Portrait huaco
par Gabriela Wiener
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Date de parution 18 août 2023 | Archivage 2 oct. 2023
Éditions Métailié | Bibliothèque hispano-américaine
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Résumé
Ici, vous allez trouver un arrière- arrière-grand-père pilleur d’objets incas au XIXe siècle, la mort d’un père aimant qui avait une double vie et leur descendante, une femme curieuse et résolue, aussi provocatrice que jalouse, qui vit une relation polyamoureuse brinquebalante. Cela commence avec un choc : la narratrice visite le Musée du quai Branly et regarde une pièce où elle croit se voir dans un miroir brisé par les siècles. Cette pièce est un portrait huaco, une statuette de céramique préhispanique représentant un visage indigène. Et la salle d’exposition porte le nom de son aïeul, Charles Wiener. Un explorateur connu pour avoir « failli » découvrir Machu Picchu et présenté ses trouvailles dans le cadre de l’Exposition universelle de Paris, comptant entre autres attractions un zoo humain. Et il est à l’origine de la lignée des Wiener péruviens.
Presque 150 ans plus tard, sans autre bagage que ses doutes, son culot et son humour, la narratrice va essayer de retrouver les traces de la bâtardise de sa famille. Les vestiges d’un héritage colonial hantent ce premier roman remarquable sur l’amour, le désir, le sexe, le deuil, la famille et le racisme. Il y a de la rage, de la résistance et de la tendresse dans ces pages, mais aussi la force révélatrice du souvenir et de l’imagination.
Ici, vous allez trouver un arrière- arrière-grand-père pilleur d’objets incas au XIXe siècle, la mort d’un père aimant qui avait une double vie et leur descendante, une femme curieuse et résolue...
Formats disponibles
FORMAT | Grand Format |
ISBN | 9791022612913 |
PRIX | 19,60 € (EUR) |
PAGES | 160 |
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Disponible sur NetGalley
Chroniques partagées sur la page du titre
Lors d’une visite au musée du Quai Branly, Gabriela Wiener tombe en arrêt devant des « Statuettes qui [lui] ressemblent. » La salle où elles sont exposées porte le nom de son aïeul, Charles Wiener, son arrière-arrière-grand-père. Gabriela Wiener tente d’en apprendre davantage sur la branche péruvienne de sa famille, branche fondée par Charles Wiener. Descendant à la fois de colonisateurs et de colonisés, comment pourrait-elle trouver sa place entre les deux cultures ?
Récit autobiographique mêlé de réflexions autour de la colonisation, de l’appropriation de biens culturels par les pays colonisateurs, de la domination des blancs sur les autres cultures, Portrait huaco montre toute l’horreur des spoliations organisées avec la bénédiction des différents états concernés, dont la France. Charles Wiener fut mandaté par la France en 1876 pour mener une expédition au Pérou, et présenter ses découvertes à l’exposition universelle de Paris de 1878. Parmi les « trophées » ramenés par Wiener des centaines d’autochtones qui furent exposés dans de véritables zoos humains. Ainsi, comme l’écrit Gabriela Wiener, « des milliers de visiteurs ont payé une entrée pour voir des êtres vivants en captivité, sous prétexte de s’instruire. » (p. 95) Gabriela Wiener est très critique envers son aïeul, mais elle nuance son propos à plusieurs reprises. C’est en partie ce qui fait la richesse et la profondeur de ce livre. Elle évoque également sa vie personnelle, le polyamour et le sentiment de n’être jamais vraiment à sa place. C’est un livre qui fourmille d’idées, de réflexions, personnelles ou d’une portée plus universelle, un livre qui peut être une source inépuisable de questionnements. Un livre qu’on referme sur un coup de poing, avec une réponse qui arrive à la dernière ligne ou presque, et qui n’est pas celle qu’on espérait. Magistral !
Merci aux éditions Métailié et à Netgalley pour ce partenariat.
Vu de France, comment ce roman autobiographique sera reçu ? Moi même, je me suis questionnée sur ma légitimité à chroniquer ce livre. Certes, j’aime la littérature sud-américaine, mais les problématiques évoquées par l’autrice me sont presque totalement inconnues.
Il commence en France, pourtant, au musée du quai Branly. Il n’est pas vu du point de vue d’un visiteur français, voire occidental, il est vu par l’autrice : ce qui lui saute aux yeux n’est pas ce qui nous saute aux yeux. Elle y voit l’absence de classement, de réelles explications quand à ce qui est exposé. Elle y voit surtout le pillage de civilisations, la sienne n’en étant qu’une parmi d’autres, son histoire, celle de son peuple, écrite par d’autres. Et ce ne sera pas le seul moment dans ce texte où l’on verra des occidentaux, détenteurs de savoir universitaire, récrire son histoire, voire même douter de son histoire.
En effet, Gabriela Wiener est la descendante d’un authentique pillard, ou plutôt un authentique explorateur, qui a eu un enfant au Pérou, avant de rentrer tranquillement en Europe, où il tâcha d’obtenir toute la reconnaissance auquel il pensait avoir droit. Ce qui est intéressant dans la vie de Charles Wiener est ce qu’il n’a pas fait, mais aussi ce dont les chercheurs actuels se sont désintéressés. Ainsi, Wiener a emmené un enfant péruvien en Europe – et ce qu’il est devenu n’intéresse pas grand monde, si ce n’est Gabriela Wiener.
Ce récit est déroutant, bouillonnant, foisonnant. Gabriela ne nous cache rien de sa vie personnelle, elle qui est polyamoureuse, qui montre la difficulté à être acceptée par la famille de sa compagne, non parce qu’elle est une femme, mais parce que dans le système de pensée de certains espagnols, une péruvienne ne peut qu’être une domestique. Le format a beau être court, l’autrice montre que chaque sujet abordé a été pensé, réfléchi, même si certains peuvent, je me répète, nous dérouter, nous forcer à nous questionner nous-même sur des sujets que l’on ne pensait pas aborder.
Une oeuvre singulière, à découvrir pour cette rentrée littéraire 2023.
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