Un homme sans mots

Auschwitz,
1943,
Lorenzo Perone est envoyé dans ce camp en tant que travailleur étranger, il est maçon et est employé par sa société pour agrandir le camp de concentration
Il y rencontre Primo Levi, 25 ans, lui est un détenu…

Lorenzo est identifié, il garde son nom, car il s’est porté volontaire et y vit dans des conditions précaires mais acceptables
Primo, non identifiable, car est un prisonnier, matricule 174 517, tatoué comme une bête…


J’ai lu très récemment « Si c’est un homme » de Primo Levi

L’un ne va pas sans l’autre, l’autre ne va pas sans l’un, ils sont complémentaires

Ce livre reflète à la perfection les hommes et les femmes qui ont sauvé une personne, 10, 100, 1000 ou plus et qui sont restés dans l’oubli…

Ces hommes et ces femmes qui ont fait actes de bravoure tout en restant dans l’anonymat, qui ne se mettent pas en avant, qui ont su rester humbles.

Leur cœur a seulement parlé… sauver son prochain, son ami, sa sœur, son père, son voisin, ou un simple inconnu…

L’auteur est historien

C’est une vision plus éloignée de ces camps. Une vision plus analytique…

C’est à la fois un regard élargit, c’est la perception de l’extérieur mais c’est aussi un décryptage à la loupe de ce qu’ont pu être les liens entre certains hommes et certaines femmes et ici surtout entre Primo Levi et Lorenzo Perone
Il y a aussi l’après… impossible de s’en sortir pour Lorenzo contrairement à Primo
La fin est extrêmement touchante avec la mort de Lorenzo en 1952 et Primo qui prénomma sa fille Lisa Lorenza

Lorenzo, cet homme, ce civil italien, lui a donné pendant 6 mois, tous les jours, un morceau de pain et le fond de sa gamelle et une écoute attentiste

Lorenzo a été reconnu en tant que Juste de la Nation

Une amitié hors du temps,

Je salue le travail de recherches qui a du être faramineux, ce récit est alimenté de photos, de lettres diverses, de tickets de cantine…
Les archives sont notre mémoire du temps et de notre histoire…

Un très bel essai, poignant et foisonnant qui nous fait entrer au coeur de l'oeuvre levienne.
Alors qu'il est déporté au camp d'Auschwitz en 1943, Primo Levi est maintenu en vie grâce à Lorenzo, un "travailleur volontaire" dans les environs du camp, qui a, avec lui, partagé sa soupe, au mépris du danger qui les menaçait tous les deux.
L'historien Carlo Greppi repart sur les traces de Lorenzo, ce maçon piémontais taiseux, discret, qui n'a rien demandé en retour et qui est aujourd'hui reconnu comme "Juste parmi les nations" depuis 1988.
Un homme sans mots est un livre nécessaire, qui reste longtemps en mémoire après sa lecture.

📚Plus qu'une simple biographie


Chose importante à savoir sur ce livre: ce n'est pas un roman historique, encore moins une fiction. C'est une biographie écrite par historien, presque sous forme d'essai, de traité. Il y a des centaines de références, énormément "d'explications de texte" de passages des œuvres de Primo Levy. Grâce à ce dernier, un juste parmi les nations n'est pas tombé dans l'anonymat.

On y découvre cet homme, taiseux, bougonneur, mais avec un cœur caché plus gros que lui. Bien que Lorenzo était employé "volontaire" et donc "libre" dans cet anus mundi (lire le livre pour comprendre la signification de ces mots dans ce lieu et ce contexte), il en est ressorti brisé, traumatisé, anéanti.

Durant toute la lecture, nous allons découvrir, avec le peu d'indices laissés, sa vie. De sa naissance à sa mort prématurée en 1952.

Côté style, ⚠️, encore 1 fois, ça peut surprendre et refroidir, mais nous ne sommes pas dans un roman. L'auteur historien nous raconte son enquête, ses bonnes et mauvaises pistes, ses interrogations, ses suppositions, ses ressentis, les zones d'ombres qu'il essaye de combler grâce à ses connaissances. Il y a beaucoup d'extraits des différents livres, interviews de Primo. Grâce à tous ses petits cailloux laissés, il nous dévoile la vie de Lorenzo, presque grâce aux yeux et la reconnaissance éternelle de Primo.

Mais malgré ce style qui peut paraître rébarbatif dit comme ça, j'ai eu la gorge serrée très souvent. L'auteur sait nous retransmettre ses propes émotions, et on sent que ce duo indissociable fait presque partie de sa vie tellement son travail de recherche est enormissime.

Merci à cet auteur de mettre en avant, de rendre hommage à cet homme qui a failli être oublié par l'Histoire.
"Qui sauve une vie sauve le monde entier".

📚En conclusion, plus qu'une biographie ou un simple livre historique, cette lecture est une plongée dans les écrits et déclarations de Primo Levi pour découvrir son sauveur, son st, Lorrenzo Perrone.

Primo Levi a écrit, dans Si c'est un homme : " Je dois à Lorenzo d'être en vie aujourd'hui".

L'auteur, Carlo Greppi, historien, s'est mis en quête de ce Lorenzo. Lorenzo Perrone. Le Yad Vashem l'a reconnu comme Juste parmi les Nations en 1998. Leur rencontre a lieu durant l'été 1944 à Auschwitz. Lorenzo, maçon, aide le déporté Primo. Malgré les risques, il lui fournit chaque jour le reste de sa gamelle. Il lui donne aussi un de ses chandails rapiécés et fait parvenir du courrier à sa famille. L'humanité au coeur des ténèbres.

D'emblée, Lorenzo est décrit comme un homme simple, sans beaucoup d'instruction. Un homme qui, comme son père, se passe de mots. Difficile donc de savoir qui il est. Difficile même de savoir à quoi il ressemble : même après avoir cherché, les photos sont peu nombreuses.

Primo Levi lui rend hommage dans certaines de ses oeuvres, il nomme ses enfants Lisa Lorenza et Renzo. Il fait tout ce qu'il peut pour l'aider au sortir de la guerre. Lorenzo sombre dans l'alcool pour oublier ce qu'il a vu à Auschwitz.

Carlo Greppi tend à faire revivre cet homme. D'abord et surtout à travers sa relation avec Primo Levi. Chaque parole, chaque geste est analysé, d'autres sont pressentis. Pour Lorenzo, le travail a de la valeur alors l'auteur creuse aussi ses activités professionnelles. Puis ses relations familiales et amicales. L'essentiel est de comprendre qui est Lorenzo. Pourquoi il a aidé Primo Levi. Pourquoi de cette façon-là, sans attendre rien en retour.

L'ensemble de l'ouvrage est ponctué de nombreux passages de l'œuvre de Primo Levi et d'analyses de spécialistes de son oeuvre, de biographes. Il faut que le lecteur saisisse les traces laissées par le geste de Lorenzo, par la survie de Primo.