Les enfants du large

"Parfois, on est amené à payer les dettes du passé sans le savoir". C'est peut-être pour solder ces dettes lourdes à porter qu'à la trentaine Virginia Tangvald entreprend de reconstituer l'itinéraire de son père, Per Tangvald, un célèbre navigateur norvégien retrouvé mort avec sa fille au large de Porto Rico alors qu'elle même était encore une jeune enfant. Un père qu'elle n'a quasiment pas connu, fantasque et insaisissable, "le marin le plus triste au monde", un des derniers survivants de cette génération de navigateurs en quête d'une expérience individuelle profonde, prêts à mettre en danger leur vie pour la trouver. Mais Per ne mit pas seulement sa vie en danger mais bien celle de toute sa famille. Deux de ses épouses périront en mer dans des circonstances troubles, sa fille ainée mourra avec lui et son fils, seul rescapé du naufrage, portera sa vie durant les stigmates de ce traumatisme.
En commençant ce livre je ne m'attendais pas à ce qu'il soit un récit d'autofiction et j'ai eu un peu de mal à y rentrer. Mais bien vite j'ai été aimantée dans un jeu d'attraction répulsion pour ce personnage hors du commun, peu sympathique et louche dont on pressent très tôt à travers les témoignages que Virginia récolte que sa triste fin était prévisible. Pas facile pour l'autrice de se construire sur tant de drames, tant de zones d'ombres, et on est pris d'empathie pour elle dans cette quête tragique pour essayer de comprendre l'incompréhensible. Tout comme le besoin de savoir l'a mise sur la voie de l'apaisement on souhaite pour elle que l'acte d'écriture lui apportera de la sérénité.
Un texte fort, un récit qui ne laisse pas indifférent

Virginia Tangvald vit avec sa mère à Toronto. Cette dernière lui annonce un soir la disparition en mer de son père, Peter Tangvald, et de sa sœur Carmen. Son frère Thomas a survécu.
A 20 ans, elle va retrouver Thomas et se lance dans une enquête qui lui permettra de mieux connaître ce père trop tôt disparu. De l'île Bonaire à Porto Rico, Virginia va se confronter à la légende de ce navigateur hors pair, mais aussi à son côté plus sombre...

Mon avis est un peu mitigé. J'ai beaucoup aimé l'effet produit par le premier chapitre, qui commence avec des enfants qui jouent gaiement sur une plage et se termine de façon abrupte par la découverte du corps de Carmen sur le rivage. Entre les deux, de plus en plus d'indices lexicaux qui laissent présager le changement d'ambiance. Le ton est donné, et le lecteur douché.
Malheureusement, la suite m'a un peu déçue. J'ai eu du mal à me repérer dans la chronologie des différents événements, dans la succession des (nombreuses) épouses de Peter Tangvald. De même, si Youssef apporte une petite touche de légèreté bienvenue, je n'ai pas bien compris l'importance de Jean dans la quête de l'autrice. Malgré tout, certains aspects m'ont intéressée, notamment la similitude des destins et des caractères de Peter et de son fils Thomas, et l'incertitude, le sentiment de malaise diffus qui entourent les circonstances du naufrage.

De Peter Tangvald, cet aventurier des mers, le grand public ne connaît pas grand-chose, et c’était aussi le cas pour sa fille Virginia que sa mère avait emmené loin de lui lorsqu’elle était très jeune.

Afin d’en savoir plus, et reconstituer la vie de son père, elle s’est plongée dans une folle aventure qui allait la mener de l’île de Bonaire dans la mer des Caraïbes, à la Norvège en passant par Porto Rico et le Canada.

De rencontres en rencontres, de découvertes de lettres en articles de presse, l’autrice va se faire une opinion plus concrète sur son père dont la vie est entourée de mystère et de secrets. Son avis sera-t-il positif ou non, ça, je vous le laisserais découvrir par vous-même.

Sa vie personnelle de couple mouvementée, celle de son frère qui a eu du mal à grandir normalement et qui est mort lui aussi en mer, ou encore les zones d’ombres autour du décès de deux des épouses de Peter, Virginia ne cache rien et va au plus profond des choses.

Elle nous emmène avec elle dans sa quête de vérité et de connaissance sans fard, ni jolies tournures de phrases qui n’auraient pas leurs places. Le texte est direct, précis, et tellement vivant qu’on oublie qu’il s’agit de la vraie vie d’une famille et non pas d’une enquête policière fictive.

Et si une biographie familiale ne vous attire pas spécialement, lisez le livre pour l’aventure, les révélations et les paysages, vous voyagerez durant toute la lecture.

Ce roman parfois triste, parfois fascinant, c'est le récit d'une douloureuse quête d'identité d'une femme confontée à la mort, au deuil, à l'inconnu d'une perte inexpliquée. Perte qui n'est pas uniquement celle d'un bateau explosé et de son capitaine dans une mer déchaînée. Mais perte de l'image familiale qui aurait pu être rassurante. IAinsi, dans ce premier roman, il y a la figure centrale du père tout-puissant et celle de personnages secondaires qui ont tout à jouer dans cette histoire mais n'ont peut-être pas l'espace qui le permet.
Quête impossible ...

Lorsque j’ai plongé dans Les enfants du large de Virginia Tangvald, j’ai été immédiatement happée par cette quête de vérité familiale. L’histoire de Virginia, cherchant à comprendre son père, cet aventurier insaisissable, m’a profondément touchée. La manière dont elle exhume les souvenirs et tente de percer les mystères d’un père qui a choisi la mer plutôt que des attaches terrestres est bouleversante. Ce récit va au-delà d’une simple enquête sur un passé tumultueux; c’est une odyssée intérieure. Chaque découverte est ainsi plus douloureuse que la précédente.

Les personnages de ce roman sont marqués par la mer et l’absence. Peter Tangvald, le père de Virginia, est décrit comme une figure presque mythique. C’est en effet une force de la nature dont la quête de liberté a coûté la vie à de nombreux proches. J’ai été captivée par la complexité de ce personnage, à la fois fascinant et destructeur. Virginia, l’héroïne, cherche désespérément à comprendre d’où elle vient pour pouvoir avancer dans la vie. Cependant, certains personnages, comme Jean, m’ont laissée perplexe. J’ai eu du mal à comprendre leur rôle dans l’histoire.

L’écriture de Virginia Tangvald est un véritable enchantement. Sa plume poétique, presque lyrique, capture la beauté et la violence de la mer, ainsi que la douleur de l’absence. Chaque mot semble pesé, chaque phrase résonne comme une vague qui s’écrase sur le rivage. Toutefois, cette richesse stylistique a parfois alourdi ma lecture, rendant l’intrigue et la succession des événements difficiles à suivre. Et la chronologie des événements m’a parfois semblé confuse, ce qui a compliqué ma lecture par moments. Malgré tout, ce roman autobiographique se lit tout seul et nous emmène dans un voyage poétique.

Malgré quelques moments de confusion, ce roman se distingue par la force de ses thèmes et la beauté de son écriture. Ce roman, sans aucun doute, restera gravé dans ma mémoire.

⭐⭐⭐⭐

Les enfants du large par Virginia Tangvald
JC Lattès
Dans le monde de la navigation, Per Tangvald avait une petite réputation, celle d’un homme libre ou, tout du moins, qui croyait l’être. Ce norvégien, fou de navigation faisait partie de cette génération d’aventuriers qui prenait la mer comme on prend la bicyclette pour faire le tour du pâté de maison, rien de plus qu’une carte et qu’une boussole.
Ainsi, tel Ulysse, il pérégrinait au large des océans, sans tenir compte du danger. Bien vite, une aura sulfureuse va coller à Per et quand deux de ses épouses vont subitement périr en mer, l’image d’Ulysse va s’écorner et céder la place à celle de Barbe bleue.
« Le loup s’enfuit et court toujours » ainsi qu’il aimait à signer ses lettres.
La maman de Virginia, Florence a quitté le navigateur avec la petite fille, pressentant la catastrophe et quand le naufrage où le navigateur perdra la vie, celle de Carmen son autre petite fille et blessera Thomas le frère ainé, elle ne cessera de se tourmenter. Aurait-il pu en être autrement, au moins pour Carmen ?
Vient toujours le moment où le passé nous convoque. A vingt ans Virginia décide de remonter les traces de ce père insaisissable, elle rencontre Thomas, son grand frère, abîmé par les souvenirs, toujours sur la brèche, déjà un peu en dehors du monde des vivants. Puis elle va remonter les pistes, trouver ceux qui ont connus, accompagnés, aimés ou détestés son père. Une personnalité trouble se dégage du loup des mers.
Elle va toucher du doigt le mystère de la mort de son père, suicide ou imprudence, remonter l’histoire jusqu’à l’origine, avec le grand père Thor, déjà un personnage et réussir à aller de l’avant.
Lorsque j’ai entendu Virginia T. raconter son histoire dans la Grande Librairie, je n’arrivais pas à décider si cette jeune femme m’inspirait de la fragilité ou du courage, de la compassion certainement. C’est en tout cas une histoire familiale déroutante et une aventure incroyable, aussi addictive qu’un thriller que la réalité aurait rattrapé.