découvrir.
L'auteur, le livre (336 pages, 2023) :
Le dunkerquois Maxime Gillio est un auteur qui touche un peu à tout, notamment au polar : il était porteur d'une histoire de famille (de belle-famille pour être exact) qu'il avait déjà mise en page dans un premier bouquin sorti en 2016, Rouge armé, avec une intrigue fortement teintée de polar à l'époque.
Huit ans plus tard, la maturité littéraire venue, il reprend entièrement son texte pour nous proposer Post frontière, roman qui nous emmène en Europe centrale pour un voyage dans le temps et de chaque côté du Rideau de Fer.
Le contexte :
Les sudètes ont la sinistre réputation d'avoir fourni le prétexte au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Cette population germanophone de Bohème qui n'avait pas été rattachée à l'Allemagne en 1919, s'est réveillée un beau jour de 1938 rhabillée des couleurs de l'envahisseur nazi : le conflit latent éclatait au grand jour.
Lorsque les russes libéreront la région en 1945, les sudètes haïs qui réussiront à échapper aux exécutions sommaires, seront alors priés de faire leurs valises, quitter leurs maisons et se réfugier en Allemagne (de l'est).
Rarement population aura été aussi malmenée malgré elle dans des conflits et des enjeux qui la dépassait totalement.
On aime bien :
❤️ On se passionne pour cette histoire dans l'Histoire qui revisite le passé mouvementé de cette Europe centrale, à travers les destins de deux ou trois générations qui n'avaient plus de toit.
❤️ On apprécie une prose simple et efficace sans fioritures ni débordements, même si on regrette parfois un texte un peu trop explicatif, façon "la RDA pour les nuls".
🔴 On n'a moins accroché au personnage de la journaliste Patricia, prise dans une spirale d'auto-destruction un peu caricaturale. Le livre un peu inégal est sauvé par la découverte d'une part méconnue de l'Histoire de l'Allemagne.
L'intrigue :
De nos jours, Patricia, une journaliste instable dont la vie part en sucette, s'appuie sur quelques archives déclassifiées de la Stasi pour aller interviewer Inge, une sudète au passé malmené par l'Histoire.
La petite histoire d'Inge qui nous est contée se mélange avec la grande Histoire : la sudète chassée de sa région natale se réfugie en Allemagne de l'Est, puis "passe à l'ouest" pour se retrouver sympathisante de la RAF (la Rote Armee Fraktion, celle de la bande à Baader) avant de revenir du côté Est du rideau de fer.
Mais que veut vraiment Patricia, qu'est-ce qui la motive réellement à enquêter ainsi sur le passé de la vieille Inge ? Quel est le lien secret entre ces deux femmes ?
Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire.
Livre lu grâce à Netgalley et aux éditions Talent.
Trois femmes ballotées par l’Histoire
Anne, Inge et Patricia ont toutes été victimes des soubresauts de l’histoire, des frontières qui bougent. En nous racontant leurs histoires Maxime Gillio réussit un formidable roman historique, qui entre aussi en résonnance avec l’actualité la plus brûlante.
L'histoire commence en 1944, à Priesten, en Bohême, dans l'ex-Tchécoslovaquie. Anna, qui est Allemande, sudète, est prise à partie par les villageois. La mère de famille est proche d'être lynchée avant qu'un professeur ne s'interpose et ne parvienne à la sauver des griffes des villageois en furie.
Puis le roman bascule en 2006, à Heidenau, en Basse-Saxe, quand Patricia Sammer, une journaliste au Tageszeitung vient proposer à madame Lamprecht de raconter son histoire, ayant découvert dans les archives de la BStU, le bureau en charge des archives de la Stasi, qu'elle s'appelle en fait Inge Oelze et qu'après avoir réussi à fuir à l'ouest, elle était revenue en ex-RDA. Très méfiante, Inge finit par confier son histoire à la journaliste, faisant le lien avec le chapitre initial. «Mes parents, Josef et Anna Fierlinger, étaient des Allemands sudètes, qui habitaient à Priesten, un petit village de Bohême, dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Leurs familles respectives y étaient implantées depuis plusieurs générations. Aujourd'hui, il s'appelle Pfestanov, mais à l'époque de mes parents, c'était Priesten, à l’allemande.… Je n’ai pas connu mon père, qui était soldat dans la Wehrmacht. J'ai été conçue pendant une de ses permissions, mais il est mort dans les bombardements de Berlin, quelques semaines avant la capitulation... Comme vous le savez, sitôt la guerre terminée, les Sudètes ont été expulsés des territoires où ils habitaient depuis plusieurs années. Ce fut le cas de ma mère qui est partie sur les routes enceinte de moi, avec mes deux frères. Je vous passe les conditions de vie qui furent les leurs durant cet exode.»
Si Patricia s’intéresse de si près à cette histoire, c’est que son propre destin n’est pas étranger à celui de son interlocutrice. Cette part d’ombre va nous conduire dans l’Allemagne des 70 à 90, au moment où la Fraction armée rouge de Baader-Meinhof faisait régner la terreur dans la République fédérale.
Maxime Gillio s’est inspiré de faits réels pour ce livre. Son beau-frère, qui a grandi en Allemagne de l’est jusqu’à la chute du Mur, lui a raconté l’histoire de sa mère, réfugiée sudète contrainte à l’exode. C’est à partir de son témoignage qu’il est parti sur les lieux et s’est abondamment documenté pour nous offrir cet émouvant récit, ces trois portraits de femmes victimes du redécoupage des frontières comme tant de leurs compatriotes.
Mais ce qui fait l’intérêt de ce fort roman, c’est aussi son absence de manichéisme. En le lisant, on comprend que la chute du mur a aussi pu être vécue comme un drame, un choc. «Cette plongée soudaine dans un nouveau monde tellement agressif, si plein de doutes et d’angoisses» peut faire regretter un système où régnait la Stasi et où les contrôles et le manque de libertés, car «ce régime apportait des repères».
L’auteur s’est aussi servi de son sens de l’intrigue et du suspense, acquis avec l’écriture de romans policiers, pour entraîner le lecteur d’un destin à l’autre, attisant sa curiosité au fil des pages. Avec Anna, Inge et Patricia, il nous montre aussi que l’émigration est rarement un choix volontaire et que la remise en cause de l’intangibilité des frontières s’accompagne souvent de drames humains. C’est dire combien ce roman résonne avec l’actualité le plus brûlante.
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